samedi 31 janvier 2009

Raisonnement de clampin

Débat entre porte-paroles UMP et PS ; Frédéric Lefèbvre scotche Benoît Hamon. Ou quand tous les détours sont bons pour justifier le fait du Prince:



Préfet muté: un caprice d'Etat?


Ridicule... mais en totale cohérence avec la nouvelle identité "populaire" de l'UMP...


Aurélien
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vendredi 30 janvier 2009

Une manif et on oublie...

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La "crise éponge"... Voici la nouvelle trouvaille de l'Élysée. Le terme est le mien mais le concept est tout à fait digne des meilleures stratégies de communication sarkozistes. À en croire nombre de ministres, de conseillers et de médias, nous avons assisté hier à un grand cri primaire purement social pour se défouler de toute notre angoisse due à la crise économique. Beaucoup de monde, les syndicats sont contents, le gouvernement ne peut pas réduire le tout à l'extrême gauche irresponsable. Un service minimum efficace, les syndicats sont contents, le gouvernement ne peut pas parler de prise d'otages. La soupape a levé, le message est passé: les citoyens sont inquiets. Il faudra être patients et courageux, la crise est sérieuse mais le gouvernement tiendra le cap. Nicolas Sarkozy rencontrera les partenaires sociaux début février. Tout est bien qui finit bien. On repart pour quelques mois.


Une minute...




Les frustrations sociales, si je me souviens bien, datent d'avant la crise. Il me semble que le pouvoir d'achat était au cœur des débats dans la course à l'Élysée en 2007, que le logement social est sur la table depuis quelques années déjà, que le chômage et la précarisation du travail inquiétaient déjà sous le gouvernement Villepin. Et toutes ces frustrations ne trouveraient leurs fondements que dans la crise actuelle? Il faudrait laisser du temps à ce gouvernement qui aurait été pris par surprise?

Parmi les motifs qui ont poussé tant de français dans la rue à Paris comme en province il y avait aussi, si je me souviens bien, une très forte inquiétude en ce qui concerne les libertés individuelles et la pratique politique du Président de la République. Qui en parle encore le lendemain? Quelle réponse le gouvernement apporte-t-il à cette interrogation là?

Ah oui, j'oubliais... c'est la crise... il faut se serrer les coudes et laisser de côté la prise de contrôle de l'audiovisuel public, de la justice et du parlement par l'Élysée.

Il faut oublier l'augmentation exponentielle des gardes à vue, le débarquement d'un préfet et d'un directeur départemental de la sécurité publique pour cause de mécontentement populaire au passage de l'Élu, le fichage systématique des citoyens et la détention honteuse du "terroriste" Julien Coupat.

Il faut oublier la courbe du chômage, de la dette publique et du déficit commercial depuis 2002.

Il faut oublier les émeutes de 2005 restées sans réponses.

Il faut oublier la franchise médicale, le milieu carcéral et le paquet fiscal.

Il faut oublier nos enfants, ces futurs délinquants, qu'on veut dépister, ficher puis incarcérer.

Il faut oublier les heures supplémentaires non payées des infirmières.

Il faut oublier que les malades mentaux sont d'abord des malades et bien plus souvent victimes qu'agresseurs.

Il faut oublier qu'on aime la France ou qu'on la quitte et que ce n'est pas à Neuilly que la racaille habite.

Il faut oublier Kadhafi, Poutine, Bush et El-Assad.

Il faut oublier que ce que ce gouvernement refuse au titre de "relance par la consommation" permettrait à beaucoup de ne plus avoir à choisir entre logement, santé et alimentation.

Il faut oublier les "casse-toi pauv' con", les "Toi si tu as quelque chose à dire, tu as qu'à venir ici!", les "T'es resté combien de temps au placard?" et autre "J'écoute, mais je ne tiens pas compte".

Il faut oublier le G7 ministériel, les invitations répétées des parlementaires UMP à l'Élysée, la monopolisation du temps de parole et de l'espace médiatique.

Il faut oublier Guy Mocquet, Jean-Charles Marchiani, David Martinon et surtout Cécilia mais n'exagérez pas en oubliant Carla.

Il faut oublier l'augmentation de salaire "méritée", les vacances Bolloré, les joggings discrets et Eurodisney.

Il faut oublier que le grenelle de l'environnement n'est toujours pas voté.

Il faut oublier l'ouverture, la censure et la rupture.


Je fais de mon mieux mais j'oublie certainement d'autres oublis importants... mais oublions. Puisqu'on nous dit que c'est la crise... On a défilé, on a gueulé, on est calmé. Le reste c'est du passé. J'oublie donc je suis.


Aurélien
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jeudi 29 janvier 2009

Fenêtre fermée...

... pour la journée.



Aurélien Lire la suite...

Les Jeudis d'Edgar - 14 - Ex-stase de l'histoire

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Chaque jeudi (ou presque...) je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, ce nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.

Le décalage horaire entre Montréal et Paris me permet de rédiger et publier ce nouveau billet des Jeudis d'Edgar un mercredi soir sans perturber mes lecteurs largement regroupés en France et qui donc pourront le lire ce jeudi. Un jeudi particulier puisqu'un large mouvement social opposera dans de nombreuses villes de métropole et d'outremer le gouvernement aux syndicats et associations de citoyens. Et c'est en tant que citoyen blogueur que, du bord de ma fenêtre, répondant présent à l'appel à la grève des blogs lancé par le GroDem, je ne publierai rien ce jeudi sinon l'image proposée. Je tiens à remercier le Mouvement Démocrate Grolandais pour cette initiative qui me permet, malgré la distance, de me sentir solidaire et impliqué dans cette protestation générale contre des dérives de plus en plus inquiétantes au sommet de l'État.




Ce quatorzième billet des Jeudis d'Edgar est lié au contexte social du jour et rapporte des propos tenus par le père de la Pensée Complexe en 1995, peu après le mouvement social massif contre la politique du gouvernement Juppé. L'article intitulé Une ex-stase de l'histoire est en ligne ici ; en voici quelques extraits qui n'ont pas pris une ride:

Au-delà des similitudes et des différences avec Mai 68, ce mouvement laissera-t-il, comme ce fut le cas, une trace profonde dans l’histoire des forces vives de ce pays?

Le mouvement étudiant de Mai 68 révélait un malaise de civilisation et, en même temps, il a cru trouver dans l’idée de révolution une solution qui répondait à ses aspirations. Si le sens de Mai 68 était la révolution, ce fut un échec. Si l’on considère l’expérience de révolte et de fraternité vécue, ce fut une réussite. Si l’on considère de plus que Mai 68 a opéré une brèche dans la société par laquelle se sont révélés les aspirations féminines, les problèmes écologiques, la recherche de nouvelles relations entre les sexes, il n’y eut pas échec. Enfin, Mai 68 révéla que la société démocratique-industrielle, dont les progrès selon ses apologues devaient résoudre les grands problèmes, était minée dans ses sous-sols.

La conjoncture aujourd’hui est différente ; partout dans le monde il y a crise du futur, c’est-à-dire du progrès qui était jusqu’il y a vingt-cinq ans une promesse certaine à l’Ouest comme à l’Est. A cette crise du futur s’est liée une crise de langueur économique à partir de 1973, et c’est dans cette double crise que s’accélère dans les dernières années une transition dramatique au marché mondial.


Est-ce que l’évident déficit de perspective politique qui caractérise la situation actuelle est seulement à mettre au bilan des aspects négatifs du mouvement ?

C’est dans ces conditions que, dans le cadre d’une politique d’austérité accrue et de préparation à la mise en compétitivité des services publics, le plan Juppé a déclenché une réaction en chaîne. Pour comprendre les événements, il y a deux types d’interprétation qui nous masquent ce que l’événement présente de plus remarquable. La première est la vulgate des milieux officiels : tout cela est arrivé parce que Juppé aurait été maladroit, parce que les politico-technocrates qui ont oublié de dire merci à ceux qui font des sacrifices n’expliquent pas assez. Tout cela est vrai mais reste à la surface. En profondeur, ce n’est pas le langage mais la pensée qui a manqué. En effet, il n’y a plus de pensée proprement politique, car, depuis le ministère de Barre sous Giscard jusqu’à aujourd’hui, règne une pensée qui réduit le politique à l’économique et qui est incapable de sortir de la rationalité économique abstraite.

La seconde est la vulgate de gauche qui croit qu’on a retrouvé le futur parce qu’il y résurrection des luttes ardentes, du prolétariat en mouvement. Or ce mouvement n’a pas d’horizon politique : le mot socialisme est aujourd’hui vide. Il manque une politique qui ouvrirait une voie d’espérance pour répondre aux terrifiants défis que rencontrent nos sociétés en cette fin de siècle.


Est-ce que le mouvement en cours ne demande pas d’abord, tout simplement, davantage de solidarité à la société ?

Je crois que, plutôt que d’enfermer les événements dans les schémas idéologiques et chercher repères dans les configurations passées, il faut regarder le magma ardent qui sort du cratère.

En fait, il y a eu un départ d’origine corporatiste, fixé sur des avantages acquis et animé par la crainte d’un accroissement massif des licenciements dans le secteur public. Ce que n’ont pas compris les « élites » techno-politiques qui nous gouvernent, c’est que tous leurs mots-solutions, par lesquels ils croient apporter l’espoir, signifient des maux-déceptions qui apportent du désespoir aux salariés ; ainsi le mot compétitivité signifie licenciement, le mot privatisation signifie licenciements massifs.

Aussitôt lancée, la grève des services publics a révélé, par la sympathie qu’elle suscitait, un mécontentement plus global, et celui-ci a progressivement débouché sur tous les problèmes fondamentaux de notre société.

