jeudi 31 juillet 2008

Les Jeudis d'Edgar - 05 - L'évadé du paradigme

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Chaque jeudi je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, ce nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.

Pour ce cinquième jeudi consacré à l'auteur de La Méthode, je viens citer la première page du premier tome intitulé La Nature de la Nature, publié en 1977. En relisant ce livre plus de 30 ans après sa publication, j'ai eu envie de mettre au défi n'importe quel sympathisant ou adhérent au MoDem, peut-être même toute personne engagée politiquement, de ne pas s'y reconnaître.


L'évadé du paradigme

Je suis de plus en plus convaincu que les problèmes dont l'urgence nous accroche à l'actualité exigent que nous nous en arrachions pour les considérer en leur fond.

Je suis de plus en plus convaincu que nos principes de connaissances occultent ce qu'il est désormais vital de connaître.



Je suis de plus en plus convaincu que la relation science-idéologie-politique demeure, quand elle n'est pas invisible, traitée de façon indigente, par la résorption, dans un terme devenu maître, des deux autres.


Je suis de plus en plus convaincu que les concepts dont nous nous servons pour concevoir notre société - toute société - sont mutilés et débouchent sur des actions inévitablement mutilantes.


Je suis de plus en plus convaincu que la science anthropo-sociale a besoin de s'articuler sur la science de la nature, et que cette articulation requiert une réorganisation de la structure même du savoir.


Mais l'ampleur encyclopédique et la radicalité abyssale de ces problèmes inhibent et découragent, et ainsi la conscience même de leur importance contribue à nous en détourner. En ce qui me concerne, il m'a fallu des circonstances et des conditions exceptionnelles pour que je passe de la conviction à l'action, c'est-à-dire au travail.

Je suis toujours étonné de voir, au travers de la gravité d'Edgar Morin comme du comique de Michel Serrault, à quel point 30 ans d'histoire n'ont rien changé au constat que l'on peut faire sur l'état de l'homme, de la société ou de monde. Le constat est simplement sans doute plus cinglant aujourd'hui, l'urgence se concrétise.

Ma lecture de la situation du MoDem est que nous avons, depuis plus d'un an, vécu les circonstances et conditions exceptionnelles qui nous ont permis d'écrire la première page de notre oeuvre, celle du constat. Celle qui nous renvoie l'ampleur de notre ambition. Celle qui nous permet de nous opposer, avec crédibilité, à ceux qui nous semblent aggraver la situation. En relisant ce bille je regrette d'ailleurs ne pas avoir débuté cette série des Jeudis d'Edgar par cette citation.

Pour passer du constat, de la conviction et de l'opposition à l'action, la proposition et la construction, il nous faut écrire les milliers de pages suivantes. Il s'agit de définir notre réforme de l'action politique afin de faire du MoDem - seule alternative aux partis existants qui ordonnent, asservissent, manipulent et dirigent - le mouvement qui organise, associe, communique et anime.


Pour lire ou relire les épisodes précédents, c'est par ici:

Les Jeudis d'Edgar - 01 - Le problème d'une démocratie cognitive


Les Jeudis d'Edgar - 02 - Appel pour les biens communs


Les Jeudis d'Edgar - 03 - Travailler à "bien penser"

Les Jeudis d'Edgar - 04 - Retour aux sources


Aurélien

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