vendredi 10 avril 2009

Faut-il connaître un sujet pour en parler?

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Le Président de la République a multiplié, depuis le début de l'année, les déplacements en province en s'entourant de dispositifs de sécurité toujours plus imposants. Cette stratégie lui donnant une image à la fois peureuse et coupée du peuple, l'Élysée tente de corriger le tir ; l'équation à résoudre: réduire le dispositif de sécurité, rapprocher les français du Président, ne pas le faire chahuter. Pas facile...


Mais Nicolas Sarkozy à trouvé la parade: la visite surprise. Et c'est sans prévenir les grands médias ni l'inscrire à son agenda que Nicolas Sarkozy a rendu une visite "surprise", en compagnie du Ministre de l'Éducation Nationale Xavier Darcos, au Lycée Samuel de Champlain de Chennevières-sur-Marne. Tout s'est très bien passé, personne ne s'est fait chahuté... Alors quoi? Les français, notamment les lycéens, ne seraient donc pas si hostiles au Président ni à son Ministre? Non. Croire cela serait oublier que pour l'Élysée, bien souvent, la communication suffit. On annonce que le dispositif de sécurité sera réduit, inutile de le réduire vraiment. En effet, le quartier du lycée était totalement bouclé. Et pour minimiser encore les risques, la visite a eu lieu le mercredi après-midi, c'est à dire dans un lycée vidé de l'immense majorité de ses élèves. Ne baissons pas trop la garde tout de même...

En ce qui concerne le débat auquel a participé Nicolas Sarkozy, plusieurs extraits ont été mis en ligne rapportant quelques propos du Président. Si quelques unes de ses interventions me semblent intéressantes, notamment sur la responsabilisation des lycéens (encore faut-il voir comment concrétiser cette bonne intention...), il en est une qui m'inquiète et m'amuse en même temps. La voici:



Faut-il faire un Bac S pour faire médecine? Pour répondre à cette question il est sans doute bon de rappeler en premier lieu que la médecine est une science, et que le S du Bac S signifie justement, sans doute par un hasard absolu, "scientifique". Par ailleurs les lycéens scientifiques doivent choisir une spécialité lorsqu'ils atteignent la Terminale, année du Bac. Le choix se fait entre les maths, la physique-chimie et les SVT (Sciences de la Vie et de la Terre). Cette dernière spécialisation, héritière de l'ancien Bac D, est la voie la plus naturelle vers des études de médecine puisqu'elle met l'accent sur la biologie. Pour ceux qui auront pris cette option, c'est logiquement cette spécialité qui aura le plus gros coefficient au Bac. Les mathématiques ne sont donc ni le seul critère de sélection des étudiants en médecine, ni même le plus important.

Donc pour répondre au Président: Oui, il faut faire S pour faire médecine. Et même S-SVT. C'est en tout cas fortement conseillé, comparativement à la filière économique ou littéraire. Les qualités intuitives que met en avant Nicolas Sarkozy dans son intervention devraient pourtant le mener à la même conclusion. D'ailleurs, on pourrait s'interroger sur les capacités logiques et intuitives d'un lycéen qui choisirait de faire un Bac littéraire dans le but de devenir, par exemple, pédiatre ou chirurgien. Tout le monde n'a pas la chance de jouir d'une polyvalence élyséenne...

Bien sûr, il n'est pas interdit de trouver sa véritable vocation pendant ou même après l'année du Bac, et de changer de voie. Cependant pourquoi ne pas simplement en accepter les conséquences et repartir un ou deux ans en arrière afin de parcourir le bon chemin dans son intégralité et mettre ainsi toutes les chances de son côté? La compétence passe qu'on le veuille ou non par des connaissances solides et une maîtrise des outils de base spécifiques au champ d'étude. Passer directement d'un Bac littéraire à une première année de médecine c'est d'abord, au moins en partie, gâcher sa formation littéraire et surtout partir avec un très lourd handicap par rapport aux autres étudiants qui eux auront suivi la voie scientifique. Quand on sait l'ampleur de l'écrémage qui a lieu lors des premières années de médecine, mieux vaut arriver bien armé pour relever le défi.