Il s’est passé un phénomène extraordinaire : la paralysie des services publics a comme revitalisé le tissu social français ankylosé. La disparition provisoire du métro-boulot-dodo n’a pas seulement suspendu le métro, elle a chahuté le boulot et raccourci le dodo, non seulement en fatiguant les gens, mais en brisant la routine, les lançant dans l’imprévu, l’extraordinaire et, en même temps, régénérant débrouillardise, ingéniosité et solidarité. Cette solidarité a ressuscité brusquement dans une vie de refermeture sur soi et de rouspétages. Voir à la télé ces cheminots d’une ville de province retrouver leur propre fraternité, leur attachement à leur syndicat, découvrir la solidarité de leur entourage, a quelque chose d’émouvant pour celui qui, comme moi, a la tripe à gauche. Je me souviens d’une grande grève en Wallonie, où cette région qui fut prospère ne voulait pas dépérir et où les grévistes unanimes étaient devenus pendant quelques jours les souverains du monde dans lequel ils étaient soumis. Même vaincus à la fin, ils avaient gardé au coeur le souvenir heureux de leur solidarité et de leur insoumission à la fatalité. Moi, je crois que ces deux premières semaines de grève en décembre constituent une ex-stase de l’histoire : ex-stase, dans le sens de sortir des gonds, et en même temps ferveur retrouvée.

L'histoire se répète-t-elle ou est-elle simplement figée? En tout cas le portrait reste saisissant de vérité 14 ans plus tard. Je note au passage qu'en 1995 déjà le vide socialiste était perceptible, tout comme la déconnexion entre un état technocratique, déshumanisé, et les citoyens. Aurait-il été trop tôt pour qu'un Mouvement Démocrate s'impose sur la scène politique d'alors? Je laisse les plus anciens et plus spécialistes du "Centre" que moi libres de répondre à cette question.

Le seul écart, hormis les protagonistes, que je constate dans un parallèle entre la situation actuelle par rapport au contexte de 1995 que dépeint Edgar Morin, c'est l'énorme point d'interrogation sur la capacité de la société française à se rassembler sur le mouvement social de ce 29 janvier, à ressusciter une solidarité citoyenne. Serons-nous capable de relativiser les intérêts individuels, partisans ou corporatistes pour nous concentrer sur les intérêts communs fondamentaux?


Réponse dans quelques heures ou quelques jours...


Pour lire ou relire tous les épisodes des Jeudis d'Edgar, c'est par ici.




Aurélien

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mercredi 28 janvier 2009

Les pépettes de Papeete

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Les montants de l'aide publique aux partis et groupements politiques viennent d'être publiés au Journal Officiel. Cette aide est divisée en deux fractions. La première en fonction des résultats aux élections législatives, la seconde en fonction du nombre de parlementaires. Ne peuvent bénéficier de la seconde fraction que les partis ou groupements politiques qualifiés pour la première.

Comme on pouvait s'y attendre, l'UMP et le PS se partagent la plus large part d'un gâteau avoisinant les 75 millions d'euros, empochant à eux deux les deux tiers de cette manne financière. Le MoDem, troisième force politique de France aux trois dernières élections, bénéficiera pour 2009 d'une aide publique approchant les 3,8 millions d'euros.




Mais depuis 2007 le parti politique qu'il est important de surveiller quant à son financement public, c'est le Nouveau Centre. En ne réussissant pas, malgré la démultiplication des membres du clan Morin, à rassembler plus de 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions aux élections législatives de 2007, le Nouveau Centre ne pouvait prétendre à la première fraction de cette aide, et par conséquent devait oublier la seconde. Cependant 21 députés NC étaient tout de même élus (sans opposition UMP...), ce qui avait poussé ce parti à vouloir changer les règles du jeu après la partie, avec l'aval de la majorité UMP, en proposant un seuil arbitraire de 15 élus pour pouvoir prétendre au financement public. Il avait alors fallu un François Bayrou de compétition sur les bancs comme dans les couloirs de l'Assemblée, ainsi qu'un Parti Socialiste présent pour éviter un véritable hold-up.


Sauf que le Nouveau Centre, par Jean-Christophe Lagarde, avait prévu l'échec de cette tentative. Profitant d'une condition propre aux partis politiques des territoires d'outremer, obtenir au moins 1% dans au moins une de leurs circonscriptions, le NC concluait, en août 2007 à Papeete, une "convention de financement" avec le parti autonomiste polynésien Fetia Api (Nouvelle Étoile). Cet accord conclus APRÈS les élections législatives est simple, même si le NC en a effacé toute trace: les membres du NC se déclarent officiellement rattachés à Fetia Api qui lui reverse le financement en échange d'un simple poste de secrétaire général au NC. Ainsi Fetia Api, qui bénéficie grâce aux voix obtenus par ses deux candidates polynésiennes de la première fraction de l'aide à hauteur d'à peine 857 euros, à droit à la seconde fraction pour un montant de... 1,4 millions d'euros. C'est cette somme qui sera reversée au Nouveau Centre... moins une "généreuse" commission de 20 000 euros pour Fetia Api.


C'est aussi tordu que légal... Voilà comment un parti qui ne représente rien, malgré un squat de 32 sièges parlementaires, et perd dans les règles peut, sans honte ni crainte de la loi, détourner l'argent du contribuable au détriment des autres partis qui, eux, ont respecté les règles de la République. Un scandaleux abus qui perdure et que tout citoyen doit garder à l'esprit pour les prochaines échéances électorales.


Aurélien

Merci à Leroy-Morin pour l'image.

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La CNIL s'oublie...

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Depuis 2007 le 28 janvier est la Journée Européenne de la Protection des Données. Il s'agit d'éduquer les citoyens européens sur leur droit fondamental au respect de leur vie privée. Un droit aussi essentiel que la liberté de circulation, d'expression ou encore de culte. Au travers de nos actes quotidiens, de nombreuses informations personnelles sont enregistrées dans des fichiers, communiquées à des tiers, rapprochées avec d’autres données ou ont des utilisations diverses ; effet amplifié par l'apparition des technologies nouvelles et mobiles.

Ainsi, selon la loi du 6 janvier 1978, le non-respect de nos droits d'information, d'opposition, d'accès et de rectification est sanctionné pénalement. En France, la CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) a un rôle tout naturel à jouer lors de cette journée de sensibilisation. On s'étonnera donc de ne pas la voir figurer à son agenda... un oubli comme un aveu d'impuissance? d'indifférence? de capitulation? d'imposture? Les fleuristes ferment-ils à la Saint-Valentin?



Il faut dire que depuis sa création la CNIL a continuellement baissé sa garde de manière inquiétante, laissant proliférer les fichiers de police, le fichage ADN ou la biométrie. Diffusant en mode homéopathique quelques critiques timides ou vagues réserves, comme récemment contre le STIC et CRISTINA, respectivement frère aîné et demi-soeur d'EDVIGE, ses recommandations sont rarement suivies par le pouvoir et cèdent face à des intérêts "supérieurs".


Aujourd'hui les Français sont de plus en plus fichés et voient leurs libertés rognées au nom d'une sécurité collective sans que l'organisme sensé les protéger ne puisse intervenir efficacement. La sécurité... terme en vogue politiquement depuis la campagne présidentielle de 2002 sans qu'aucun danger ne soit clairement identifié ni mesurable. Un désir excessif de sécurité est adversaire d'une vraie liberté, disait Jean de la Fontaine dans la fable Le Loup et le Chien. Ou pour citer un autre connaisseur en droits fondamentaux, Thomas Jefferson: Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l'un ni l'autre.

En cette journée européenne souhaitons donc que l'Europe soit plus à même de protéger nos vies privées. Voilà un enjeu important dont le MoDem devrait s'emparer pour les prochaines élections de juin 2009. À l'heure où les contre-pouvoirs sont à la peine en France, l'Union Européenne peut représenter sur bien des sujets un rempart salvateur. À condition, face à la démission des institutions comme la CNIL, que les citoyens prennent leur sort en main...


Aurélien
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lundi 26 janvier 2009

Le bizut Besson


En voilà un qui aura parfaitement réussi son intégration au sein de l'UMP. À peine nommé, sous le même soleil, Secrétaire Général Adjoint et Ministre de l'Immigration, Éric Besson se montre déjà parfaitement à son aise avec la stratégie de communication de l'UMP. Jugez plutôt ici.

C'est vrai des temps anciens, tout le monde le sait, des grandes invasions. C'est vrai du XIXème et du XXème siècle, avec les Italiens, les Polonais, d'autres qui se sont intégrés. Ensuite, il y a eu à la fois une invasion... euh, une immigration de provenance d'Afrique et du Maghreb. Non pas une invasion, qu'il n'y ait pas de lapsus sur le sujet.



Trop tard... mais que le panneau est énorme! Je ne peux pas croire qu'une telle bourde soit spontanée. Sachant que dans les milieux particulièrement médiatisés on aime se lancer des défis, comme par exemple placer un mot totalement hors-sujet dans une interview, je ne serais pas surpris qu'il s'agisse d'un pari entre Éric Besson et Brice Hortefeux et/ou Nicolas Sarkozy, simplement pour faire bondir la gauche et générer un buzz médiatique. Une sorte de provocation "pour faire chier les cons" dirait Dieudonné qui doit regretter de ne pas en être l'auteur.

Ce qui est sûr, c'est qu'avec cette déclaration Éric Besson, qui publiait il y a à peine deux ans un livre à charge très percutant contre son nouveau patron, vient de compléter son bizutage. Le voici à présent en deuxième année à la grande école du Sarkozisme.


Aurélien
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Élucubrations sous le Soleil

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L'UMP tenait son Conseil National le week-end dernier avec en point d'orgue le discours du Président de la République. En rupture avec la tradition selon laquelle le Chef de l'État est au-dessus des partis politiques, Nicolas Sarkozy est venu imposer son sceau sur ce que devra devenir son principal outil politique.

