jeudi 31 juillet 2008

Les Jeudis d'Edgar - 05 - L'évadé du paradigme

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Chaque jeudi je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, ce nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.

Pour ce cinquième jeudi consacré à l'auteur de La Méthode, je viens citer la première page du premier tome intitulé La Nature de la Nature, publié en 1977. En relisant ce livre plus de 30 ans après sa publication, j'ai eu envie de mettre au défi n'importe quel sympathisant ou adhérent au MoDem, peut-être même toute personne engagée politiquement, de ne pas s'y reconnaître.


L'évadé du paradigme

Je suis de plus en plus convaincu que les problèmes dont l'urgence nous accroche à l'actualité exigent que nous nous en arrachions pour les considérer en leur fond.

Je suis de plus en plus convaincu que nos principes de connaissances occultent ce qu'il est désormais vital de connaître.



Je suis de plus en plus convaincu que la relation science-idéologie-politique demeure, quand elle n'est pas invisible, traitée de façon indigente, par la résorption, dans un terme devenu maître, des deux autres.


Je suis de plus en plus convaincu que les concepts dont nous nous servons pour concevoir notre société - toute société - sont mutilés et débouchent sur des actions inévitablement mutilantes.


Je suis de plus en plus convaincu que la science anthropo-sociale a besoin de s'articuler sur la science de la nature, et que cette articulation requiert une réorganisation de la structure même du savoir.


Mais l'ampleur encyclopédique et la radicalité abyssale de ces problèmes inhibent et découragent, et ainsi la conscience même de leur importance contribue à nous en détourner. En ce qui me concerne, il m'a fallu des circonstances et des conditions exceptionnelles pour que je passe de la conviction à l'action, c'est-à-dire au travail.

Je suis toujours étonné de voir, au travers de la gravité d'Edgar Morin comme du comique de Michel Serrault, à quel point 30 ans d'histoire n'ont rien changé au constat que l'on peut faire sur l'état de l'homme, de la société ou de monde. Le constat est simplement sans doute plus cinglant aujourd'hui, l'urgence se concrétise.

Ma lecture de la situation du MoDem est que nous avons, depuis plus d'un an, vécu les circonstances et conditions exceptionnelles qui nous ont permis d'écrire la première page de notre oeuvre, celle du constat. Celle qui nous renvoie l'ampleur de notre ambition. Celle qui nous permet de nous opposer, avec crédibilité, à ceux qui nous semblent aggraver la situation. En relisant ce bille je regrette d'ailleurs ne pas avoir débuté cette série des Jeudis d'Edgar par cette citation.

Pour passer du constat, de la conviction et de l'opposition à l'action, la proposition et la construction, il nous faut écrire les milliers de pages suivantes. Il s'agit de définir notre réforme de l'action politique afin de faire du MoDem - seule alternative aux partis existants qui ordonnent, asservissent, manipulent et dirigent - le mouvement qui organise, associe, communique et anime.


Pour lire ou relire les épisodes précédents, c'est par ici:

Les Jeudis d'Edgar - 01 - Le problème d'une démocratie cognitive


Les Jeudis d'Edgar - 02 - Appel pour les biens communs


Les Jeudis d'Edgar - 03 - Travailler à "bien penser"

Les Jeudis d'Edgar - 04 - Retour aux sources


Aurélien
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mercredi 30 juillet 2008

La Chine décomplexée

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Le Monde révèle par cette dépêche AFP l'intention du Comité Olympique chinois d'offrir aux journalistes un accès internet "suffisant" à l'exercice de leur profession pendant les JO. Une décision contraire à la promesse de ce même comité de donner un accès total à Internet permettant une réelle transparence.

Mais les promesses de la Chine décomplexée n'engagent que ceux qui y croient...

Les journalistes travaillant dans le principal centre réservé à la presse pendant les JO se sont plaints de ne pas pouvoir accéder aux sites de l'organisation Amnesty International, la BBC, la radio allemande Deutsche Welle, les journaux de Hong-Kong, Apple Daily, et de Taïwan, Liberty Times.

Le CIO promet de "prendre l'affaire au sérieux" - ce qui est en soi un aveu du manque d'autorité sur tant d'autres sujets - mais après avoir tout cédé aux autorités chinoises on imagine mal des sanctions tomber deux semaines avant le début des Jeux Olympiques.

Devant le fait accompli, l'aveu d'impuissance vient quasiment dans le même souffle que l'indignation. La solution n'existe pas. Jeu, set et match. La Chine est médaille d'or par forfait. Autant tourner la page dès aujourd'hui.

Il sera intéressant de voir si certains médias auront le courage de prendre leurs propres mesures en protestation, si le Président Sarkozy reviendra sur sa décision d'assister à la cérémonie d'ouverture, ou si le Dalaï Lama pourra planter sa tente devant les plus beaux bâtiments de Paris pendant toute une semaine.

Vivement Londres 2012 que l'on retrouve cette fraîcheur, cet enthousiasme et cet esprit de communion internationale, aussi symbolique soit-il, dont la Chine aura privé le Monde.

Vivement la chute de cette dictature qui, profitant de la naïveté du monde libre pris à son propre piège consumériste, prive chaque jour un quart de l'humanité de liberté. Qu'on le veuille ou non.

L'essentiel est-il seulement de participer?


Aurélien

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mardi 29 juillet 2008

La gueule de l'autre

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Michel Serrault nous quittait il y a un an, jour pour jour... En sa mémoire autant pleurer de rire. Voici donc deux extraits du film "La gueule de l'autre", de Pierre Tchernia, dans lequel Serrault incarnait un homme politique et son cousin sosie, acteur raté, engagé comme doublure suite à l'évasion d'un tueur.





La gueule de l'autre - le débat
envoyé par daniel-c

Étonnant comme la satyre reste encore pertinente aujourd'hui. "C'est mois après mois que nous gagnerons la bataille du pouvoir d'achat"...


Aurélien
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lundi 28 juillet 2008

Bernard Tapie emporte la mise

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Le CDR n'a en effet pas souhaité un recours... Ce n'est pas une surprise mais ça reste un scandale:

L'indemnisation devient donc définitive. Elle est susceptible de s'élever à environ 400 millions d'euros à la rentrée lorsqu'auront été calculés les intérêts courant depuis l'origine de l'affaire, en 1994.


Pour ceux qui se demandent encore pourquoi Nicolas Sarkozy aurait pu vouloir faire pression sur Bercy pour régler l'affaire au plus vite par l'intermédiaire d'un tribunal arbitral, inhabituel pour une affaire qui concerne l'argent du contribuable, on peut regarder dans deux ou trois directions.



1 - Bernard Tapie a soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy à la Présidentielle.

2 - Les enfants Tapie et Sarkozy sont liés d'amitiés. Jean Sarkozy, avant de se lancer en politique, envisageait sérieusement une carrière de comédien, au point d'être annoncé à l'affiche dans la pièce Oscar aux côtés de Sophie Tapie.

3 - Bernard Tapie a reconnue une amitié avec Brice Hortefeux, Ministre de l'immigration, fidèle de Nicolas Sarkozy et parrain d'un de ses fils. Une amitié née en 1994 lorsque le clan Balladur se rapproche discrètement de Bernard Tapie pour contrer une éventuelle candidature de Jacques Delors aux élections présidentielles de 1995. C'est d'ailleurs seulement après le désistement de ce dernier que la liquidation judiciaire de Bernard Tapie sera prononcée, après un retard inexpliqué...

La 3e raison m'interpelle quant au futur de Bernard Tapie. Et si cette remise à flot n'était que le début d'un marchandage? Et si dans quelques mois Tapie se présentait comme le rassembleur des radicaux, de Bailey à Borloo? Je sais bien que le principal intéressé a juré plus d'une fois qu'il ne ferait plus jamais de politique, mais il ne serait pas non plus obligé de sortir de l'ombre. Un parti radical unifié serait un nouvel outil pour miner encore un peu plus les efforts du MoDem pour émerger et du PS pour se reconstruire. Et ce n'est pas comme si Nicolas Sarkozy n'avait jamais tiré ce genre de plan...


