lundi 23 juin 2008

Énième conflit d'intérêts...

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Le 10 juin dernier, dans le cadre des débats autour de la Loi de Modernisation de l'Économie, nos députés ont accepté un amendement autorisant, par exception, la société Numericable à installer de droit des réseaux de fibre optique pour tous les immeubles qu'elle a déjà câblés. Le débat est en ligne ici (faire une recherche dans la page du numéro 576), rapporté ici et dénoncé par l'U.F.C. Que Choisir.


Numericable est responsable, selon leur propre site web, de plus de 99% des réseaux câblés en France. En Août 2007 "Numericable devient la marque unique rassemblant les anciens réseaux France Télécom Câble, NC Numericable, TDF Câble, UPC et Noos". Autrement, la concurrence est de fait éliminée de ce marché par le vote de l'amendement cité plus haut. En soi c'est déjà une injustice profonde, autant pour les consommateurs que pour les autres opérateurs.



Tout ceci devient encore plus suspect quand on constate qu'en Décembre 2007, le célèbre Carlyle Group se réjouit de devenir un des actionnaires principaux de Numericable, puis qu'en Mars 2008 Olivier Sarkozy, demi-frère de Nicolas, rejoint l'investisseur pour prendre la tête de ses services financiers.

Au-delà du fait qu'on peut s'inquiéter de voir un proche du Président de la République rejoindre un groupe contesté, comme le rapporte performancebourse.com, "pour avoir accueilli des membres de la famille Ben Laden à son tour de table, au même titre que John Major, James Baker, George Bush père ou encore Franck Carlucci, ancien directeur de la CIA et secrétaire à la Défense américain", on constate qu'Olivier Sarkozy rejoint Paul Desmarais, l'une des plus grosses fortunes canadiennes et dont le fils, Paul junior, est membre du Conseil d'Administration de Total et de Suez*. Son père est aussi un proche de Nicolas Sarkozy, au point d'avoir été de la fête du 6 Mai 2007 au Fouquet's et d'être décoré Grand Croix de la Légion d'Honneur, honneur rarissime, par le Président de la République en Février dernier. Ce dernier à même déclaré: "Si je suis aujourd’hui président, je le dois en partie aux conseils, à l’amitié et à la fidélité de Paul Desmarais."

Pour résumer, le demi-frère du Président de la République et l'homme à qui il affirme devoir son poste figurent parmi les décideurs d'un groupe d'investissements dont l'une des compagnies vient d'obtenir le monopole d'un marché juteux par le vote, discret, d'un simple amendement par nos députés.

C'est, après Bouygues, Dassault, Arnault, Bolloré, un énième conflit d'intérêts au sommet de l'État qui vient ternir encore un peu plus notre République et restraindre la confiance que le peuple français peut avoir en ses élus. Le MoDem, comme tous ceux qui osent encore croire en l'intégrité, la transparence et la justice, se doit de ne pas laisser de telles actions sous silence.


Aurélien

*: Souvenez-vous que c'est avec Suez que G.D.F. doit fusionner... Projet aujourd'hui soutenu par Nicolas Sarkozy alors qu'en 2004 il annonçait le contraire. À croire que les conseils, l'amitié et la fidélité de Paul Desmarais n'ont pas de prix...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour cet article. Je ne savais pas pour Carlyle et Numéricable. C'est noté. @ bientôt.

Anonyme a dit…

Excellent article comme d'hab, merci, virginie v

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