Avant son intervention se sont succéder à la tribune plusieurs orateurs plus ou moins inspirés, et l'on a pu ainsi assister à une série d'élucubrations toutes plus sophistiquées les unes que les autres. Un spectacle un brin ringard - je vous invite à visionner ici la présentation de la nouvelle équipe dirigeante par le benjamin du bureau politique - sans cohérence ni réalisme, pour un parti de plus en plus à l'image de son chef: narcissique.


Ça ne veut rien dire mais ça sonne bien:

En totale "cohérence" avec la résolution élyséenne, faite lors de ce Conseil National, de faire de l'UMP un grand parti populaire proche des travailleurs, Frédéric Lefebvre, en prévision du mouvement social prévu ce jeudi, annonce que l'UMP souhaite sanctionner les abus du droit de grève. Évidemment, il ne précise pas ce qu'il entend par là... Est-ce faire grève trop souvent? Trop longtemps? C'est très simple une grève, il faut: être au moins deux, cesser totalement son travail pendant une période pouvant s'étaler sur moins d'une journée à plusieurs mois, déposer au moins une revendication d'ordre professionnel ainsi qu'un préavis de cinq semaines (pour les services publics seulement). On voit mal comment quiconque pourrait abuser de ce droit, et donc encore moins comment sanctionner. Mais Frédéric Lefebvre n'est après tout que porte-parole, pas porte-pensée. Pour se rapprocher de l'identité ouvrière, rien de tel que de prendre les travailleurs pour des idiots.


L'ouverture comme attrappe-couillon :

Avec la nomination d'Éric Besson au poste de Secrétaire Général Adjoint de l'UMP, Nicolas Sarkozy pense pouvoir vanter sa stratégie dite d'ouverture aux autres courants politiques du pays. Dans son intervention François Fillon aura réussi à le faire applaudir par l'ensemble des responsables UMP présents, Axel Poniatowski inclus. Sauf qu'en s'encartant à l'UMP Éric Besson achève sa mue. Il n'est plus socialiste. Il a changé d'équipe et ne roule plus que pour son nouveau parti. Quand une équipe de foot achète un joueur, celui-ci ne peut plus défendre les couleurs de son ancienne équipe. Il ne s'agit donc pas d'ouverture, mais d'assimilation. Comme l'avait prédit François Bayrou dès 2007, participer à l'ouverture sarkoziste c'est se condamner à se renier ou disparaître. Éric Besson, spécialisé en économie, réalise-t-il seulement le trophée sarkoziste qu'il est devenu avec sa double nomination au ministère de l'immigration et à un poste important à l'UMP?


Plus c'est gros plus ça passe:

Le nouveau Secrétaire Général de l'UMP, Xavier Bertrand, a fièrement annoncé vouloir atteindre la barre symbolique des 500 000 adhérents de l'UMP d'ici 2012, contre environ 280 000 aujourd'hui. Autrement dit, on double en 3 ans, ce qui représente entre 70 000 et 80 000 adhésions par an en moyenne. À moins d'une sérieuse manipulation des chiffres - notez ici comme le texte annonce 400 000 adhérents tandis qu'en haut à droite on en annonce 113 000 de moins - ou d'offrir une carte d'adhérent à chaque nouveau chômeur en 2009, l'objectif est complètement démesuré, d'autant plus quand la tendance actuelle est inverse. Peu importe, ça galvanise les troupes. Xavier Bertrand l'annonce donc, et l'ensemble des conseillers nationaux d'applaudir...


Raffarinade astronomique:

Quand vous êtes le soleil, c'est bien d'avoir des étoiles qui expriment la diversité. Et puis l'étoile doit devenir soleil, et à ce moment là il faut l'aider. Voici ce qu'il y a retenir des propos de Jean-Pierre Raffarin lors du Conseil National de l'UMP. L'étoile de la diversité, c'est Rachida Dati qui quittera le ministère de la Justice pour conduire, derrière Michel Barnier, la liste UMP aux européennes pour la région Île-de-France. Et qui est le soleil? Éblouissant...


Le Soleil brillait, n'ayant pas d'alternative, sur le rien de neuf.
[Samuel Beckett]


Aurélien
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dimanche 25 janvier 2009

Diversité: passe-partout?

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Depuis quelques années, en France, le débat sur la discrimination positive et le besoin de voir la diversité du peuple représentée fidèlement en politique se poursuit. Il est clair que les deux assemblées, pour ne citer qu'elles, sont très loin du compte. Toutefois je suis convaincu qu'il n'est pas souhaitable d'effectuer un rééquilibre précipité qui consisterait à promouvoir la diversité au détriment des compétences et de l'expérience.


Un exemple récent de cette éventuelle dérive touche directement le Mouvement Démocrate. Azouz Begag, ancien ministre du gouvernement Villepin puis candidat MoDem aux législatives à Lyon, annonce sa candidature à figurer en tête de liste aux prochaines élections européennes, pour la région Sud-Est.



Si je ne remets pas en cause son droit à se porter candidat, ni ne doute de la compatibilité de ses idées avec celles qui s'organisent actuellement au MoDem, deux éléments me poussent à la réserve sur cette candidature.

D'abord, Azouz Begag a déjà été candidat à beaucoup de candidatures... aux législatives de 1997 en tant que "divers gauche", parce que le RPR lui avait préféré un élu local malgré l'aval de Matignon, il se retira avant le scrutin, comme aux dernières municipales lyonnaises. Aux européennes de 1999 il était intéressé à figurer sur la liste du Parti Communiste, mais refusa faute d'y figurer en position éligible. Il aurait songé à se lancer aux municipales de 2001, mais finalement y renonça. Bref, jusqu'ici malgré de nombreuses prises d'élan son seul saut dans l'arène électorale jusqu'au scrutin fut celui des législatives de 2007.
Si je loue l'engagement politique, je suis sceptique devant autant de candidatures pour des postes totalement différents les uns des autres. Maire, député national et député européen sont trois fonctions tout à fait distinctes ; trois "terrains de jeu" bien séparés. Pour quelqu'un qui s'est toujours présenté comme relativement déstabilisé par les codes établis dans le monde politique, notamment lorsqu'il fut propulsé sans aucune expérience à la tête d'un ministère, il y a là un étrange et récurrent acharnement à se mettre en déséquilibre. J'y vois, peut-être à tort mais c'est bel et bien l'impression qu'Azouz Begag me laisse, un manque de lucidité, pour ne pas dire de sérieux.

Deuxième élément, et principale source de mon scepticisme: la raison qu'il invoque pour légitimer sa candidature à conduire une liste MoDem aux européennes. Pour lui c'est simple, il s'agit de diversité. Extrait d'un article de Libération:

"Les politiques français ne peuvent plus faire comme si rien ne s'était passé. Avec l'arrivée d'Obama, tout a changé. C'est pour cela que ma candidature tombe à pic". Azouz Begag dit avoir fait part de cette candidature à François Bayrou qui, selon lui, l'aurait pris comme un "cadeau". "Il faut que le MoDem joue cette carte. C'est l'hypothèse gagnante". Il assure qu'il peut faire "mieux" que Jean-Luc Benhamias, actuel député européen, et pressenti, tout comme l'ancien député de Saint-Etienne Gilles Artigues pour mener cette liste MoDem. Une bataille interne rangée qui ne semble guère effrayer le nouveau candidat à la candidature. Comme à son habitude, Azouz Begag rue dans les brancards de son parti sur fond d'une Obamania totalement assumée. Quitte à résumer sa candidature à la posture de la diversité. " Rachida Dati est candidate UMP à Paris, je dois être le candidat MoDem pour le Sud-Est."


Déjà, Gilles Artigues et Jean-Luc Benhamias ne sont pas n'importe qui au sein du Mouvement Démocrate. Les deux ont une longue expérience politique. Ils ont été élus, à eux deux, à toutes les fonctions auxquelles Azouz Begag à postulé - ou envisagé de postuler - et occupent des fonctions importantes dans le parti. Ils connaissent parfaitement tous les codes que lui perçoit plus souvent, selon ses propres termes, comme une cage. C'est notamment le cas pour Jean-Luc Benhamias au niveau européen qui nous intéresse dans cette élection. L'ancien ministre de l'Égalité des Chances affiche donc un culot certain en assurant pouvoir faire mieux que l'un ou l'autre.
Ensuite son argument unique, qu'il pense sans doute "massue", de la diversité est tout bonnement irrecevable à mes yeux. Qu'on écarte quelqu'un malgré ses compétences à cause de son appartenance à une minorité est honteux. Mais que l'on impose quelqu'un à un tel niveau de la vie politique sur sa seule appartenance à une minorité l'est tout autant. Même si son élection a changé beaucoup de choses, et contrairement à ce que semble penser Azouz Begag, Barack Obama n'a pas été élu parce qu'il était noir mais justement parce qu'il a su dépasser cette question. Il est totalement absurde de penser que toute personne issue d'une minorité ait automatiquement acquis une quelconque légitimité politique suite aux dernières présidentielles américaines. Idem pour la diversité "faire valoir" actuelle au gouvernement.

Si Azouz Begag veut prendre exemple sur Rachida Dati, je lui recommande vivement d'écouter le discours de Nicolas Sarkozy en clôture du conseil national de l'UMP. Dans une digression sensée vanter le tandem qui mènera la liste UMP en Île-de-France, Nicolas Sarkozy s'étend d'abord sur le cas de Michel Barnier, auquel il prête toutes les qualités du monde, et le présente comme celui qui aura longtemps assuré à lui seul la crédibilité de toute la droite française sur le plan européen... avant de dire qu'il formera avec Rachida Dati un binôme tout à fait complémentaire. La future ex-Garde des Sceaux appréciera. Si c'est par ce genre d'exploitation opportuniste de l'actualité qu'Azouz Begag veut défendre une cause aussi importante que la diversité en politique, c'est qu'il n'a pas intégré les valeurs fondamentales du Mouvement Démocrate. Souhaitons que sa profession de foi soit un peu plus étoffée et centrée sur la nature de l'élection.