Aurélien
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vendredi 25 juillet 2008

La prophétie Mazeaud


Aux amateurs des pires théories conspirationnistes: voici une archive de l'INA qui ne manquera pas de vous passionner.

Elle date du 28 juin 1994. Ce jour là l'Assemblée Nationale votait la levée de l'immunité parlementaire de Bernard Tapie pour abus de biens sociaux dans l'affaire du Phocea. On y voit les réactions de plusieurs élus de tous bords. Pour le RPR, c'est le député et Président de la Commission des Lois Pierre Mazeaud qui est interrogé. Voici la fin de sa déclaration:

En politique, il y a des personnes qui ont donné l'exemple de rebondir. Rien n'exclut qu'il puisse rebondir un jour.



Il ne pensait probablement pas si bien dire, ni se retrouver un jour à l'initiative du dit rebond.

En effet, 14 ans plus tard, presque jour pour jour, Pierre Mazeaud, qui fut entre temps Président du Conseil Constitutionnel, fait partie des trois magistrats du tribunal arbitral qui donne raison à Bernard Tapie contre l'État dans l'affaire de la vente d'Adidas au Crédit Lyonnais. Il empoche au passage 300 000 euros d'indemnités.

Un État bien passif qui, gagnant en cassation, aura abandonné cet avantage pour un arbitrage privé et opaque, une procédure sans précédent concernant l'argent public...


Aurélien
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La concurrence oui! Mais non...

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Voici une citation de Nicolas Sarkozy démontrant l'importance qu'il accorde à la concurrence:

L’économie libérale a besoin de régulation, de normes, de contraintes, comme le droit du travail, le salaire minimum, le droit syndical et les règles de représentation des salariés, le droit des consommateurs, le droit de la concurrence, pour être au service de l’homme et non pas l’inverse.

C'est une conception de l'économie qu'il confirme, par exemple, par son ambition d'obliger les enseignes d'hypermarchés à plus de concurrence. Fin juin il défendait une "vraie concurrence au service des consommateurs".


On s'étonnera donc de son hostilité concernant l'octroi d'une licence 3G à un quatrième opérateur de téléphonie mobile, à priori Free. Un quatrième acteur sur ce marché, qui plus est de la trempe de Free, permettrait de faire baisser radicalement les prix. Au lieu de cela les 3 opérateurs existants (Bouygues Telecom, SFR et Orange) risquent fort de poursuivre leur entente cordiale au détriment du portefeuille du consommateur.

En protestation
Free, par l'intermédiaire de son fondateur Xavier Niel, menace de mettre tout son poids dans la bataille contre la Loi anti-piratage (Hadopi). C'est là que l'affaire devient croustillante puisqu'à l'origine de cette loi se trouve Janelly Fourtou, euro-députée et épouse à la ville de Jean-René Fourtou, lui-même président du conseil d'administration de Vivendi, dont SFR est une filiale. J'en parlais déjà dans une note sur les cumulards du CAC40 révélant quelques conflits d'intérêts.

Quand on ajoute à cela les déclarations de Martin Bougues, meilleur ami du Président de la République et grand patron de Bouygues Telecom, au sujet de la quatrième licence 3G et rapportées par le Canard Enchaîné: "Je me suis acheté un château, ce n'est pas pour laisser les romanichels venir sur les pelouses", on mesure l'ampleur du combat dans lequel les "roms" de Free se sont engagés.

Quant à Orange, le Directeur Général Jean-Noël Tronc déclarait dès 2006 préférer partager cette 4e licence entre les opérateurs existant. C'est d'ailleurs l'option la plus vraisemblable. Ainsi Free récupérerait au mieux quelques miettes qu'il devrait négocier au prix fort avec les Orange, Bouygues ou SFR, ce qui entraînerait une incapacité à faire jouer une vraie concurrence pour baisser les prix.

Free se retrouve donc dans l'impossibilité d'apporter une concurrence qui ne pourrait que bénéficier aux consommateurs, ce qui semble effrayer terriblement les acteurs en place. Pour preuve l'instrumentalisation de cette concurrence par la majorité parlementaire et son chef de file Jean-François Copé, qui menaçait récemment d'ouvrir la 4e licence en cas d'augmentation des tarifs des opérateurs de téléphonie mobile pour répercuter la nouvelle "taxe télé".

Pourtant en plus d'une concurrence stimulée, l'entrée à part entière sur le marché d'un 4e opérateur rapporterait à l'État quelques 620 millions d'euros plus 1% du chiffre d'affaires annuel généré par les services 3G du nouveau venu.

En attendant le dénouement à la fin du mois septembre 2008, nous ne pouvons, impatients que nous sommes, qu'appeler le gouvernement à plus de cohérence et d'impartialité dans la lutte pour le pouvoir d'achat.


Aurélien
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jeudi 24 juillet 2008

57%: Travailler moins pour gagner moins

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Le Conseil d'Analyse Économique, le CAE, vient de remettre à Éric Besson et Martin Hirsch un rapport sur le SMIC et les bas revenus. Un rapport qui s'annonce explosif en ces temps de pouvoir d'achat restreint puisque le SMIC y est jugé trop élevé... Ce n'est cependant qu'un rapport et j'attendrai de voir les projets de lois qui en découleront avant de soutenir ou combattre. D'autant que certaines préconisations sont intéressantes en terme de cohérence et d'efficacité mais aussi de justice, puisque les auteurs proposent d'ouvrir les droits aux minima sociaux aux adultes dès 18 ans, et non plus 25 ans comme aujourd'hui. À voir donc...



Ce qui a déclenché mon envie d'écrire cette courte note c'est la découverte, au fil de quelques recherches sur le site du CAE, d'un sondage utilisé comme référence à la page 27 d'un rapport datant du 30 août 2007 intitulé Temps de travail, revenu et emploi. Ce sondage CSA, datant de décembre 2006, en pleine campagne présidentielle donc, indique que 57% des français préféraient gagner moins d'argent mais avoir plus de temps libre. Seulement 40% des français préféraient plus d'argent pour moins de temps libre, une proportion qui tombe à seulement 27% chez les cadres qui sont en train de dire adieu à leurs jours fériés et RTT. Même parmi les électeurs de droite, les partisans de plus d'argent contre moins de temps libre ne représentaient qu'une timide majorité de 51%.

Ceci démontre l'immense travail de communication, pour ne pas dire désinformation, effectué par l'équipe du candidat Sarkozy entre janvier et mai 2007 pour en faire le candidat du pouvoir d'achat, notamment auprès de la classe ouvrière. Évidemment à la fin août 2007, encore en plein état de grâce présidentielle, il aurait été déplacé de la part des médias de rapporter ce sondage en contradiction totale avec le slogan "Travailler plus pour gagner plus"... Et puis rappelons qu'à l'époque l'institut de sondage CSA appartenait à 40% à Vincent "je prête mon yacht au Président" Bolloré, qui en a récemment acquis les 60% restant.

À lire ou relire sur ce blog: Pour en finir avec la désinformation.


Aurélien
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Les Jeudis d'Edgar - 04 - Retour aux sources

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Chaque jeudi je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, un nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.


Pour ce quatrième rendez-vous, une simple citation de l'auteur d'"Amour, poésie, sagesse":

La vraie nouveauté naît toujours dans le retour aux sources.




Par "retour aux sources" j'entends "retour aux fondamentaux". C'est d'un tel retour dont la France, notamment dans sa vie et son action politiques a besoin. Et c'est probablement sur cette conception de la nouveauté que naît l'opposition frontale entre les projets de sociétés respectifs de Nicolas Sarkozy et François Bayrou.



Le premier, selon ses propres mots, est dans la rupture avec le passé, au point, souvent, de l'ignorer. Pour être novateur il s'interdit de ressembler à ses prédécesseurs ou même de reconnaître la porté de leur œuvre dans le monde présent et futur. C'est une approche qui n'est viable que si l'on a droit à l'erreur, ce qui est sans doute le cas pour les artistes ou les chercheurs. Pour un Président de la République, en revanche, qui est garant des fondamentaux de la nation et de son unité, le droit à l'erreur n'existe pas ; encore moins lorsqu'il se veut au centre de toutes les décisions dans un contexte sombre et tendu. C'est aussi une approche qui met en avant ce qui différencie, ce qui oppose les uns aux autres, le camp contre camp.