Plutôt que de mettre en danger d'échec les étudiants en ajoutant de la confusion et de l'improvisation à la résignation - très peu de lycéens et d'étudiants choisissent une voie par vocation réelle -, je pense que le gouvernement serait mieux avisé de réformer le système éducatif afin de faire émerger les vocations et de les aider à se réaliser. Il s'agirait de mettre fin à la compartimentation des savoirs, à la spécialisation bornée et aveugle aux autres disciplines, d'équilibrer les qualités requises, de les élargir aux qualités humaines, au savoir être. On touche là à la réforme de l'Éducation et de la Pensée Complexe proposée par Edgar Morin.

Ironiquement, sans vraiment le vouloir ni le comprendre, je pense que c'est, indirectement et malgré lui, ce pour quoi plaide Nicolas Sarkozy dans cette intervention. Comme quoi - pas que ce soit une surprise - il est possible de parler d'un sujet sans le connaître... Il est, en revanche, indispensable de le comprendre pour agir dessus efficacement.


Aurélien
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mercredi 8 avril 2009

La honte de ce pays

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Lors de sa campagne présidentielle, et peut-être même avant, Nicolas Sarkozy menait la charge de la droite dite décomplexée. De fait, depuis l'arrivée du Président actuel à son précédent poste au Ministère de l'Intérieur, nous avons en France une droite qui s'assume, qui n'a plus peur de défendre les plus riches, de s'attaquer aux acquis sociaux, de parler d'immigration ou d'identité nationale, le tout en n'hésitant pas à s'approprier les références et valeurs de ses adversaires. Force est de constater qu'électoralement parlant, ça fonctionne plutôt bien pour elle.

Sauf que celui qui aura décomplexé son camp semble aujourd'hui subir un méchant retour de bâton et n'assume plus grand chose, au point de se ridiculiser et de craindre plus que jamais la réalité. Pour illustrer ceci, je vous propose d'observer les faits lors de l'arrivée du couple présidentiel américain à Strasbourg pour le récent sommet de l'OTAN.


Cette photo a fait le tour des médias, vous avez sans doute déjà vu que le Président de la République se tient là sur la pointe des pieds. Veut-il se grandir par rapport à Obama ou Carla? Peu importe... Ce qui est à noter c'est qu'en ce moment historique, puisqu'il s'agit de la première visite du nouveau Président américain en France, qui plus est pour un sommet de l'OTAN marqué par le retour tout aussi historique de la France dans ses structures militaires, Nicolas Sarkozy n'a en tête que son image et son complexe d'infériorité.

Il en est obsédé au point d'oublier les dizaines de photographes sur place, les rédactions, blogueurs et commentateurs qui ne manqueront pas de le moquer. Lui, la bête de communication, dans un moment d'émotion certainement intense, perd ses moyens, le sens des réalités et oublie sa fonction pour ne penser qu'à sa petite - sans jeu de mot - personne.

S'il évitait ce genre de puérilités - car ce n'est pas la première fois et c'est même quasi-systématique lorsqu'il est à côté de Carla Bruni - ceux qui se moqueraient de sa petite taille seraient les imbéciles. Par ce comportement c'est lui-même qui ouvre le feu nourri des quolibets. En cédant ainsi à son complexe il affiche non seulement ses craintes mais aussi sa perception des observateurs parmi lesquels, non des moindres, le peuple français qui, consciemment ou non, ne peut voir là que quelqu'un qui au fond n'a que sa propre image à l'esprit. Une image qu'il n'aime pas.

Tout ceci ne serait après tout pas si grave si ce n'était que sa propre réalité physique que Nicolas Sarkozy fuyait. Mais le complexe va bien au-delà car c'est aussi du peuple qu'il représente - nous - qu'il a honte:



Ce n'est pas la première fois que de telles mises en scène sont réalisées pour ne pas offusquer Nicolas Sarkozy. On se souvient du dernier salon de l'agriculture ou plus récemment du discours de Saint-Quentin, sans oublier les centaines de forces de l'ordre déployées lors de chacun de ses déplacements pour surtout ne pas croiser de français autres que ses fanatiques. Tous ces précédents sont déjà inacceptables en eux-mêmes dans une démocratie, mais là il s'agit de la visite d'un chef d'état étranger, et pas n'importe lequel. Dans cette mise en scène, c'est aussi Barack Obama qui est pris pour une truffe, car je doute fort qu'il ait été mis au courant que les mains serrées ce jour là étaient exclusivement celles d'adhérents UMP et non représentatives du peuple de France.