Là où elle n'est pas suffisante, la diversité doit être un objectif. En ce sens, pour celui qui veut représenter tous ceux qui ne le sont pas encore, l'appartenance à une minorité est une condition nécessaire mais elle ne peut en aucun cas s'avérer suffisante.



Aurélien
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vendredi 23 janvier 2009

Le coming-out comme arme politique

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Roger Karoutchi, Secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, a décidé de sortir du placard et de révéler publiquement son homosexualité. Si cela peut aider d'autres homosexuels, notamment adolescents, à mieux vivre et se faire accepter, tant mieux et merci pour eux. Cette raison, à mes yeux la seule qui ne puisse faire l'objet d'aucune polémique, ne figure pourtant pas parmi celles avancées.



Deux autres raisons semblent motiver cette révélation:

La première, évoquée par l'intermédiaire d'un proche, serait un "devoir de transparence". Sauf que, de l'aveu de ce même proche, Roger Karoutchi ne cachait pas son homosexualité et vante même le "comportement naturel" de Nicolas Sarkozy et François Fillon, qui ont toujours invité son compagnon aux réceptions officielles ou privées de l'Élysée et de Matignon, au même titre que les conjoints de ses collègues. Le monde politique, et du coup très certainement médiatique, en était donc déjà informé. Il ne s'agit pas pour Roger Karoutchi de se faire accepter par son milieu.
Il s'agirait plutôt d'être transparent auprès des militants UMP, des électeurs d'Île de France en prévision des élections régionales, pour lesquelles il brigue la tête de liste UMP, et de l'ensemble des citoyens. Je reste extrêmement sceptique quant à l'intérêt que peuvent porter les français à ce genre d'information. Que les débats sur le mariage homosexuel ou l'adoption d'enfants par des couples homosexuels soient encore chauds aujourd'hui, j'en conviens. Mais je suis certain que le simple fait d'être homosexuel pour un homme politique n'a aujourd'hui plus aucune importance pour une très grande majorité de français. D'ailleurs une énorme majorité de commentaires sur les sites d'informations traitant ce coming-out se résument à: On s'en fout.
Ce "devoir de transparence" est donc, selon moi, au mieux illusoire, au pire un prétexte.

La seconde raison est évoquée du bout des lèvres par ce même proche: Avant les régionales, il voulait également éviter les petites attaques homophobes, les petits sous-entendus souvent glissés dans les combats politiques. Ce point semble à priori plus crédible, notamment lorsqu'il s'agit de l'UMP comptant parmi ses élus des hommes comme le député Christian Vanneste, à l'origine de déclarations controversées: l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité […]. Je n’ai pas dit que l’homosexualité était dangereuse. J’ai dit qu’elle était inférieure à l’hétérosexualité. Si on la poussait à l’universel, ce serait dangereux pour l’humanité […]. Pour moi leur comportement est un comportement sectaire. Je critique les comportements, je dis qu’ils sont inférieurs moralement […] . Valérie Pécresse, catholique pratiquante et principale rivale de Roger Karoutchi lors de ces primaires à l'UMP, est elle-même très réservée sur les droits au mariage ou à l'adoption des homosexuels, bien que son ministère mène une campagne contre l'homophobie dans les universités. Les attaques et sous-entendus redoutés par Roger Karoutchi, de part la bienveillance de l'omnipotent Chef de l'État évoquée plus haut, auraient pu cependant être prohibés, et éventuellement sanctionnés, en interne.
Là encore, je ne vois qu'un prétexte.

Il faut regarder ailleurs... Le scoop de ce coming out était réservé au magazine l'Optimum. Une interview est programmée dans l'émission "7 à 8" sur TF1 ce dimanche pour confirmer. Un livre, "Mes quatre vérités", où Roger Karoutchi parle dans un court passage de son orientation sexuelle, doit bientôt paraître. Tout ceci représente bel et bien un plan de communication parfaitement ficelé... et urgent quand on entend ici et là que la course électorale interne pour les régionales ne se présente pas sous les meilleures augures. Rien de tel qu'un bon buzz médiatique pour relancer la machine.

Ainsi Roger Karoutchi semble exploiter sa vie privée, son orientation sexuelle, à des fins carriéristes. Autrement, un simple communiqué aurait suffit. Comme en son temps le candidat Sarkozy aurait juré sur la tête de son fils que le couple qu'il formait avec Cécilia était solide, ou la candidate Royal exploitait ses tribulations conjugales pour combler de l'espace médiatique. Je trouve cela regrettable et indigne des fonctions politiques auxquelles ses personnes aspirent.

Ce qui me rassure, c'est qu'une fois encore l'opinion publique semble avoir une longueur d'avance sur le monde politique. Un tel tapage médiatique autour d'une information qui génère autant d'indifférence - l'homosexualité étant de plus en plus tolérée et Karoutchi ne fascinant pas les français autant que Sarkozy ou Royal - sera très probablement inefficace pour celui qui l'aura initié et aura donc toutes les chances de ne pas se renouveler.



Aurélien
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jeudi 22 janvier 2009

Les Jeudis d'Edgar - 13 - Double regard sur Israël et la Palestine

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Chaque jeudi (ou presque...) je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, ce nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.


Durant les récents événements en Palestine, j'ai trouvé les dirigeants du MoDem extrêmement timides et prudents dans leurs interventions. Je sais bien que la complexité du conflit rend toute précipitation dangereuse et tout parti pris risqué politiquement, mais un mouvement qui se veut humaniste et juste se trahit lorsqu'il reste autant en retrait devant une telle tragédie.

Si l'on se veut humaniste et juste, alors une approche nouvelle de la situation israélo-palestinienne est nécessaire. Dans une tribune publiée en septembre 1997 dans le journal Libération, Edgar Morin proposait d'aborder la question du Proche-Orient avec un double regard permettant de saisir la double tragédie:

Considéré isolement, chacun des points de vue, l'israélien et le palestinien est légitimé. Mais à utiliser le double regard, on perçoit une dialectique infernale et un cercle vicieux, lequel a créé un asservisseur et un asservi. On ne peut limiter son regard aux seuls innocents israéliens déchiquetés sous une bombe. On doit aussi regarder en face tant d'humiliations, de souffrances, de mépris subis par les palestiniens occupés demeurés sans cesse victimes d'une culpabilité collective en vertu de laquelle on fait sauter une maison familiale et l'on boucle un territoire.

Il faut voir aussi que durant le processus historique de ces décennies, la nation palestinienne s'est forgée dans la résistance et que l'unité israélienne s'est elle-même forgée dans la lutte. Les deux nations se sont trempées, comme souvent, grâce à l'ennemi mortel. Mais le terrible est qu'il y a deux nations ennemies pour un même territoire, et que les deux nationalismes empêchent un État binational.


Ce double regard permet aussi de se libérer d'une illusion d'égalité des rapports de force. Une illusion portée par les termes médiatiques tels que "guerre israélo-palestinienne". Cette illusion tend à masquer la disproportion des moyens comme des victimes ; une disproportion qui existait déjà bien avant la récente invasion de la bande Gaza par Tsahal qui l'a révélée au monde entier comme jamais auparavant.

Cette fausse symétrie, Edgar Morin en énonçait les méfaits dans une autre tribune, publiée dans le Monde en juin 2002:

La fausse symétrie masque la totale inégalité dans le rapport des forces et elle masque l'évidence simple que le conflit oppose des occupants qui aggravent leur occupation et des occupés qui aggravent leur résistance. La fausse symétrie occulte l'évidence que le droit et la justice sont du côté des opprimés. La fausse symétrie met sur le même plan les deux camps, alors que l'un fait la guerre à l'autre qui n'a pas les moyens de la faire et n'oppose que des actes sporadiques de résistance ou de terrorisme.


Seul un double regard, contrairement à l'alignement sur l'argumentaire isolé d'un des deux camps, permet selon moi une discussion saine et constructive sur la question, ce qui est essentiel pour espérer un jour atteindre un équilibre stable en Israël comme en Palestine. Toute autre approche, forcément partisane, ne pourra qu'échouer du point du vue du droit et de la justice. Pour illustrer cette dernière idée, voici un débat déjà vieux de deux ans entre Edgar Morin et Alain Finkielkraut autour de la question "Qu'est-ce qu'être juif aujourd'hui":




Je ne sais pas si vous percevez comme moi, dans ce débat, tout ce qu'Alain Finkielkraut oublie, volontairement ou non, tout ce qu'il ne reconnaît pas au peuple palestinien en ne considérant que l'argumentaire israélien.

Si une issue est possible elle ne pourra advenir que par ce double regard qui serait pratiqué non seulement par la communauté internationale et ses institutions mais surtout par les protagonistes de premier plan eux-mêmes. Comme à une autre époque la France et l'Allemagne ont su émettre des signaux forts de reconnaissance mutuelle, Israéliens et Palestiniens devront chacun reconnaître durablement et sans aucune retenue la dignité de l'autre.

Deux éléments récents semblent favoriser une telle issue: l'élection de Barack Obama, et son ambition affichée de rompre avec la diplomatie américaine des huit dernières années, ainsi que la levée du tabou de la tragédie palestinienne, de part l' hyper-médiatisation des dégâts humains et matériels de l'opération "plomb-durci", qui aura fortement éveillé les opinions publics et une part de la classe politique des grandes puissances.

Deux éléments peuvent s'y opposer: l'éventuelle victoire électorale du Likoud en février prochain, qui annoncerait un retour aux années Netanyahou et Sharon, et le renforcement, aujourd'hui difficilement mesurable, du Hamas comme de toutes les haines réciproques la région et au-delà.