Le second, en revanche, s'inscrit plutôt dans une révolution tranquille, prônant devant l'urgence de la situation un rassemblement des bonnes volontés autour de valeurs communes essentielles aussi bien d'un point de vue historique que traditionnel. D'où l'importance donnée, dans son projet présidentiel et dans les valeurs du Mouvement Démocrate, à la responsabilité citoyenne, aux institutions ainsi qu'à l'éducation. De plus François Bayrou cite souvent ses prédécesseurs, souvent les plus illustres, et se réfère sans vergogne à Mitterrand comme à De Gaulle, à Chirac comme à Giscard. Le fait est qu'ils ont existé, exercé les plus hautes fonctions et que leurs bilans respectifs ne sont ni tout noir ni tout blanc. C'est une approche qui met en avant ce qui relie et rassemble.

Ainsi avant même d'évoquer les idées, c'est la conception même de la société et de la politique qui opposent François Bayrou et Nicolas Sarkozy. Je pense que bon nombre de sympathisants et adhérents MoDem le savent déjà et trouvent là la justification de l'indépendance du MoDem. J'en suis moins sûr quand il s'agit des élus, notamment ceux qui appartiennent au Bureau Exécutif et qui ont encore du mal à couper le cordon avec cette droite qui n'existe plus puisque Nicolas Sarkozy ne veut surtout plus l'incarner et va même jusqu'à en détruire l'héritage.

Il faut apprendre, pour boucler la boucle et revenir à Edgar Morin, à ne pas perdre l'essentiel pour l'urgent, sous peine de ne pas réaliser l'urgence de l'essentiel, c'est à dire d'oublier ces fondamentaux indispensables à toute créativité.


Pour lire ou relire les épisodes précédents, c'est par ici:

Les Jeudis d'Edgar - 01 - Le problème d'une démocratie cognitive


Les Jeudis d'Edgar - 02 - Appel pour les biens communs


Les Jeudis d'Edgar - 03 - Travailler à "bien penser"


Aurélien
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mercredi 23 juillet 2008

Crise socialiste, crise nationale?

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Jack Lang dézingué. Sa participation au projet de réforme des institutions et son vote contraire à la consigne du parti l'exposent aux critiques les plus sévères de ses "camarades".

Même si je suis en désaccord avec Jack Lang sur la réforme des institutions, je comprends son vote et ne saurait lui reprocher d'avoir trahi qui que ce soit. La Constitution n'appartient pas à un camp et on peut aspirer à un régime plus présidentiel même en étant de gauche. Mais la réaction des socialistes n'est pas étonnante quand on jette un œil sur les statuts du PS, comme l'a fait Nick Carraway:

Art. 9.6 — Les membres du groupe socialiste au parlement acceptent les règles internes du Parti et se conforment à sa tactique. En toutes circonstances, ils doivent respecter la règle de l’unité de vote de leur groupe. En cas d’infraction à cette règle, le Conseil national peut faire jouer les dispositions prévues à l’article 11.12. Les membres de la délégation socialiste française au parlement européen sont soumis aux mêmes dispositions.

Étrange conception de la Démocratie que celle qui veut ainsi aligner les représentants du peuple.




Arnaud Montebourg rétrogradé. Pour avoir osé se présenter face à Jean-Marc Ayrault pour la tête du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, le député de Saône-et-Loire en perd la vice-présidence pour une "petite" vice-présidence thématique: la justice ; encore heureux, c'est son domaine.

Selon moi Arnaud Montebourg, qui ne m'a pas toujours convaincu, est le député de l'opposition qui a le mieux saisi les vrais enjeux et dangers de cette réforme des institutions. Il s'est comporté avec honnêteté lors des débats parlementaires. Il sait faire la différence, contrairement à de trop nombreux élus de tous bords, entre un mandat et un métier. Il est inquiétant de le voir sanctionné pour avoir osé présenter une alternative aux députés socialistes.


Quatre Mousquetaires désorientés. Ils ont voté contre mais s'en confessent aussitôt dans une tribune d'un des plus grands quotidiens nationaux. Manuel Valls, Gaëtan Gorce, Christophe Caresche et Jean-Marie Le Guen dénoncent l' "anti-Sarkozysme pavlovien" de leur parti.

De qui se moquent-ils? Je cite Manuel Valls lors d'une de ses interventions lors du débat sur la réforme des institutions à l'Assemblée Nationale, en deuxième lecture:

"Aujourd'hui hélas, le compte n'y est pas et une chance historique risque de tourner en un lamentable gâchis. Le Gouvernement et la majorité en porteront seuls la redoutable responsabilité. À l'occasion de la première lecture à l'Assemblée, vous auriez dû prendre, avec nous, des engagements suffisamment forts pour qu'ils puissent s'imposer au Sénat conservateur. Vous ne l’avez pas fait, c’est votre responsabilité."

La question se pose: pourquoi cette tribune dans Le Monde? Si ces quatre députés, M. Valls en tête, ont une quelconque cohérence, des convictions et des valeurs qu'ils les démontrent ou qu'ils se taisent.


Delanoë "inspiré". Alors que personne ne sait ni ce qu'il aurait voté au congrès de Versailles, ni ce qu'il pensait de la réforme (pour bon nombre d'élu la cohérence entre les deux n'est pas systématique...), le maire de Paris, se pose en rassembleur en vue du Congrès de Reims.

J'y vois une hypocrisie lamentable, un opportunisme flagrant et déplacé.

Voici donc en l'espace de deux jours les principaux remous du Parti Socialiste, principale force d'opposition du pays. Quand on y ajoute les luttes internes en vue du prochain rendez-vous rémois, les plaies toujours vives sur le projet européen, les tensions nées de l'ouverture gouvernementale ou encore les perturbations permanentes dues au phénomène Ségolène Royal, le tout dans un flou idéologique étourdissant, l'état des lieux est catastrophique.


La situation est si grave qu'elle en devient inquiétante non seulement pour ce parti lui-même en vue de batailles électorales futures, mais aussi et surtout pour la France dans sa vie politique présente. Si le PS a encore du temps pour préparer les prochaines échéances de 2009 et 2012, même si le compte à rebours est lancé, il est malgré tout aujourd'hui le premier parti de France en nombre d'élus locaux, il dirige une majorité écrasante de régions et la plupart des départements et grandes villes de France. Au pouvoir sans vision, sans orientation, sans projet.

La France se retrouve ainsi prisonnière entre, à l'échelle nationale, un pouvoir sarkoziste extrêment déterminé, progressant à un rythme effréné, presque violent, et à l'échelle locale un pouvoir socialiste tiraillé en interne, sans identité claire.

Alors une troisième voie? Même en étant engagé et optimiste, je ne peux que constater que le MoDem est encore bien trop jeune et lui-même bridé par ses propres incohérences pour prétendre représenter aujourd'hui une quelconque alternative.

Sans cette alternative, sans contre-pouvoir fonctionnel, comment le citoyen peut-il espérer s'y retrouver?


Aurélien
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mardi 22 juillet 2008

C'est beau une ville la nuit...

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lundi 21 juillet 2008

Ça passe...


... et ça casse. Ce n'est plus la rupture mais la décomposition.

À une voix près, le Parlement a réuni la majorité requise des 3/5e pour décider de tirer une balle dans le pied de notre Démocratie, déjà boiteuse, en se sabordant encore un peu plus.

Vivent les parlementaires qui deviennent ministres puis retrouvent automatiquement leurs sièges parlementaires.

Vivent les gouvernements de pantins et de fusibles.



Vive la limitation du droit d'amendement.

Vive l'intervention du Président de la République devant les élus sans droit de réponse.

Vive le scrutin majoritaire, surtout que la représentation nationale reste toujours aussi injuste.

Vive le Sénat qui ne connaîtra jamais l'alternance.

Vive le référendum impossible.

Vivent la dépendance des médias vis à vis du pouvoir et la désinformation.

Vivent Jack Lang, Alain Lambert et Bernard Debré qui ont préféré sacrifier l'intérêt général au nom de leur égo, de leur affection pour Nicolas Sarkozy ou de la carrière de leur héros.