Évidemment, le Président américain jouissant d'une popularité immense dans son pays et bien au-delà, son homologue français n'aurait pu souffrir quelques huées à son encontre révélant sa propre impopularité. Il lui aurait alors fallu honteusement expliquer à son invité que les français sont des bœufs indignes sans savoir vivre. Non... autant les tenir à l'écart et ne présenter au premier Président américain issu des minorités et représentatif de la diversité de son pays que des gentils petits adhérents de l'UMP, tous plus blancs les uns que les autres, pour représenter la France, pays uniforme s'il en est comme chacun sait...

De ce dont je me souviens de ses deux prédecesseurs, même au plus bas dans les sondages, et même bien plus bas que Nicolas Sarkozy actuellement en ce qui concerne Chirac, ils allaient encore serrer les mains de tous les français. À moins que les sondages actuels ne mentent dans les grandes largeurs sur la popularité de l'exécutif... Pour l'anecdote, Chirac, toujours lui, se faisant interpeller "Connard!" répondait dans un large sourire "Enchanté, moi c'est Chirac". Une hauteur de vue et d'esprit dont le Président actuel - "Casse-toi, pauv'con" - est incapable, même sur la pointe des pieds.

Non seulement Nicolas Sarkozy a peur des français, il en a honte comme il a honte de lui-même. Nous sommes son complexe, la réalité qui le blesse.

Et il nous le rend bien...


Aurélien
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mardi 7 avril 2009

Le degré zéro de la politique...

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Et même en deçà. Le comble du mépris, de l'arrogance aussi ; les tontons flingueurs... en beaucoup moins drôle. 5 minutes de mensonges, de mépris et de mauvaise foi absolue:


No comment.


Aurélien
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jeudi 2 avril 2009

Les Jeudis d'Edgar - 23 - Complexité, Enseignement, Humanisme

Chaque jeudi (ou presque...) je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, ce nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.

Ce long billet tente de tisser des liens non seulement entre la Pensée Complexe et le projet politique et sociétal du Mouvement Démocrate, mais aussi entre Éducation et Humanisme, deux thèmes majeurs au MoDem.


Les disciplines devraient par ailleurs être inscrites dans des "objets" à la fois naturels et culturels, comme le monde, la Terre, la vie, l'humanité. Ils sont naturels car ils sont perçus par chacun dans leur globalité, et nous semblent évidents. Or ces objets naturels ont disparu de l'enseignement ; ils sont actuellement morcelés et dissous par les disciplines non seulement physiques et chimiques, mais aussi biologiques (puisque les disciplines biologiques traitent de molécules, de gènes, de comportements, etc., et rejettent comme inutile la notion même de vie) ; de même, les sciences humaines ont morcelé et occulté l'humain en tant que tel, et les théoriciens du structuralisme ont même pensé présomptueusement qu'il fallait dissoudre la notion d'homme. [Edgar Morin - Relier les connaissances]

Parce que la réalité n'est pas disciplinaire, c'est notre esprit qui la morcelle ainsi, Edgar Morin nous invite constamment à relier les connaissances, à les "tisser" ensemble (complexus). Les études disciplinaires, qui forgent une bonne part de notre identité, représentent un danger d'enfermement, d'aveuglement. Il serait avantageux d'apprendre aux élèves à reconnaître les liens qui existent entre les disciplines, entre les multiples facettes d'une même problématique.