En attendant (Godot? Clinton? Bilak?), nous ne pouvons que regarder en face la double tragédie, des deux yeux et non d'un seul oeil borgne.


Pour lire ou relire tous les épisodes des Jeudis d'Edgar, c'est par ici.


Aurélien

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mercredi 21 janvier 2009

Parce qu'il fera date...

Parce qu'il vaut mieux que tous les commentaires, analyses et récupérations ; parce qu'il est exceptionnel par son contexte, son orateur, son contenu et sa forme, je ressentais comme un devoir de lui faire une petite place ici, sur le bord de ma fenêtre...

Voici l'intégralité du discours d'investiture - version française trouvée ici - prononcé par Barack Obama ce mardi 20 janvier 2009:



Mes concitoyens,


Je suis ici devant vous aujourd'hui empli d'un sentiment d'humilité face à la tâche qui nous attend, reconnaissant pour la confiance que vous m'avez témoignée et conscient des sacrifices consentis par nos ancêtres.



Je remercie le président Bush pour ses services rendus à la nation ainsi que pour la générosité et la coopération dont il a fait preuve tout au long de cette passation de pouvoirs.

Quarante-quatre Américains ont maintenant prêté le serment présidentiel. Ils l'ont fait alors que gonflait la houle de la prospérité sur les eaux calmes de la paix. Mais il arrive de temps à autre que ce serment soit prononcé alors que s'accumulent les nuages et que gronde la tempête. Dans ces moments, l'Amérique a gardé le cap, non seulement en raison de l'habileté ou de la vision de ses dirigeants, mais aussi parce que Nous le Peuple, sommes demeurés fidèles aux idéaux de nos ancêtres et à notre constitution. Ainsi en a-t-il toujours été. Ainsi doit-il en être pour la présente génération d'Américains.

Nul n'ignore que nous sommes au beau milieu d'une crise. Notre nation est en guerre contre un vaste réseau de violence et de haine. Notre économie est gravement affaiblie, conséquence de la cupidité et de l'irresponsabilité de certains, mais aussi de notre échec collectif à faire des choix difficiles et à préparer la nation à une nouvelle ère. Des gens ont perdu leur maison ou leur emploi, des entreprises ont dû fermer leurs portes. Notre système de santé coûte trop cher. Nos écoles laissent tomber trop d'enfants et chaque jour apporte de nouvelles preuves que la façon dont nous utilisons l'énergie renforce nos adversaires et menace notre planète.
Ce sont les signes de la crise en termes statistiques. Mais, si elle n'est pas aussi tangible, la perte de confiance dans tout le pays n'en est pas moins profonde, nourrie de la crainte tenace que le déclin de l'Amérique soit inévitable et que la prochaine génération doive diminuer ses ambitions.
Je vous dis aujourd'hui que les défis auxquels nous faisons face sont réels. Ils sont importants et nombreux. Nous ne pourrons les relever facilement ni rapidement. Mais, sache le, Amérique, nous le relèverons.

En ce jour, nous sommes réunis car nous avons préféré l'espoir à la peur, la volonté d'agir en commun au conflit et à la discorde.
En ce jour nous proclamons la fin des doléances mesquines et des fausses promesses, des récriminations et des dogmes éculés qui ont pendant trop longtemps étouffé notre vie politique.
Nous demeurons une jeune nation. Mais pour reprendre les mots de la Bible, le temps est venu de se défaire des enfantillages. Le temps est venu de réaffirmer la force de notre caractère, de choisir la meilleure part de notre histoire, de porter ce précieux don, cette noble idée transmise de génération en génération: la promesse de Dieu que nous sommes tous égaux, tous libres et que nous méritons tous la chance de prétendre à une pleine mesure de bonheur.
Nous réaffirmons la grandeur de notre nation en sachant que la grandeur n'est jamais donnée mais se mérite. Dans notre périple nous n'avons jamais emprunté de raccourcis et ne nous sommes jamais contentés de peu. Cela n'a jamais été un parcours pour les craintifs, ceux qui préfèrent les loisirs au travail ou ne recherchent que la richesse ou la célébrité.

Au contraire, ce sont plutôt ceux qui ont pris des risques, qui ont agi et réalisé des choses - certains connus, mais le plus souvent des hommes et des femmes anonymes - qui nous ont permis de gravir le long et rude chemin vers la prospérité et la liberté. Pour nous, ils ont rassemblé leurs maigres possessions et traversé des océans en quête d'une vie nouvelle. Pour nous, ils ont trimé dans des ateliers de misère et colonisé l'Ouest. Ils ont connu la morsure du fouet et la dureté du labeur de la terre. Pour nous, ils se sont battus et sont morts dans des lieux comme Concord et Gettysburg, en Normandie ou à Khe-Sanh (Vietnam, ndlr).

A maintes reprises ces hommes et ces femmes se sont battus, se sont sacrifiés, ont travaillé à s'en user les mains afin que nous puissions mener une vie meilleure. Ils voyaient en l'Amérique quelque chose de plus grand que la somme de leurs ambitions personnelles, que toutes les différences dues à la naissance, la richesse ou l'appartenance à une faction.

C'est la voie que nous poursuivons aujourd'hui. Nous demeurons la nation la plus prospère, la plus puissante de la Terre. Nos travailleurs ne sont pas moins productifs qu'au début de la crise. Nos esprits ne sont pas moins inventifs, nos biens et services pas moins demandés que la semaine dernière, le mois dernier ou l'an dernier. Nos capacités demeurent intactes. Mais il est bien fini le temps de l'immobilisme, de la protection d'intérêts étroits et du report des décisions désagréables.

A partir d'aujourd'hui, nous devons nous relever, nous épousseter et reprendre la tâche de la refondation de l'Amérique. Où que nous regardions, il y a du travail. L'état de l'économie réclame des gestes audacieux et rapides. Et nous agirons - non seulement pour créer de nouveaux emplois mais pour jeter les fondations d'une nouvelle croissance. Nous allons construire les routes et les ponts, les réseaux électriques et numériques qui alimentent notre commerce et nous unissent.

Nous redonnerons à la science la place qu'elle mérite et utiliserons les merveilles de la technologie pour accroître la qualité des soins de santé et diminuer leur coût. Nous dompterons le soleil, le vent et le sol pour faire avancer nos automobiles et tourner nos usines. Nous transformerons nos écoles et nos universités pour répondre aux exigences d'une ère nouvelle. Nous pouvons faire tout cela et nous le ferons.

Cela dit, il y a des gens pour s'interroger sur l'ampleur de nos ambitions, et suggérer que notre système n'est pas capable de faire face à trop de grands projets à la fois. Ils ont la mémoire courte. Ils ont oublié ce que ce pays a déjà accompli, ce que des hommes et des femmes libres peuvent réaliser quand l'imagination sert un objectif commun et que le courage s'allie à la nécessité.

Ce que les cyniques ne peuvent pas comprendre, c'est que le sol s'est dérobé sous leurs pieds et que les arguments politiques rancis auxquels nous avons eu droit depuis si longtemps, ne valent plus rien. La question aujourd'hui n'est pas de savoir si notre gouvernement est trop gros ou trop petit, mais s'il fonctionne - s'il aide les familles à trouver des emplois avec un salaire décent, à accéder à des soins qu'ils peuvent se permettre et à une retraite digne. Là où la réponse à cette question est oui, nous continuerons. Là où la réponse est non, nous mettrons un terme à des programmes.

Et ceux d'entre nous qui gèrent les deniers publics seront tenus de dépenser avec sagesse, de changer les mauvaises habitudes, de gérer en pleine lumière - c'est seulement ainsi que nous pourrons restaurer l'indispensable confiance entre un peuple et son gouvernement.

La question n'est pas non plus de savoir si le marché est une force du bien ou du mal. Sa capacité à générer de la richesse et à étendre la liberté est sans égale. Mais cette crise nous a rappelé que sans surveillance, le marché peut devenir incontrôlable, et qu'une nation ne peut prospérer longtemps si elle ne favorise que les plus nantis. Le succès de notre économie n'est pas uniquement fonction de la taille de notre produit intérieur brut. Il dépend aussi de l'étendue de notre prospérité, de notre capacité à donner une chance à ceux qui le veulent - non par charité mais parce que c'est la meilleure voie vers le bien commun.

En ce qui concerne notre défense à tous, nous rejetons l'idée qu'il faille faire un choix entre notre sécurité et nos idéaux. Nos Pères fondateurs, face à des périls que nous ne pouvons que difficilement imaginer, ont mis au point une charte pour assurer la prééminence de la loi et les droits de l'Homme, une charte prolongée par le sang de générations. Ces idéaux éclairent toujours le monde, et nous ne les abandonnerons pas par commodité.

A tous les peuples et les gouvernants qui nous regardent aujourd'hui, depuis les plus grandes capitales jusqu'au petit village où mon père est né (au Kenya, ndlr): sachez que l'Amérique est l'amie de chaque pays et de chaque homme, femme et enfant qui recherche un avenir de paix et de dignité, et que nous sommes prêts à nouveau à jouer notre rôle dirigeant.

Rappelez-vous que les précédentes générations ont fait face au fascisme et au communisme pas seulement avec des missiles et des chars, mais avec des alliances solides et des convictions durables. Elles ont compris que notre puissance ne suffit pas à elle seule à nous protéger et qu'elle ne nous permet pas d'agir à notre guise. Au lieu de cela, elles ont compris que notre puissance croît lorsqu'on en use prudemment; que notre sécurité découle de la justesse de notre cause, la force de notre exemple et des qualités modératrices de l'humilité et de la retenue.

Nous sommes les gardiens de cet héritage. Une fois de plus guidés par ces principes, nous pouvons répondre à ces nouvelles menaces qui demandent un effort encore plus grand, une coopération et une compréhension plus grande entre les pays.