Les mots justes sont venus, une fois n'est pas coutume, d'Arnaud Montebourg: "Cette réforme est à mes yeux une scandaleuse et triste occasion manquée pour notre pays."


Aurélien
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dimanche 13 juillet 2008

Du bord de ma fenêtre... en vacances


Ce blog va tourner au ralenti quelques jours...

Il n'y aura pas de nouvelle note, peut-être quelques photos prises au cours d'une petite excursion dont vous ne devinerez jamais la destination.

En attendant un retour en force d'ici une grosse semaine, restez vigilants, gardez les oreilles attentives, les yeux et les esprits ouverts... Et prenez soin de vous!

À très bientôt,

Aurélien

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vendredi 11 juillet 2008

Le comble de la realpolitik?

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L'administration Bush se retrouve sous le feu des critiques suite à la révélation par l'Associated Press, reprise par des parlementaires, dont Barack Obama que la polémique devrait servir positivement, sur non seulement l'existence de liens commerciaux entre les Etats-Unis et l'Iran, mais l'explosion de ceux-ci au cours des 8 années de mandats de G.W. Bush, alors même que le Président américain n'aura eu de cesse de placer l'Iran sur l'"Axe de Mal". De 8 millions de dollars en 2001, la valeur des exportations des U.S.A. vers l'Iran atteignait 146 millions de dollars en 2007, pour un total de 546 millions de dollars.


Extraits de l'article des Affaires:

"Parmi les produits exportés figurent notamment des cigarettes, du sperme de taureaux, du maïs, du soja ou encore des médicaments. Un commerce autorisé par des exemptions aux sanctions commerciales américaines visant l'Iran.
[...]
M. Burns [Sous-secrétaire d'État au commerce, ndla] a répondu que les sanctions américaines visaient le régime, mais pas le peuple iranien, et que les livraisons américaines ne représentaient qu'une infime partie des importations de Téhéran. Il a également insisté sur "l'engagement" de l'administration Bush "à utiliser tous les outils diplomatiques" avec l'Iran, l'usage de la force n'étant envisagé qu'"en dernier recours", a-t-il ajouté."

Pour l'anecdote, cette polémique a poussé John McCain à commettre une bourde en affirmant, plein d'humour, que l'envoi de cigarettes en Iran pouvait être un "moyen de tuer" les Iraniens.

Il y a cependant un élément des plus subversifs, pour l'opinion américaine, lorsqu'on observe le détail des ces exportations. Il s'agit d'armes et d'équipements militaires pour un montant total de 148 000 dollars, principalement des fusils. La somme peut paraître dérisoire mais symboliquement, alors que les rumeurs d'une guerre imminente entre les deux pays se font toujours plus persistantes, ce détail est plus que troublant. L'explication donnée par le Trésor Américain - une simple erreur de typo puisque l'équipement aurait en réalité été livré en Irak - laisse d'ailleurs perplexe. D'autant que selon les données de ce ministère, 4 523 demandent de licence d'exportation vers l'Iran lui auraient été adressées, au moins 2 821 auraient été accordées et seulement 178 refusées.

L'administration Bush a-t-elle atteint ici le comble de la realpolitik? On peut dire que non. À l'échelle du commerce américain, les chiffres sont dérisoires et la grande majorité des produits ne porte pas à polémique. Par comparaison le volume des échanges commerciaux U.S.A. - Canada est mille fois supérieur. Politiquement et stratégiquement, nous sommes loin de la formation de futurs terroristes par la C.I.A., ou de la vente d'armes chimiques au futur ennemi numéro 1.

Et puis imaginons un seul instant qu'il s'agisse d'accords de coopération militaire et nucléaire passés avec des dictatures. Toutes les démocraties du monde refuseraient que leur principal dirigeant atteigne un tel comble de realpolitik. Toutes? Non, un village d'irréductibles gaulois résiste encore...


Aurélien
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jeudi 10 juillet 2008

Le Parlement (encore) humilié

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Le texte du projet de loi constitutionnelle pour la modernisation des institutions de la Ve République est actuellement débattu en deuxième lecture par les députés de l'Assemblée Nationale. L'un des objectifs officiels de cette réforme voulue par le Président de la République et engagée par la Commission Balladur est de renforcer le Parlement, de lui donner notamment plus de pouvoir de contrôle sur l'exécutif. Or, une proposition me semble aller dans la direction opposée, il s'agit du premier alinéa de l'article 10 du projet de loi.

Celui-ci prévoit d'inclure dans la Constitution le "remplacement temporaire en cas d'acceptation par eux de fonctions gouvernementales", "eux" étant les membres de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Le terme "temporaire" signifie qu'en cas de démission ou éviction du gouvernement, tout parlementaire devenu ministre retrouverait automatiquement son siège dans l'une où l'autre des deux assemblées.





D'après les comptes rendus des débats d'hier, plusieurs parlementaires de l'opposition comme de la majorité sont contre cette idée. Leurs arguments, exprimés par des personnalités aussi diverses qu'Hervé de Charette, Arnaud Montebourg ou Noël Mamère, sont les suivants:
  • Les ministres seraient moins contraints à la solidarité gouvernementale, puisque assurés de retrouver le confort parlementaire en cas de démission;
  • Cette automatisation des allers-retours du parlement au gouvernement favoriserait l'instabilité gouvernementale et la valse des ministères, ce que les fondateurs de la Ve République cherchaient justement à prévenir;
  • La tentation serait grande pour le pouvoir en place non seulement de sanctionner le manque de résultats, mais aussi de récompenser les courtisans puisque 6 mois d'exercice suffisent à un ministre pour avoir ce titre, et les indemnités correspondantes, à vie;
  • Le gouvernement serait fragilisé par rapport aux conseillers de l'Élysée. Au moindre "couac" ou contradiction avec le Président de la République les ministres seraient plus facilement remerciés;
  • En diminuant le pouvoir réel du gouvernement, cette disposition diminuerait de fait le pouvoir du parlement supposé le contrôler;
  • Le terme "temporaire" signifie également qu'un certain nombre de députés auraient ainsi un statut de remplaçant révocable contraire aux autres députés.

Face ces arguments percutants et lourds de sens, la commission des lois et le gouvernement, par l'intermédiaire du rapporteur et de la Garde des Sceaux Rachida Dati, n'opposent qu'un seul et même contre-argument choc: cette disposition éviterait de déranger les citoyens pour des élections législatives partielles! Selon la Ministre de la Justice "les électeurs ne comprennent pas pourquoi ils doivent de nouveau voter pour la même personne en cours de mandat". On se demande bien de quelle expérience ou étude d'opinion Rachida Dati tire cette "information" de poids, mais on commence à le savoir, pour le gouvernement en exercice les citoyens sont impatients et ne comprennent rien.

Sur cette seule idée, tous les amendements proposés par les députés de droite ou de gauche ont été rejetés, notamment par un scrutin public au cours duquel la majorité UMP aura voté en accord avec le texte proposé.

Comment y voir autre chose qu'une parodie de débat démocratique et de modernisation des institutions?

Comment en est-on arrivé à une situation où une majorité d'élus sabordent ainsi, sans raison valable, leur propre institution et pouvoir?


Il est devenu urgent de séparer en effet le pouvoir législatif du pouvoir exécutif en découplant les élections présidentielle et législatives, afin que les élus de la majorité ne soient pas redevables vis à vis d'un Président de la République faiseur de parlementaires robots. Il est temps, comme l'espère François Bayrou dans son entrevue publiée aujourd'hui dans le Figaro, que les démocrates de tous bords, de la gauche aux gaullistes, se ressaisissent.

Pourquoi, par exemple, ne pas faire en sorte qu'un mandat de député n'ait pas la même durée que le quinquennat présidentiel? Pourquoi, ce n'est qu'une suggestion, ne pas tenir les élections législatives à mi-mandat présidentiel?

Quoi qu'il en soit, je suggère à tous ceux qui partagent mon opinion d'interpeller leurs sénateurs sur cette question avant qu'ils ne débattent à leur tour de ce texte en deuxième lecture, afin de peser autant que possible pour un non-affaiblissement, sinon un renforcement, du Parlement. Bien que sans grandes illusions, je le ferai auprès de Christian Cointat qui défend les intérêts des expatriés français au Canada.