L'explication est un processus abstrait de démonstrations logiquement effectuées, à partir de données objectives, en vertu de nécessités causales matérielles ou formelles et/ou en vertu d'une adéquation à des structures ou modèles. La compréhension se meut principalement dans les sphères du concret, de l'analogique, de l'intuition globale, du subjectif. L'explication se meurt principalement dans les sphères de l'abstrait, du logique, de l'analytique, de l'objectif. La compréhension comprend en vertu de transferts projectifs/identificatifs. L'explication explique en vertu de la pertinence logico-empirique de ses démonstrations. Alors que comprendre est saisir les significations existentielles d'une situation ou d'un phénomène, "expliquer, c'est situer un objet ou un événement par rapport à son origine ou mode de production, ses parties ou composants constitutifs, sa constitution, son utilité, sa finalité."(J. Schlanger)[Edgar Morin - La connaissance de la connaissance]

L'enseignement français suit généralement une logique mathématique classique qui n'évolue que trop rarement et par petites retouches. Une logique quasi-exclusivement déductive et démonstrative qui limite la compréhension au point de laisser, parfois, les enseignants impuissants face à certaines incompréhensions des élèves. La Pensée Complexe entend stimuler l'induction, les associations d'idées, l'imaginaire ou encore la créativité, notamment grâce aux boucles dialogiques.


L'éducation doit donc se vouer à la détection des sources d'erreur, d'illusion et d'aveuglements...L'importance du fantasme et de l'imaginaire chez l'être humain est inouïe ; étant donné que les voies d'entrée et de sortie du système neuro-cérébral, qui mettent en connexion l'organisme et le monde extérieur, ne représentent que 2 % de l'ensemble, alors que 98 % concernent le fonctionnement intérieur, il s'est constitué un monde psychique relativement indépendant, où fermentent besoins, rêves, désirs, idées, images, fantasmes, et ce monde imprègne notre vision ou conception du monde extérieur...

Ce qui permet la distinction entre veille et rêve, imaginaire et réel, subjectif et objectif, c'est l'activité rationnelle de l'esprit qui fait appel au contrôle de l'environnement (résistance physique du milieu au désir et à l'imaginaire), au contrôle de la pratique (activité vérificatrice), au contrôle de la culture (référence au savoir commun), au contrôle d'autrui (est-ce que vous voyez la même chose que moi ?), au contrôle cortical (mémoire, opérations logiques).

Autrement dit, c'est la rationalité qui est correctrice. La rationalité est le meilleur garde-fou contre l'erreur et l'illusion. D'une part, il y a la rationalité constructive, qui élabore des théories cohérentes en vérifiant le caractère logique de l'organisation théorique, la compatibilité entre les idées composant la théorie, l'accord entre ses assertions et les données empiriques auxquelles elle s'applique; une telle rationalité doit demeurer ouverte à ce qui la conteste, sinon elle se referme en doctrine et devient rationalisation; d'autre part, il y a la rationalité critique qui s'exerce particulièrement sur les erreurs et illusions des croyances, doctrines et théories. Mais la rationalité porte aussi en son sein une possibilité d'erreur et d'illusion quand elle se pervertit, nous venons de l'indiquer, en rationalisation.

La rationalisation se croit rationnelle parce qu'elle constitue un système logique parfait, fondé sur déduction ou induction, mais elle se fonde sur des bases mutilées ou fausses, et elle se ferme à la contestation d'arguments et à la vérification empirique. La rationalisation est close, la rationalité est ouverte. La rationalisation puise aux mêmes sources que la rationalité, mais elle constitue une des plus puissantes sources d'erreurs et d'illusions. Ainsi, une doctrine obéissant à un modèle mécaniste et déterministe pour considérer le monde n'est pas rationnelle mais rationalisatrice. [Edgar Morin - Les sept savoir nécessaires à l'éducation du futur]

Ceci rend primordiale la déconstruction des représentations erronées des élèves avant de faire un cours. En effet les élèves ont chacun un bagage propre, un univers psychique interne vivant, avant même d'apprendre. Leurs esprits ne sont ni vierges ni forcément correctement disposés pour la leçon du moment.