Nous allons commencer à laisser l'Irak à son peuple de façon responsable et forger une paix durement gagnée en Afghanistan. Avec de vieux amis et d'anciens ennemis, nous allons travailler inlassablement pour réduire la menace nucléaire et faire reculer le spectre du réchauffement de la planète.

Nous n'allons pas nous excuser pour notre façon de vivre, ni hésiter à la défendre, et pour ceux qui veulent faire avancer leurs objectifs en créant la terreur et en massacrant des innocents, nous vous disons maintenant que notre résolution est plus forte et ne peut pas être brisée; vous ne pouvez pas nous survivre et nous vous vaincrons.

Nous savons que notre héritage multiple est une force, pas une faiblesse. Nous sommes un pays de chrétiens et de musulmans, de juifs et d'hindous, et d'athées. Nous avons été formés par chaque langue et civilisation, venues de tous les coins de la Terre. Et parce que nous avons goûté à l'amertume d'une guerre de Sécession et de la ségrégation (raciale), et émergé de ce chapitre plus forts et plus unis, nous ne pouvons pas nous empêcher de croire que les vieilles haines vont un jour disparaître, que les frontières tribales vont se dissoudre, que pendant que le monde devient plus petit, notre humanité commune doit se révéler, et que les Etats-Unis doivent jouer leur rôle en donnant l'élan d'une nouvelle ère de paix.

Au monde musulman: nous voulons trouver une nouvelle approche, fondée sur l'intérêt et le respect mutuels. A ceux parmi les dirigeants du monde qui cherchent à semer la guerre, ou faire reposer la faute des maux de leur société sur l'Occident, sachez que vos peuples vous jugeront sur ce que vous pouvez construire, pas détruire.

A ceux qui s'accrochent au pouvoir par la corruption et la fraude, et en bâillonnant les opinions dissidentes, sachez que vous êtes du mauvais côté de l'histoire, mais que nous vous tendrons la main si vous êtes prêts à desserrer votre étau.

Aux habitants des pays pauvres, nous promettons de travailler à vos côtés pour faire en sorte que vos fermes prospèrent et que l'eau potable coule, de nourrir les corps affamés et les esprits voraces.

Et à ces pays qui comme le nôtre bénéficient d'une relative abondance, nous disons que nous ne pouvons plus nous permettre d'être indifférents aux souffrances à l'extérieur de nos frontières, ni consommer les ressources planétaires sans nous soucier des conséquences. En effet, le monde a changé et nous devons évoluer avec lui.

Lorsque nous regardons le chemin à parcourir, nous nous rappelons avec une humble gratitude ces braves Américains qui, à cette heure précise, patrouillent dans des déserts reculés et des montagnes éloignées. Ils ont quelque chose à nous dire aujourd'hui, tout comme les héros qui reposent (au cimetière national) à Arlington nous murmurent à travers les âges.

Nous les honorons non seulement parce qu'ils sont les gardiens de notre liberté, mais parce qu'ils incarnent l'esprit de service, une disponibilité à trouver une signification dans quelque chose qui est plus grand qu'eux. Et à ce moment, ce moment qui définira une génération, c'est précisément leur esprit qui doit tous nous habiter.

Quoi qu'un gouvernement puisse et doive faire, c'est en définitive de la foi et la détermination des Américains que ce pays dépend. C'est la bonté d'accueillir un inconnu lorsque cèdent les digues, le désintéressement d'ouvriers qui préfèrent travailler moins que de voir un ami perdre son emploi, qui nous permet de traverser nos heures les plus sombres. C'est le courage d'un pompier prêt à remonter une cage d'escalier enfumée, mais aussi la disponibilité d'un parent pour éduquer un enfant, qui décide en définitive de notre destin.

Les défis face à nous sont peut-être nouveaux. Les outils avec lesquels nous les affrontons sont peut-être nouveaux. Mais les valeurs dont notre succès dépend, le travail, l'honnêteté, le courage et le respect des règles, la tolérance et la curiosité, la loyauté et le patriotisme, sont anciennes. Elles sont vraies. Elles ont été la force tranquille du progrès qui a sous-tendu notre histoire. Ce qui est requis, c'est un retour à ces vérités. Ce qui nous est demandé maintenant, c'est une nouvelle ère de responsabilité, une reconnaissance, de la part de chaque Américain, que nous avons des devoirs envers notre pays et le monde, des devoirs que nous n'acceptons pas à contrecoeur mais saisissons avec joie, avec la certitude qu'il n'y a rien de plus satisfaisant pour l'esprit et qui définisse notre caractère, que de nous donner tout entier à une tâche difficile.
C'est le prix, et la promesse, de la citoyenneté.
C'est la source de notre confiance, savoir que Dieu nous appelle pour forger un destin incertain.
C'est la signification de notre liberté et de notre credo, c'est la raison pour laquelle des hommes, des femmes et des enfants de toutes les races et de toutes les croyances peuvent se réjouir ensemble sur cette magnifique esplanade, et pour laquelle un homme dont le père, il y a moins de 60 ans, n'aurait peut-être pas pu être servi dans un restaurant de quartier, peut maintenant se tenir devant vous pour prêter le serment le plus sacré.

Donc marquons ce jour du souvenir, de ce que nous sommes et de la distance que nous avons parcourue. Aux temps de la naissance des Etats-Unis, dans les mois les plus froids, un petit groupe de patriotes s'est blotti autour de feux de camp mourants, au bord d'une rivière glacée. La capitale fut abandonnée. L'ennemi progressait. La neige était tachée de sang. Au moment où l'issue de notre révolution était la plus incertaine, le père de notre nation (George Washington, nldr) a donné l'ordre que ces mots soit lus: "Qu'il soit dit au monde du futur, qu'au milieu de l'hiver, quand seul l'espoir et la vertu pouvaient survivre, que la ville et le pays, face à un danger commun, (y) ont répondu".

Ô Etats-Unis, face à nos dangers communs, dans cet hiver de difficultés, rappelons-nous ces mots éternels. Avec espoir et courage, bravons une fois de plus les courants glacés, et supportons les tempêtes qui peuvent arriver. Qu'il soit dit aux enfants de nos enfants que lorsque nous avons été mis à l'épreuve, nous avons refusé de voir ce parcours s'arrêter, nous n'avons pas tourné le dos ni faibli. Et avec les yeux fixés sur l'horizon et la grâce de Dieu, nous avons continué à porter ce formidable cadeau de la liberté et l'avons donné aux générations futures."


Et maintenant, les actes.


Aurélien
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mardi 20 janvier 2009

Le Président qui brouille l'écoute

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Pendant qu'aux États-Unis un nouveau président, rassembleur de son peuple autour d'immenses espoirs pour son pays comme pour le monde, est investi, le chef de l'État français rassemble lui aussi... mais autour de frustrations et d'humiliations.


Lors de sa première visite de suivi de la réforme de la carte militaire, à Provins, l'omniprésident est passé aux aveux:

Dès que je veux changer quelque chose, toutes les formes du conservatisme se mobilisent. J'étais préparé à ça. J'écoute, mais je ne tiens pas compte.



Ça a le mérite d'être clair... Que tous parlementaires de l'opposition, et même de la majorité, les syndicats ou les associations qui doivent le rencontrer dans les prochains jours annulent tout. À quoi bon se déplacer, mobiliser du personnel et des moyens pour aller parler à un mur? Votre avis, quel qu'il soit, ne sera pas pris en compte. Même si vous êtes en accord, inutile de le lui faire savoir, puisque c'est justement son avis il le connaît déjà et soyez certain qu'il sera pris en compte.

Ce n'est pas comme si en temps de crise, en pleine tempête réformatrice, un quelconque consensus pourrait être utile...

Pourtant, au soir du 6 mai 2007, lors de son discours victorieux prononcé salle Gaveau, Nicolas Sarkozy lançait:

J’appelle chacun à ne pas se laisser enfermer dans l’intolérance et dans le sectarisme, mais à s’ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions.

Un sérieux volte-face donc, qui laisse penser qu'il se juge lui-même conservateur, qu' il s'écoute mais ne tient pas compte... Ou alors simplement qu'il navigue à vue, sans autre projet que de tout bouleverser selon une idéologie de bric et de broc non identifiable. Un Frankenstein politique qui finira par générer ce qu'il cherche à abolir. Plus personne ne le comprend - il ne se comprend plus lui-même -, tout ce qu'il dit et fait pousse au pessimisme tant le pire semble inévitable tandis qu'apparaît de plus en plus clairement ce qu'il faudrait faire pour se donner une chance de l'éviter.

Ironiquement, le jour même de cette déclaration autistique, les États-Unis, pays que Nicolas Sarkozy adule, émettent un signal tout à fait inverse...


Aurélien
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lundi 19 janvier 2009

Blue Monday

Selon des psychologues britanniques le troisième lundi du mois de janvier serait le jour le plus déprimant de l'année.
À l'origine de ce qu'ils nomment "Blue Monday" ou "Gloomy Monday", cette observation est fondée sur une formule "scientifique" à six variables:

[W + (D-d)] x TQ

M x Na

où ces variables sont:
- La météo (W);
- L'endettement (D-d);
- L'après Noël (T);
- L'échec des bonnes résolutions (Q);
- Un bas niveau de motivation (M);
- Le besoin de se mettre en action (NA).




Cette année ce jour tombe le 19 janvier... aujourd'hui, et serait un cru particulièrement chargé en ondes négatives.

Qu'à cela ne tienne, The Optimists Society (La Société des Optimistes) prend les choses en main et organise une série de manifestations - parmi lesquelles l'emblématique sprint sur 500 mètres en robe fantaisiste afin de collecter des fonds pour une bonne cause - pour remonter le moral de leurs concitoyens et répandre de la bonne humeur.