Aurélien
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Les Jeudis d'Edgar - 03 - Travailler à "bien penser"

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Chaque jeudi je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, un nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007. Voici le troisième épisode:

En opposition à ce qu'il nomme le "mal penser", qui cloisonne, compartimente, déshumanise, aveugle ou encore corrompt, Edgar Morin propose une liste de principes à appliquer pour travailler, car il s'agit effectivement d'un effort, peut-être d'une souffrance, voire d'un sacrifice, à "bien penser". Autrement dit s'exercer à la Pensée Complexe.



Tel qu'extrait d'Éthique, sixième volume de la Méthode, il s'agit de:
  • Relier, décloisonner les connaissances;

  • Abandonner le point de vue mutilé qui est celui des disciplines séparées et chercher une connaissance polydisciplinaire ou transdisciplinaire;

  • Suivre une méthode pour traiter les complexités;

  • Obéir à un principe qui enjoint à la fois de distinguer et de relier, reconnaître la multiplicité dans l’unité, l’unité dans la multiplicité;

  • Reconnaître les contextes et les complexes et permettre donc d’inscrire l’action morale dans l’écologie de l’action;

  • Ne pas perdre l'essentiel pour l'urgent, ne pas oublier l’urgence de l’essentiel;

  • Intégrer le calcul et la quantification parmi ses moyens de connaissance;

  • Concevoir une rationalité ouverte;

  • Reconnaître et affronter incertitudes et contradictions;

  • Concevoir la dialogique qui intègre et dépasse la logique classique;

  • Concevoir l’autonomie, l’individu, la notion de sujet, la conscience humaine;

  • Opérer ses diagnostics en tenant compte du contexte et de la relation local-global;

  • S’efforcer de concevoir les solidarités entre les éléments d’un tout, et par là tendre à susciter une conscience de solidarité. De même sa conception du sujet le rend capable de susciter une conscience de responsabilité; il incite donc à ressourcer et régénérer l’éthique;

  • Reconnaître les puissances d’aveuglement ou d’illusion de l’esprit humain, ce qui le conduit à lutter contre les déformations de la mémoire, les oublis sélectifs, la "self-deception", l’auto-justification, l’auto-aveuglement.



Ceci est en quelque sorte une ébauche de charte de la Pensée Complexe, mais aussi un code éthique. La complexité fondamentale à reconnaître et adresser est la complexité humaine: individu/société/espèce. Selon Edgar Morin "ces trois instances sont l'une en l'autre, l'une générant les autres, chacune fin et moyen des autres, et en même temps potentiellement antagonistes". Le "bien penser" ne fige pas l'humain, il est conscient du pire comme du meilleur en lui, de la prose et de la poésie, de l'un et du multiple. Il pousse alors à la compréhension par la reconnaissance des imprintings et normes culturels des individus, s'efforçant de prendre en compte les contextes historique et de civilisation.

Par cette compréhension humaine sociale et historique, on saisit également les conséquences néfastes, du point de vue éthique, du manichéisme, de l'indignation permanente, de la moraline qui culpabilise et déresponsabilise, de la déshumanisation haineuse qui sévit globalement à toutes les échelles de conflits. Tout ceci requiert de l'autodiscipline, pour ne pas y sombrer à son tour, et appelle à une vigilance éthique.

La Pensée Complexe intègre ainsi l'éthique à l'ère planétaire. Elle permet de prendre conscience de la solidarité et de la responsabilité humaines dans cette idée de destin commun, Edgar Morin dirait "Terre-Patrie", et de régénérer un humanisme.

Dans la contribution de François Bayrou soumise aux adhérents pour approbation d'une ligne politique démocrate et indépendante, le Président du Modem nous appelle à penser "ce projet humaniste que les citoyens attendent quand ils pensent à la France aussi bien qu'à l'avenir du monde". Selon moi, le "bien penser" décrit plus haut définit une stratégie fondamentale et cohérente en ce sens.



Pour lire ou relire les épisodes précédents, c'est par ici:

Les Jeudis d'Edgar - 01 - Le problème d'une démocratie cognitive


Les Jeudis d'Edgar - 02 - Appel pour les biens communs




Aurélien
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mercredi 9 juillet 2008

Au-delà des clans et des bigorneaux


Dans une stratégie de communication qui n'a rien à envier à celle du Président de la République, Ségolène Royal déclenche une polémique de plus autour de sa personne. Son appartement a une nouvelle fois été mis à sac il y a quelques jours et elle lie, en direct au 20h de France 2, l'événement à son statut auto proclamé d'opposante principale au "clan Sarkozy".

De tels propos sont étonnants à ce niveau de l'échiquier politique. Soit Ségolène Royal a en main des éléments sérieux pour étayer sa thèse, et dans ce cas pourquoi ne pas saisir la justice, soit ses hypothèses ne reposent que sur des coïncidences, par ailleurs discutables, et ses propos deviennent totalement irresponsables pour une ancienne, et probable future, prétendante à l'Élysée. Irresponsables et politiquement suicidaires vue la polémique précédente, encore brûlante, qui déclencha mille feux plus ou moins justifiés.



Il reste cependant que son appartement a bel et bien été mis à sac. Je lui donne donc raison sur un point, comme à certains de ses collègues socialistes comme Aurélie Filippetti, il est anormal que de multiples mises à sac de l'habitation d'une responsable de l'opposition politique d'un pays démocratique ne provoque pas plus d'émoi que cela au gouvernement, ni plus de moyens d'enquête, ni un suivi journalistique plus poussé. Ce n'est pas anodin. On est loin d'un simple vol de scooter...

Contrairement à Ségolène Royal je ne ferai pas de lien direct entre les mises à sac qu'elle a subies et le "clan Sarkozy". À moins de relier cette affaire avec les mises sous surveillance, tentées ou avérées, d'Olivier Besancenot et de Bernard Thibault. Cela commence à faire beaucoup de victimes d'intimidations ou de violations de vie privée parmi les plus farouches opposants au pouvoir en place. Les suspicions concernant l'Élysée coulent alors de source ; il serait dans l'intérêt de tous de les lever ou de les confirmer rapidement et avec certitude.

Il est étonnant, pour ne pas dire choquant, que le gouvernement, notamment le Ministère de l'Intérieur, ne s'affiche pas plus offensif dans l'élucidation ces affaires, quels qu'en soient les suspects potentiels. Idem pour les médias qui se contentent quasi unanimement des polémiques. Le débat public n'en sortirait que plus sain et apaisé. Une salubrité qui ces derniers jours lui fait cruellement défaut.


Aurélien
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Le Perito Moreno craque


30 km de long, 5 km de large et 70 m de hauteur de glace, l'équivalent d'un immeuble de 20 étages, une couleur unique et hypnotique. La péninsule de Magellan permet aux visiteurs de se présenter à son pied et rester immobiles et silencieux, dans l'espoir d'avoir le privilège d'entendre ces craquements gigantesques lorsque la glace rompt et qu'un iceberg entame une dérive sur Lago Argentino. Le Perito Moreno est le joyau du Parc National des Glaciers de la Patagonie, dans le Sud de l'Argentine.



J'ai eu cette chance dans ma vie, fin 1998, de me retrouver face à ce colosse. J'en garde un souvenir inoubliable. Cette sensation qui nous fait sortir ces phrases toutes faites mais on ne peut plus justes sur notre propre petitesse, notre vulnérabilité, notre inconscience, notre arrogance, notre ignorance, notre folie. C'est une leçon d'humilité pour la vie que de se retrouver confronter d'aussi prêt à une telle puissance, majestueuse et hors du temps. Ce fut pour moi un événement aussi révélateur et marquant que la découverte de certaines œuvres musicales ou littéraires majeures.