C'est notre concept même d'"intelligence" qu'il faut recadrer et rassembler. Par exemple, comment mesurer l'intelligence? Est-ce une question de résultats? de compétences? de succès? Une conception plus large serait de considérer sa capacité à saisir la complexité des questions, à gérer l'imprévu, à relier ce qui est disjoint. L'intelligence de la complexité propose une autre vision et sept enseignements fondamentaux:

1- Les cécités de la connaissance (les erreurs, la normalisation, l'inattendu, l'incertitude...)
2- Les principes d'une connaissance pertinente (le contexte, le global, le multidimensionnel, le complexe...)
3- La condition humaine (enracinement, déracinement, les boucles: cerveau/esprit/culture...)
4- L'identité terrienne (le legs du XX e siécle, les nouveaux périls, la conscience terrienne...)
5- Affronter les incertitudes (historiques, de la connaissance, du réel, boucles risque/précaution...)
6- La compréhension (obstacles, l'esprit réducteur, conscience de la complexité humaine...)
7- L'Éthique du genre humain (démocratie et complexité, la citoyenneté terrestre, le destin planétaire... )

L'enseignement systémique proposé par Edgar Morin est des plus réformateurs. Il s'agit d'enseigner une méthode plutôt qu'un programme:

Rien n'est plus éloigné de notre conception de la méthode que cette vision composée d'un ensemble de recettes efficaces pour la réalisation d'un résultat prévu. Cette idée-là de la méthode présuppose son résultat depuis le début ; dans cette acception, méthode et programme sont équivalents. Il se peut que dans certaines situations il ne soit pas utile d'aller au-delà de l'exécution d'un programme, dont le succès ne pourra pas être exempt d'un relatif conditionnement par le contexte dans lequel il se déroule. Mais en réalité, les choses ne sont pas aussi simples, pas même lors de la préparation d'une recette de cuisine, plus proche d'un effort de recréation que de l'application mécanique de mélanges d'ingrédients et de modes de cuisson....
Cependant, si nous sommes dans le vrai lorsque nous affirmons que la réalité change et se transforme, une conception de la méthode comme programme est plus qu'insuffisante, car si face à des situations changeantes et incertaines les programmes ne sont pas très utiles, la présence d'un sujet pensant et stratège est en revanche indispensable. Nous pouvons affirmer ceci: dans des situations complexes, c'est-à-dire là où dans un même espace et dans un même temps il y a non seulement de l'ordre mais aussi du désordre, là où il y a non seulement des déterminismes mais aussi des hasards, là où émerge l'incertitude, il faut l'attitude stratégique d'un sujet ; face à l'ignorance et à la confusion sa perplexité et sa lucidité sont indispensables.[Edgar Morin - Éduquer pour l'ère planétaire]

Cette méthode ne doit pas être exclusive au monde enseignant, elle doit faire partie intégrante du fonctionnement humain, quelles que soient les générations, les classes sociales, les professions. Elle doit devenir naturelle jusque dans la sphère où le naturel est pour l'instant proscrit: la politique. Nous sommes tous, en permanence, dans la même galère, sur la même planète Terre et ce n'est pas sans conséquence sur nos attitudes.

Aujourd'hui, on isole les problèmes du chômage, de l'emploi, de l'exclusion hors de leur contexte et on prétend les traiter à partir d'une logique économique close. Il faut au contraire les considérer au sein d'une grande problématique de société et partir des besoins de civilisation qui, d'eux-mêmes, exigent de nouveaux emplois. Il ne suffit pas de partir d'un "social" qui mettrait entre parenthèse le civilisationnel... Enfin, si nous partons des problèmes français, nous ne devons oublier ni leur singularité, ni leur généralité: les problèmes fondamentaux de civilisation qui affectent la France sont aussi ceux de l'Europe et, plus largement, ce sont les problèmes qui, dans le monde, se trouvent posés partout où il y a eu "développement" — c'est-à-dire développement de notre civilisation —, et ils se poseront tôt ou tard partout où on est "en cours de développement".

Je reconnais ici le projet humaniste dont parle régulièrement François Bayrou, aussi bien pour la France, pour l'Europe que pour le Monde, ainsi qu'une approche permettant de le réaliser. En effet, la méthode avancée par Edgar Morin serait un outil fondateur de conscience, de compréhension et de responsabilité pour des citoyens alors capables de faire vivre un régime pleinement démocratique.

Pour lire ou relire tous les épisodes des Jeudis d'Edgar, c'est par ici.


Aurélien
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