C'est que si la fiabilité de l'équation plus haut est discutable et discutée, une étude américaine menée sur 20 ans auprès de plus de 4 700 personnes, et rapportée par le très sérieux British Medical Journal le 8 décembre 2008, avance que la bonne humeur peut se transmettre à trois degrés relationnels ; ma bonne humeur pourra atteindre les amis des amis de mes amis. D'autres résultats chiffrés indiquent que le bonheur des uns augmentent significativement les chances de bonheur des autres. Par exemple, un ami heureux résidant à moins de 2 km de chez vous augmentera vos chances de bonheur de 25% ; 8% pour une conjointe aux anges, 14% pour une frère béat, 34% pour un voisin sifflotant.

Petite digression: l'étude ne s'étend pas sur le fait que les conjoints semblent les plus hermétiques au bonheur de leur douce moitié...

La conclusion de l'étude est que le bonheur des uns dépend significativement du bonheur de ceux auxquels il sont connectés. Ce qui devrait nous convaincre de considérer le bonheur, au même titre que la santé, comme un phénomène collectif.

Sourire, c'est oublier la grimace.

:)


Aurélien
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vendredi 16 janvier 2009

Au-delà de l'héroïsme

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En parvenant à se frayer un chemin dans le ciel de Manhattan puis à amerrir son Airbus A320 sur le fleuve Hudson en préservant la vie de ses 150 passagers et de son équipage, et même l'intégrité de son appareil, Chesley Sullenberger est devenu un héros non seulement pour les États-Unis mais pour le monde entier. Une telle démonstration de sang-froid et de maîtrise, de chance aussi, sans doute, assortie d'une issue aussi miraculeuse ne pouvait que le couvrir d'éloges. C'est amplement mérité.

Cependant l'ampleur médiatique accordée à cet événement et la déferlante de commentaires admiratifs qui s'en suit m'interroge. Je ne doute pas une seconde de la sincérité du soulagement ni de l'admiration, ils sont justifiés et même bienvenus, là n'est pas la question. J'ai simplement l'impression que ce qui est unanimement qualifié de miracle ne se limite pas à cet avion et ses passagers. Comme si le monde se réjouissait de bien plus que ces 155 vies sauvées ; comme si un soupir universel nous soulageait tous d'une angoisse indicible.

Mais de quelle angoisse peut-il bien s'agir?





Chesley Sullenberger a sauvé non seulement les vies de ceux qu'il transportait, mais aussi les victimes d'une éventuelle collision avec un quelconque bateau navigant à ce moment précis sur l'Hudson, ou pire, celle d'un éventuel crash en plein coeur de Manhattan. Imaginez qu'en pleine crise Israélo-Palestinienne, alors que la guerre sans fin contre le terrorisme se poursuit en Irak et en Afghanistan, le jour même du discours d'adieu de G.W. Bush à la Maison Blanche, un Airbus A320 s'écrase en plein Manhattan. Imaginez d'abord la panique, le traumatisme pour des New-Yorkais qui s'efforcent depuis plus de 7 ans de surmonter la tragédie du 11 Septembre 2001. Imaginez ensuite la spéculation médiatique mondiale sur les causes d'un tel événement. Imaginez enfin l'éventuelle manipulation politique et géostratégique qui aurait pu s'en suivre.

Dans un contexte de crise mondiale économique, écologique, sociale ou encore ethnico-religieuse, l'espoir est mis à mal. L'espoir, dont la flamme vacillait d'abord en 2000 avec la victoire controversée de G.W. Bush sur Al Gore, avant de s'éteindre dans les décombres du World Trade Center, est réapparue en novembre dernier avec l'élection historique de Barack Obama. Un espoir si grand que devant les atrocités apparemment sans fin de Gaza, le monde entier se prend à avoir hâte au 20 janvier, date de prise de pouvoir du 44e Président des Etats-Unis, comme si l'humanité avait rendez-vous avec elle-même pour se remettre sur le chemin de la paix. Et comme un encouragement à y croire, le miracle se produit à quelques centaines de mètres de Ground Zero, quelques heures avant le discours de fin de mandat du pire président que l'Amérique ait connu.

La boucle est bouclée ; une nouvelle ère peut commencer.


Les grandes choses peuvent se manifester par de petits signes.
[Sigmund Freud]


Aurélien
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Génèse d'un remaniement

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Quelque part dans la tête de Nicolas Sarkozy, entre deux SMS, début décembre 2008:


Bon alors...

Pour le remaniement...

Alors Devedjian de l'UMP à la relance pour faire croire que je sais ce que je fais pour la crise... Et comme ça je reprend la main sur le parti pour 2012 et lui est content de la promotion, vu tout ce qu'il sait sur le 92 c'est pas plus mal.

Bertrand du Travail à l'UMP... Comme si c'était moi... Et si je mettais mon Jean pour prendre sa place d'adjoint? Chiche... Non quand même... ou alors pour occuper le terrain médiatique quand ça ce calmera à Gaza.... On verra...

Hortefeux de l'Immigration au Travail...Il va te me les aligner les syndiqués mon Brice... pourrait les balancer dans des charters pour Cuba tiens... héhé... faudra que je lui ressorte celle-là...



Besson du Numérique à l'Immigration... Juste histoire d'emmerder les socialos...

Kosciusko-Morizet de l'Écologie au Numérique... Et du coup de Borloo à Fillon... Elle fera moins de bruit et en même temps elle est pas à l'abri de réussir quelque chose dans ce domaine dont je me fous comme de mon premier blackberry...


Et alors, donc, à l'Écologie...

Euh...


Ah... oui... Darcos m'a demandé de faire un geste pour les lycéens qui défilent depuis des semaines... tiens je vais passer la Jeunesse de la Santé aux Solidarités Actives... Il passe bien avec les jeunes Hirsch, et puis il a le temps...

La Ville je la passe du Logement au Travail... Logique... La Fadela trouvait Boutin autoritaire, je vais la mettre avec Brice...

Et donc... il me reste toujours cette case de l'Écologie... Yade elle peut aller se gratter après le coup des européennes... Carlita je crois que j'ai pas le droit... Je sais! Mon Jean!... Ah non... ça serait abusé... non, pas avant 2010... raison de plus pour lui proposer le poste de Bertrand à l'UMP tiens... Bref... Pour l'Écologie...


Oh et puis merde... je laisse la case grise...


On verra plus tard... c'est pas comme si l'Écologie c'était urgent.


Alors... Qu'est-ce que ça donne?






Bon ben voilà! Ils sont beaux! Ils peuvent remarque... vu qu'ils servent presque tous à rien... Pourquoi je peux pas montrer ceux de l'Élysée? Faudra que je demande à Guéant...

Enfin...

Bon y a plus qu'à prévenir Opinion Way que les français seront d'accord avec moi sur ces changements...



Une case grise pour l'écologie... tout un symbole, non?


Aurélien
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jeudi 15 janvier 2009

Les Jeudis d'Edgar - 12 - Noosphère et idées

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Chaque jeudi (ou presque...) je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, ce nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.


La noosphère est un concept, développé par Pierre Teilhard de Chardin, qui, comme la lithosphère englobe la masse inerte ou la biosphère la masse vivante, englobe la "masse" intellectuelle de notre monde. Certains préfèrent la réduire à la "conscience collective", d'autres utilisent le terme "extelligence". Pour Edgar Morin, il s'agit de la sphère de l'imaginaire, des mythes, des dieux, des idées.

(Merci à Jef Safi pour cette photo... je vous conseille son blog poétique, complexe et allumé)


Extraits du premier chapitre des 7 savoirs nécessaires à l'éducation du futur:

Marx disait justement : "les produits du cerveau humain ont l’aspect d’êtres indépendants, doués de corps particuliers, en communication avec les humains et entre eux.".

Disons plus : les croyances et les idées ne sont pas seulement des produits de l’esprit, ce sont aussi des êtres d’esprit ayant vie et puissance. Par là, elles peuvent nous posséder.
Nous devons être bien conscients que, dès l’aube de l’humanité, s’est levée la noosphère, sphère des choses de l’esprit, avec le déploiement des mythes, des dieux, et le formidable soulèvement de ces êtres spirituels a poussé, entraîné l’homo sapiens à des délires, massacres, cruautés, adorations, extases, sublimités inconnus dans le monde animal. Depuis cette aube, nous vivons au milieu de la forêt de mythes qui enrichissent les cultures.
Issue tout entière de nos âmes et de nos esprits, la noosphère est en nous et nous sommes dans la noosphère. Les mythes ont pris forme, consistance, réalité à partir de fantasmes formés par nos rêves et nos imaginations. Les idées ont pris forme, consistance, réalité à partir des symboles et des pensées de nos intelligences. Mythes et Idées sont revenus sur nous, nous ont envahis, nous ont donné émotion, amour, haine, extase, fureur. Les humains possédés sont capables de mourir ou de tuer pour un dieu, pour une idée. Encore à l’aube du troisième millénaire, comme les daimons des Grecs et parfois comme les démons de I’Evangile, nos démons « idééls » nous entraînent, submergent notre conscience, nous rendent inconscients tout en nous donnant l’illusion d’être hyperconscients.

Pour tout être humain, ce qui se perd dans cette illusion d'hyperconscience c'est l'incertitude qui doit permettre une vigilance non seulement critique mais autocritique.

Pour ceux qui s'engagent en politique, l'illusion est d'autant plus forte et difficile à lever que l'objectif est de convaincre les autres du bien-fondé de ses idées et de ses actions. Pour être convaincant il faut être convaincu, dit-on, et tout changement d'opinion (sincère ou intéressé) hantera son auteur pour des années et le verra porter l'étiquette de girouette ou d'amateur du retournement de veste. Ceci ajoute une chappe de plomb sur cette illusion d'hyperconscience de celui qui émet ses idées tout en renforçant l'illusion d'hyperconscience de celui qui les reçoit.