Cette merveille de la Nature est l'un des derniers glaciers au Monde à ne pas être en régression. Par l'effondrement de son front tous les quatre à cinq ans, il a habitué depuis prêt d'un siècle ses visiteurs à des ruptures de glace spectaculaires. Cependant pour la première fois depuis que l'homme surveille l'évolution de ce glacier, il s'est rompu en plein hiver argentin. Depuis les visiteurs attendent la rupture définitive de l'énorme bloc de glace ne tenant plus que par une arche quasi parfaite au Perito Moreno.


"Les scientifiques ont relevé, depuis 1917, diverses avancées et réductions du colosse de glace dont les cycles de croissance et de rupture se sont révélés irréguliers à cause du réchauffement planétaire, selon des études officielles. La rupture du glacier Moreno en hiver est un indicateur du phénomène de réchauffement de la planète, que certains analystes lient aux émissions de gaz quand d'autres affirment que ces changements sont périodiques, a rappelé Norberto Ovando, expert de la Commission mondial des zones protégées, sur le portail internet du quotidien local Rio Negro."

Pour de très beaux albums photos, c'est sur Flickr. Pour suivre l'évolution de cette rupture historique, c'est en direct, c'est en ligne, et c'est ici.


Aurélien
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mardi 8 juillet 2008

Et l'Europe sauva la France des socialistes...

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Pendant que tout le monde ou presque déplore la petite phrase de Nicolas Sarkozy sur les grèves qui passeraient inaperçues, il en est une autre, prononcée au tout début de même discours, qui selon moi aurait du faire bondir non seulement l'opposition mais aussi tous ceux qui se réclament de la démocratie.

Dans un début de discours typique, après avoir été annoncé par Jean-Pierre Raffarin comme le Président de l'Union Européenne, un poste qui n'existe pas mais qu'il reprendra à son compte tout au long de son discours, Nicolas Sarkozy évoque des évidences sur un ton très agressif contre on ne sait qui les nieraient. Il liste quelques bienfaits de l'Union Européenne. Évidemment la paix franco-allemande, bien sûr la modernisation, en toute logique la chute du rideau de fer. Mais d'abord cette phrase:

"Imaginons un peu ce qu'il serait advenu de la France et de son débat politique lorsque nous avions des ministres communistes au gouvernement de la France, des dirigeants socialistes au gouvernement de la France, heureusement qu'il y avait l'Europe pour empêcher ceux-ci d'aller jusqu'au bout de leur idéologie et de leur logique. C'est aussi ça l'Europe."


Comment l'opposition PS-PCF a-t-elle pu passer à côté d'une telle déclaration?

Surtout, comment interpréter ces mots?

Selon moi, Nicolas Sarkozy révèle ici tout le "bien" qu'il pense de l'opposition: ni plus ni mois qu'un camp politique désireux de revenir au socialisme ou au communisme tel que conçu dans les pays de l'Est, notamment en Russie. Des adeptes d'un totalitarisme en berne depuis la chute du mur de Berlin.

Il illustrera de nouveau cette idée en évoquant le débat français sur le retour de la France dans l'OTAN. Ce débat faite sourire Nicolas Sarkozy. Pour lui, ceux qui ne souhaitent pas cette réintégration expriment simplement une peur illégitime des Américains et oublient de considérer ces pays de l'Est qui rejoignent gaiement l'OTAN après avoir vécu si longtemps sous le pacte de Varsovie. C'est noir et blanc - comme sous l'ORTF... - tout ou rien. L'idée qu'il puisse simplement être question de l'indépendance et de l'originalité de la voix française, qui ont fait de la France un pays écouté et respecté dans le monde, un recours pour beaucoup entre les deux blocs qui s'affrontaient pendant la guerre froide, ne l'effleure même pas.

Selon Nicolas Sarkozy donc, François Mittérrand, Lionel Jospin, Michel Rocard, Laurent Fabius, Charles Fiterman ou encore Marie-George Buffet et Ségolène Royal ont été autant de menaces pour la démocratie française qui ne doit son salut qu'à la vigilance de l'Union Européenne. Et avec eux, par extension, tous ceux qui ont cru et voté pour leurs idées et le font encore. Les parlementaires UMP applaudissent à tout rompre. Jose Manuel Barroso se marre, comme d'ailleurs tout au long de ce discours, ne sachant trop si le Président plaisante ou non.

Imaginons un seul instant le tollé que provoquerait François Hollande, même dans l'opposition, s'il remerciait l'Union Européenne d'avoir sauvé la France des dérives totalitaires fachistes, voire néo nazies, qui pesaient sur elle lorsque des hommes et femmes de droite étaient aux gouvernements de Jacques Chirac, Édouard Balladur ou Jean-Pierre Raffarin. Nul doute que la volée de bois vert en provenance de l'UMP serait impressionnante, et à juste titre.


Le Président de la République a parmi ses devoirs de veiller au respect de la Constitution. Celle-ci stipule dans son tout premier article que la République Française est, en plus de laïque et démocratique, sociale et indivisible. Par cette seule déclaration Nicolas Sarkozy bafoue ces deux impératifs et manque donc à son devoir de Président. Ce devoir qui l'oblige à se situer au-dessus des clivages partisans. Ce n'est pas faire de l'anti-Sarkozy ni du TSS que de le rappeler, c'est simplement exiger du garant des institutions qu'il soit à la hauteur de la mission que le peuple lui a confiée.


Aurélien
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lundi 7 juillet 2008

Ces cumulards du CAC40

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Dans un commentaire récent j'avais promis une note plus générale sur les conflits d'intérêts... la voici:


Il n'y a pas qu'en politique que l'on peut cumuler les mandats. C'est un exercice tout aussi populaire dans la gouvernance d'entreprise. Je me suis amusé à visiter le site corporatif de l'ensemble des entreprises du CAC40, ainsi que d'Areva, pour lister l'ensemble des membres de leurs conseils d'administration et/ou conseils de surveillance. Toutes ces compagnies, de Total à STMicroelectronics, ont placée cette information en ligne, je les en remercie.

Le but que je m'étais fixé était d'établir si au plus haut niveau de la puissance économique française il existait ou non des conflits d'intérêts. Si j'étais convaincu d'en trouver quelques uns, je ne pensais pas me retrouver en situation de décrire un réseau relationnel permettant à chacune des entreprises concernées d'être, par 3 degrés de connaissance tout au plus parmi la population étudiée, liée à toutes les autres par au minimum un membre de son gouvernement d'entreprise.


Avant d'aller plus loin je rappelle la définition du conflit d'intérêts:


"Un conflit d'intérêt est une situation dans laquelle une personne ayant un poste de confiance, tel qu'un avocat, un homme politique, un cadre ou un dirigeant d'entreprise, a des intérêts professionnels ou personnels en concurrence. De tels intérêts en concurrence peuvent la mettre en difficulté pour accomplir sa tâche avec impartialité. Même s'il n'y a aucune preuve d'actes préjudiciables, un conflit d'intérêt peut créer une apparence d'indélicatesse susceptible de miner la confiance en la capacité de cette personne à agir correctement à son poste."


Ainsi dans les exemples de conflits d'intérêts, que je présente plus bas, je ne mets personne en accusation mais ne fais que relever des contextes susceptibles de favoriser des dérives. Nous savons tous, cependant, que l'humain n'est pas infaillible et que, porté au pouvoir politique ou économique, les cas concrets d'abus en situation de conflit d'intérêts ne manquent pas et nuisent au bon fonctionnement démocratique. La réalité se situe forcément entre le monde des bisounours où chacun serait irréprochable et les théories conspirationnistes les plus "capilotractées".


Pour éviter les conflits d'intérêts, une majorité d'entreprises respecte, au moins en apparence, les critères proposés par le rapport Bouton AFEP-MEDF qui préconise ce qui suit:


"Un administrateur est indépendant lorsqu’il n’entretient aucune relation de quelque nature que ce soit avec la Société, son Groupe ou sa direction, qui puisse compromettre l’exercice de sa liberté de jugement."


Par souci de clarification, les critères que devraient examiner le Comité et le Conseil afin de qualifier un administrateur d'indépendant et de prévenir les risques de conflit d’intérêts entre l’administrateur et la direction, la société ou son groupe, devraient être les suivants :


- Ne pas être salarié ou mandataire social de la société, salarié ou administrateur de sa société-mère ou d'une société qu'elle consolide et ne pas l’avoir été au cours des cinq années précédentes.


- Ne pas être mandataire social d’une société dans laquelle la société détient directement ou indirectement un mandat d’administrateur ou dans laquelle un salarié désigné en tant que tel ou un mandataire social de la société (actuel ou l'ayant été depuis moins de cinq ans) détient un mandat d’administrateur.


- Ne pas être client, fournisseur, banquier d’affaire, banquier de financement significatif de la société ou de son groupe, ou pour lequel la société ou son groupe représente une part significative de l’activité.


- Ne pas avoir de lien familial proche avec un mandataire social.


- Ne pas avoir été auditeur de l’entreprise au cours des cinq années précédentes (article L 225-225 du Code de Commerce).


- Ne pas être administrateur de l’entreprise depuis plus de douze ans.


La plupart des groupes du CAC40 ont un Conseil d'Administration composé pour le tiers ou la moitié d'administrateurs indépendants. Il existe aussi des critères de capital et de droit de vote, dont disposent les administrateurs indépendants, au-delà desquels leur indépendance peut être remise en question par le Comité des Nominations du groupe.



Quant au cumul, il faut rappeler que le droit français permet à un administrateur d'un groupe de tenir le même rôle dans un maximum de 4 autres groupes, soit 5 mandats au total. Rien n'empêche cependant d'y ajouter un mandat de membre d'un conseil de surveillance. De plus, au sein d'un même groupe, 5 mandats peuvent également être cumulés dans les diverses filiales et ne compter que pour 1 dans le cumul "intergroupes". En théorie donc, une seule et même personne pourrait cumuler jusqu'à 25 mandats de membre de conseil d'administration. Pour cette note, je me suis borné au seul cumul "intergroupes".


La question clé est: pourquoi cumuler des postes de gouvernance d'entreprise? Là, force est de constater que la réponse la plus crédible, au-delà de la passion pour son métier, semble être: par intérêt personnel direct ou indirect. En effet, les membres d'un conseil d'administration d'entreprise sont généralement actionnaires ou associés de l'entreprise administrée. Leurs décisions stratégiques pèsent donc directement sur leur propre portefeuille. Ils sont aussi rémunérés pour occuper un tel poste, par un système de jetons de présence, qui répartit équitablement entre les administrateurs une somme globale fixée par les actionnaires.


Intérêts financiers personnels donc, mais aussi stratégiques puisqu'en cumulant les administrateurs se donnent la possibilité d'influer sur la stratégie d'autres groupes soit directement, soit indirectement par l'intermédiaire d'un conseil d'administration tierce. C'est là que naissent les conflits d'intérêts. En voici quelques exemples:


Le premier exemple qui me sauta aux yeux concerne Louis Schweitzer, ancien patron de Renault, dont il préside toujours le C.A., et Président de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE). Il s'avère qu'il est aussi administrateur de BNP-Paribas. Or, j'en parlais ici sur ce blog, la HALDE a récemment épinglé pour discrimination à l'embauche le Crédit Agricole, concurrent direct de la BNP. Encore une fois je n'accuse pas Louis Schweitzer de partialité, mais la situation est telle qu'il avait tout loisir de l'être et qu'il l'a peut-être été. On est alors en droit de s'interroger sur la pertinence de sa nomination à la présidence de la HALDE, puisqu’il ne cumule pas moins de 5 postes d'administrateurs dans des groupes du CAC40: Renault, BNP, EDF, L'Oréal et Veolia.


D'autres situations de conflit d'intérêts me sont alors apparues:


- Thierry Desmarest, qui préside le CA de Total, fréquente également, grâce au cumul, Louis Schweitzer et Thierry Peugeot qui président les CA des deux constructeurs automobiles français Renault et PSA. Directement chez Renault pour l'un, par l'intermédiaire du C.A. d' Air Liquide pour l'autre. Pratique pour un pétrolier, non?


- En opposition avec les deuxième et troisième critères proposés plus haut par le rapport Bouton, Michel Pébereau préside le C.A. de BNP-Paribas où siège Jean-Louis Beffa ; ce dernier préside le C.A. de Saint-Gobain où siège... Michel Pébereau. On ne s'étonnera pas que ces deux hommes se tutoient. Encore moins en sachant que Saint-Gobain fait partie des grands clients de BNP-Paribas. De quoi mettre de l'huile dans les rouages des décisions stratégiques et financières?

Notons au passage que Michel Pébereau est le champion des cumulards du CAC40 puisqu'il détient un poste dans pas moins de 6 gouvernements d'entreprises (BNP, AXA, EADS, Lafarge, Saint-Gobain et Total) et se trouve du fait au cœur de ce qui ressemble à un réseau d'influenceurs, ce que semble confirmer cet article de l'Expansion.


- Dernier exemple avec le cas de Laurence Parisot, Présidente du MEDEF, qui en plus de diriger sa propre société (l'IFOP), siège aux C.A. de BNP-Paribas et de Michelin. Quand on étudie plus en détails le cas de la BNP, on observe que 11 de ses administrateurs cumulent des mandats et, de ce fait, lui permettent d'influer sur 19 autres entreprises du CAC 40 par l'exercice de 24 mandats de gouvernance. Le moins que l'on puisse dire est que la Présidente du MEDEF se retrouve, par son mandat d'administrateur de la BNP, au sein d'un réseau d'influence qui ne peut que la rendre vulnérable aux éventuelles pressions de ses pairs pouvant ainsi troubler le dialogue social dont elle porte 50% de la responsabilité.


Il ne s'agit là que de 4 exemples repérés uniquement en observant les liens professionnels entre les personnes concernées. On pourrait y ajouter:

- Les relations familiales ou amicales entre certaines familles de décideurs;

- Les relations avec le monde politique;

- Les relations avec les médias;

- L'addition de tous ces différents types de liens.


Et je ne parle que des liens existant en France. De nombreux gouvernants d'entreprises du CAC 40 siègent aussi dans des CA de groupes étrangers. Dans un tel contexte la quantité et l'énormité des conflits d'intérêts ne peut que s'accroître de manière exponentielle.


D'où les suspicions, à mon sens justifiées, de conflits d'intérêts autour du Président de la République dont la proximité "extra-professionnelle" avec plusieurs décideurs influents du CAC 40 (Martin Bouygues, Arnaud Lagardère, Bernard Arnault,...) n'est plus à prouver.


Idem pour Jean René Fourtou (patronyme prédestiné?) qui cumule 5 postes parmi les gouvernances du CAC40, dont la présidence du CA de Vivendi qui possède entre autres filiales Universal Music. Or il s'avère que Mme Fourtou, Janelly se son prénom, est une députée européenne qui est à l'origine et défend ardemment la loi DADVSI...


Une enquête sans fin pourrait être menée, mais autant m'arrêter là.



Deux points en conclusion:


- Que devient le citoyen dans tout ça? Est-il en position de remplir son rôle? Lui reste-t-il un quelconque pouvoir? Peut-il seulement comprendre les règles du jeu? Après le "non" irlandais au Traité de Lisbonne, l'ensemble de la classe politique s'entend pour parler de désamour des européens pour l'Europe pour cause d'incompréhension, d'illisibilité, d'opacité de la part de l'Union Européenne. Sommes-nous si sûrs que les Français comprennent mieux la France? Peuvent-ils lui faire confiance pour les protéger quand d'autres intérêts "supérieurs" semblent accaparer toutes les attentions du pouvoir politique? Si demain avait lieu un référendum pour savoir si les Français adhèrent à la France telle qu'elle fonctionne réellement, quel en serait le résultat?


- À l'heure où l'on parle de plus en plus du problème de séparation des pouvoirs en France, j'ai la très nette impression que le pouvoir économique est souvent négligé alors qu'il est en réalité au centre de toutes les préoccupations et sans doute celui le plus à même de corrompre les autres pouvoirs. Il faut impérativement séparer les pouvoirs politique (qui comprend le législatif, l'exécutif et le judiciaire), médiatique et économique. Devant cette urgence on mesure l'aspect totalement dérisoire des débats en cours sur la réforme des institutions. Ce n'est plus une réforme qu'il faut, c'est une remise à plat transparente, un "Grenelle" - dans ce qu'il reste de crédible et de noble à ce terme - des institutions. Au MoDem d'y réfléchir et d'avancer un projet institutionnel - je pèse mes mots - révolutionnaire.