Pour notre mouvement qui ambitionne de faire de la politique autrement, et de rendre aux citoyens leur liberté d'information, d'analyse et de compréhension, il serait sans doute intéressant de réfléchir à de nouvelles articulations et de présentation de nos idées afin qu'y transparaissent cette vigilance autocritique et cette incertitude que je qualifierais d'éthique.


Les sociétés domestiquent les individus par les mythes et les idées qui, à leur tour, domestiquent les sociétés et les individus, mais les individus pourraient réciproquement domestiquer leurs idées en même temps qu’ils pourraient contrôler leur société qui les contrôle. Dans le jeu si complexe (complémentaire-antagoniste-incertain) d’asservissement-exploitation-parasitismes mutuels entre les trois instances (individu +-, société q+ noosphère), il y a peut être place pour une recherche symbiotique. Il ne s’agit nullement de nous donner comme idéal de réduire les idées à de purs instruments et à en faire des choses. Les idées existent par et pour l’homme, mais l’homme existe aussi par et pour les idées. Nous ne pouvons bien nous en servir que si nous savons aussi les servir. Ne faut-il pas prendre conscience de nos possessions pour pouvoir dialoguer avec nos idées, les contrôler autant qu’elles nous contrôlent et leur appliquer des tests de vérité et d’erreur?

Dans le contexte politique comme ailleurs, ces tests peuvent d'abord correspondre à une interaction et interstimulation des idées entre elles, pour les améliorer, en faire disparaître certaines et émerger des nouvelles. D'où l'intérêt d'un Mouvement Démocrate ouvert et diversifié à l'écoute de toutes ses composantes. Ces tests peuvent aussi correspondre à une confrontation au réel. En ce sens, par exemple, l'idée d'une étude d'impact d'une loi avant son implication me paraît riche de bon sens et d'éthique (à condition d'être menée aussi objectivement que possible).


Une idée ou une théorie ne devrait ni être purement et simplement instrumentalisée, ni imposer ses verdicts de façon autoritaire ; elle devrait être relativisée et domestiquée. Une théorie doit aider et orienter les stratégies cognitives qui sont menées par des sujets humains.
Il nous est très difficile de distinguer le moment de séparation et d’opposition entre ce qui est issu de la même source : l’Idéalité, mode d’existence nécessaire de l’Idée pour traduire le réel, et l’Idéalisme, prise de possession du réel par l’idée ; la rationalité, dispositif de dialogue entre l’idée avec le réel, et la rationalisation, qui empêche ce même dialogue. De même, il y a une très grande difficulté à reconnaître le mythe caché sous le label de science ou de raison.

Je ne vois là que la confirmation que les idées sont similaires aux êtres humains chez qui il est difficile de distinguer ce qui vient de l'inné ou de l'acquis, du conscient ou de l'inconscient, du Ça, du Soi, du Moi ou du Surmoi, etc... C'est pourquoi les idées doivent être respectées. En écrivant ces mots il me vient, dans un sourire, l'idée d'une Déclaration Universelle des Droits des Idées... Serait-ce, après tout, si absurde?


Une fois encore, nous voyons que le principal obstacle intellectuel à la connaissance se trouve dans notre moyen intellectuel de connaissance. Lénine a dit que les faits étaient têtus. Il n’avait pas vu que l’idée fixe et l’idée-force, donc les siennes, étaient plus têtues encore. Le mythe et l’idéologie détruisent et dévorent les faits.
Et pourtant, ce sont des idées qui nous permettent de concevoir les carences et les dangers de l’idée. D’où ce paradoxe incontournable : nous devons mener une lutte cruciale contre les idées, mais nous ne pouvons le faire qu’avec le secours des idées. Nous ne devons jamais oublier de maintenir nos idées dans leur rôle médiateur et nous devons les empêcher de s’identifier avec le réel. Nous ne devons reconnaître comme dignes de foi que les idées qui comportent l’idée que le réel résiste à l’idée. Telle est une tâche indispensable dans la lutte contre l’illusion.

J'insiste ici sur le rôle médiateur de nos idées. Trop souvent les mouvements politiques fondent leurs projets et justifient leurs actions sur et par l'idéologie à l'origine de leur existence. Ceci leur impose de figer les idées quand tout autour d'eux évolue en permanence. On mesure aujourd'hui l'état des partis politiques français qui se sont créés sur des idéologies plus que sur des valeurs. La force d'un parti politique moderne est donc aussi d'être indépendant de toute idéologie, ce qui lui permet d'être ouvert à toutes les idéologies et donc, selon les nécessités du réel, de légitimement s'inspirer des unes comme des autres.

Pour lire ou relire tous les épisodes des Jeudis d'Edgar, c'est par ici.


Aurélien

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mercredi 14 janvier 2009

Quatre mousquetaires à l'assaut de l'Europe

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Ils sont quatre à avoir récemment créé un parti politique et à le présenter pour la première fois au suffrage d'une élection européenne. Pour ces quatre-là, ces prochaines échéances revêtent une importance particulière puisque le mode de scrutin - proportionnel plurinominal à un tour - permet aux "petits" partis de tirer leur épingle du jeu. C'est l'élection qui leur est non seulement la plus favorable mais aussi, sans aucun doute, celle qui se joue sur un terrain et des enjeux qui leur tiennent à cœur, au point souvent d'être à l'origine de leur volonté d'indépendance de l'UMP ou du PS.

Les candidats français se départageront 74 sièges en juin 2009, et nul doute que les luttes seront acharnées. Dans un contexte de crise quasi-générale qui ne prête pas à l'optimisme pour l'UMP au pouvoir, contre lequel se retourne souvent les électeurs dans ce type d'élections, ni pour le PS toujours pris dans ces divisions, toujours inaudible et qui retrouve ici le thème européen sur lequel il s'était déchiré en 2005, il est certain que les partis "marginaux", dont le message pro ou anti Union Européenne est connu, fort et porteur, peuvent faire un "coup".

Quelles sont leurs forces, leurs faiblesses, les risques qu'ils encourent?




1 - François Bayrou - Mouvement Démocrate

L'Europe est le terrain de prédilection de François Bayrou, et plus généralement des centristes. Sur la question le Mouvement Démocrate possède une crédibilité à la fois historique et porteuse de changement. La troisième force politique de France représente donc le danger numéro un pour les deux gros partis que sont l'UMP et le PS, qui ne devraient pas se gêner pour sortir l'artillerie lourde, d'autant que le mode de scrutin et la présence du MoDem au sein de l'ADLE permettront d'éviter la question des d'alliances. Un score identique aux élections de 2004 (autour de 11%) serait un bon résultat, mais je pense que le Mouvement Démocrate peut légitimement espérer mieux et pourquoi obtenir un des deux meilleurs scores au niveau national.



2 - Jean-Luc Mélenchon - Parti de Gauche

Le clivage entre son mouvement et le PS est né suite à sa campagne active pour le "non" lors du référendum de 2005. La question européenne n'ayant pas été réglée depuis au PS, le Parti de Gauche devrait être en mesure, pour sa toute première élection, de réaliser un score intéressant au détriment de ses amis socialistes. Il se pourrait même qu'il fédère aussi, par son discours à la fois anti-Lisbonne et anti-Sarkozy, quelques voix communistes et d'extrême gauche. Ce qui est certain, c'est que pour montrer que son existence est légitime, il ne fera de cadeau à personne.






3 - Nicolas Dupont-Aignan - Debout la République

Il semble acquis qu'il représentera les euro-sceptiques de droite, puisque le MPF de Philippe de Villiers se rallie chaque jour un peu plus à la majorité UMP. Il se pourrait qu'il rassemble une bonne partie des voix gaullistes qui ont dans cette élection une excellente occasion de freiner l'élan sarkoziste qui les essouffle quotidiennement. La principale difficulté de DLR, par rapport aux trois autres "mousquetaires", sera d'être audible. Il ne bénéficie pas d'un espace médiatique aussi étendu que Bayrou, Besancenot ou toute source de discorde au PS, ce que sera la candidature de Mélenchon, et l'UMP, comme lors des présidentielles, jouera l'indifférence. À moins d'un sursaut inattendu dans les sondages la mission paraît impossible.



4 - Olivier Besancenot - Nouveau Parti Anticapitaliste

Plus que son discours euro-sceptique, c'est son discours anti-Sarkozy qui devrait lui apporter le gros de ses voix, cristallisant toutes les frustrations actuelles dues à la crise économique ainsi qu'aux réformes menées au pas de charge sur tous les fronts. La clé pour le NPA sera de bien gérer l'émergence du Parti de Gauche, ne pas se faire syphoner comme le PS. Jean-Luc Mélenchon tente d'ailleurs un rapprochement, sans doute plus dans l'espoir d'attirer les nouveaux venus à la LCR que pour définir une véritable stratégie d'alliance. Médiatiquement, il y a de fortes chances qu'il cède du temps de parole à... Jean-Luc Mélenchon toujours. Cette élection est à haut risque pour le parti d'Olivier Besancenot, qui n'avait pas rassemblé 3% des voix en 2004. Une bonne performance du Parti de Gauche pourrait hypothéquer son avenir à long terme.


La confirmation Bayrou, la demi-surprise Mélenchon, l'échec Dupont-Aignan et la déception Besancenot. Les deux premiers pouvant se mêler à la lutte entre UMP et PS. Voici ma prédiction pour ces élections européennes de 2009. Quelle est la votre?

Une des clés de ce scrutin sera, comme toujours, la participation. Pour ces quatre "mousquetaires", ils trouveront dans un taux de participation élevé un intérêt commun. Et puisqu'ils partagent ce baptême du feu européen, une même inquiétude face aux dérives du pouvoir en place à Paris comme à Bruxelles ainsi qu'une même envie de redéfinir le paysage politique français, peut-être pourraient-ils se rassembler pour un appel à un sursaut démocratique.


Aurélien
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