Aurélien

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vendredi 4 juillet 2008

Quand Ségolène Royal m'inquiète


Retour sur une déclaration de Ségolène Royal, en marge de la visite d'une délégation française, menée par François Fillon, au Canada pour célébrer le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec. Voici ses propos rapportés par l'Express:

"Tout le monde le sait, c'était une opération colombienne rondement menée qui prouve que les négociations avec les Farc étaient inutiles et n'avaient débouché sur rien[...] Voilà : ni polémique, ni récupération politique qui serait totalement décalée parce qu'en l'occurrence, Nicolas Sarkozy n'a été absolument pour rien dans cette libération."



Ségolène Royal, que l'on pourrait appeler l'omni-opposante de part son évidente volonté d'affronter l'omni-président sur tous les fronts, illustre par ces mots tous les doutes que je peux encore avoir sur sa personne et sa capacité à mener le pays plus efficacement et dans un esprit plus rassembleur que Nicolas Sarkozy. Elle déclenche illico, forcément, les réactions en chaîne du côté de l'UMP chez les Raffarin, Yade et autres Fillon, et j'imagine que Frédéric Lefebvre devrait demander des excuses officielles d'ici peu... À la suite de quoi, comme sait aussi le faire parfaitement le Président de la République, elle se posera en victime d'une quelconque pensée unique. Elle projette ainsi le pays dans une polémique supplémentaire et stérile qui, comme les autres, fera office d'écran de fumée masquant les enjeux réels et urgents; le pouvoir actuel n'en demandait pas tant...

D'abord, par cette déclaration, elle se "décale" elle-même puisqu'elle est seule, parmi les têtes d'affiches politiques françaises, à faire de la récupération à peine déguisée. "Surtout pas de récupération mais, au passage, mon adversaire n'a rien fait après avoir été totalement inefficace...", une hypocrisie totale. Pour ma part, j'ai trouvé l'Élysée étonnamment sobre et raisonnable depuis cette libération. Je n'ai vu aucune tentative de récupération politique de la part du Président. La libération d'Ingrid Bétancourt a pu être réalisée par d'autres moyens que ceux qu'il préconisait; il n'a pas cherché à prétendre le contraire, ni a ramener la couverture à lui comme il avait pu le faire pour la libération des infirmières bulgares.

Ensuite, il ne fait aucun doute que Nicolas Sarkozy s'est beaucoup investi pour Ingrid Bétancourt comme il le fait - je l'admet volontiers même si je n'aime pas le fond de son action ni la forme qu'il y met - sur chaque dossier. Je ne vois rien à lui reprocher sur le dossier Bétencourt. Sa stratégie de négociation était tout à fait défendable et d'ailleurs, contrairement à ce que Ségolène Royal prétend, elle a débouché sur au moins deux résultats: la preuve de vie obtenue fin 2007 et la libération des 6 premiers otages, dont Clara Rojas, proche collaboratrice d'Ingrid Bétancourt. De plus, rien n'indique que cette stratégie n'aurait pas, elle aussi, abouti à une libération. On imagine aussi très bien ce qu'auraient été les mots de Ségolène Royal si Nicolas Sarkozy avait, tout au long de cette affaire, préconisé une intervention militaire.

Enfin, qui sait vraiment si la France n'a pas joué un rôle indirect dans cette opération? Qui nous dit que la pression imposée par Paris n'a pas pesé dans la décision du gouvernement colombien de mener cette opération? Aurait-il pris cette décision sans la preuve de vie obtenue grâce aux négociations? Trop d'inconnues restent en question pour pouvoir dire que les uns ont tout fait et les autres rien du tout.

Pour moi cette actualité est extrêmement révélatrice du danger que peut représenter Ségolène Royal pour la France, pour son parti et ceux à qui elle annonce être ouverte aux alliances. Au même titre que Nicolas Sarkozy, elle communique à bras raccourcis sur tous les fronts, dans la provocation et la polémique, sans réfléchir, au-delà de l'onde de choc médiatique volontairement initiée, aux conséquences ni au sens profond de ses mots. C'est le genre d'attitude, sinon de stratégie, dont nous devons débarrasser la politique française au plus vite.


Aurélien

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jeudi 3 juillet 2008

Les Jeudis d'Edgar - 02 - Appel pour les biens communs

Chaque jeudi je viens désormais vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, un nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.

Deuxième rendez-vous avec Edgar: le thème de cette semaine concerne les biens communs, le don, la gratuité. Dans un appel lancé dans le cadre de la dernière Fête de l'Internet, Edgar appelle à revenir à moins de calcul, à plus d'échange, au non payé afin de régénérer notre civilisation, lui rendre une part de son humanité par le respect et la compréhension. Le don, en quelque sorte, nous aide à réaliser la nécessité que nous avons les uns des autres de manière bien plus complexe, et complète, que la vente ou l'achat.



À méditer pour tous ceux désireux de construire et de voir aboutir ce fameux modèle de société obéissant à la loi du plus juste.

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mercredi 2 juillet 2008

Pari sur le second réacteur E.P.R.

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Les Échos annoncent en exclusivité la décision du Président de la République et du gouvernement d'engager la construction d'une second réacteur nucléaire E.P.R.:

La décision est prise. A l'occasion, demain, de sa visite au Creusot (Saône-et-Loire), Nicolas Sarkozy devrait annoncer la construction d'un deuxième réacteur nucléaire de type EPR sur le territoire français. A ce stade, ni l'implantation, ni la date de démarrage de la future centrale n'ont été arrêtées. Mais selon plusieurs sources, la mise en service du nouveau réacteur pourrait intervenir aux environs de 2017. Soit cinq ans après celle du tout premier EPR français, sur le site de Flamanville (Manche). Reste à savoir à qui sera confiée l'exploitation de la future centrale. Pour beaucoup, il n'est pas concevable qu'un autre opérateur qu'EDF s'implique dans ce type de projet. Mais à plusieurs reprises, le groupe Suez a fait savoir qu'il était lui aussi prêt à investir dans le nucléaire français.

L'annonce du chef de l'Etat sera faite lors de sa visite sur un site d'ArcelorMittal, au Creusot, produisant précisément des pièces destinées aux réacteurs EPR. En présence de la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, Nicolas Sarkozy y prononcera un discours sur la politique énergétique française. Voilà quelques semaines, le Premier ministre, François Fillon, avait indiqué que le gouvernement réfléchissait au lancement d'une nouvelle centrale, considérant que le nucléaire constituait "une bonne réponse" à l'énergie chère.

Au-delà de la décision de privilégier encore l'énergie nucléaire, ce qui est à quelques égards défendable à moyen terme, je m'arrête sur la suggestion faite dans cet article au sujet de l'intérêt du groupe Suez pour mener ce projet de second réacteur de type E.P.R.. Déjà en février 2007, Suez ambitionnait de prendre en charge un projet similaire dans la Drôme, à Tricastin, lieu où le groupe dispose déjà de capacités dans des installations nucléaires.


Suite à la note précédente, commentaires inclus, et une précédente sur les conflits d'intérêts au sommet de l'État, je rappelle que Paul Desmarais Jr., membre du conseil d'administration de Suez, est le fils de l'homme au sujet duquel Nicolas Sarkozy a déjà déclaré: "Si je suis aujourd’hui président, je le dois en partie aux conseils, à l’amitié et à la fidélité de Paul Desmarais."

Je prends donc un pari dès aujourd'hui: Nicolas Sarkozy annoncera demain le lancement d'un projet de second réacteur nucléaire de type E.P.R. et que Suez en sera le principal investisseur, plutôt qu'E.D.F.. Je mettrais même une grosse piécette sur le site de Tricastin.

L'enjeu de ce pari? Un brin d'auto-satisfaction si je gagne, une lettre à Nicolas Sarkozy, publiée sur ce blog, pour m'excuser ouvertement de l'accuser systématiquement de privilégier ses amis plutôt que les entreprises publiques françaises.


Aurélien
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