vendredi 28 novembre 2008

La fuite tchèque

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Métro France, reprenant un article de l'hebdomadaire tchèque Reflex, rapporte une fuite de l'administration tchèque qui révèle un dialogue pour le moins informel entre Nicolas Sarkozy et Mirek Toplanek, premier ministre tchèque.


Loin des micros et des caméras l'omni-président se lâche... Les Arabes sont difficiles à gérer, Mirek plutôt qu'Angela - en tout cas quand c'est à Mirek qu'il s'adresse -, Silvio n'a pas de courage, et la meilleure nouvelle de toute: il sera toujours au pouvoir.


Extrait:

"Ecoutez-moi. Vous deviendrez le leader de l’Europe de l’Est. Vous aurez besoin de moi. Je serai toujours au pouvoir, je ne suis pas prêt de partir. Qui croyez-vous que je préfére ? Angela (Merkel) ou vous-même?"

Tandis que, ô surprise, l'Élysée dément la véracité de ce dialogue, tout comme l'ambassadeur tchèque à Paris, le ministre tchèque des affaires étrangères a présenté ses excuses pour cette "désolante erreur".

Étrange idée que de s'excuser pour quelque chose qui n'est jamais arrivé...

C'est sans doute aussi ça la realpolitik.


Aurélien
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jeudi 27 novembre 2008

Les Jeudis d'Edgar - 07 - Contre-courants

Chaque jeudi (ou presque...) je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, ce nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.


En écho au billet d'hier ainsi qu'au 6e Jeudi d'Edgar, voici un extrait d'un livre disponible en intégralité sur le site de l'UNESCO: "Les 7 savoirs nécessaires à l'éducation du futur".



Le XXe siècle a légué en héritage, sur le tard, des contre-courants régénérateurs. Souvent dans l'histoire, des contre-courants, suscités en réaction aux courants dominants, peuvent se développer et détourner le cours des événements. Il nous faut noter :

Le contre-courant écologique que l'accroissement des dégradations et le surgissement de catastrophes techniques/ industrielles ne peuvent qu'accroître ;



Le contre-courant qualitatif qui, en réaction à l'invasion du quantitatif et de l'uniformisation généralisée, s'attache à la qualité en tous domaines, à commencer par la qualité de la vie ;



Le contre-courant de résistance à la vie prosaïque purement utilitaire, qui se manifeste par la recherche d'une vie poétique, vouée à l'amour, l'émerveillement, la passion, la fête ;



Le contre-courant de résistance au primat de la consommation standardisée qui se manifeste de deux façons opposées : l'une par la recherche d'une intensité vécue ("consumation"), l'autre par la recherche d'une frugalité et d'une tempérance ;



Le contre-courant, encore timide, d'émancipation à l'égard de la tyrannie omniprésente de l'argent, que l'on cherche à contrebalancer par des relations humaines et solidaires faisant reculer le règne du profit ;



Le contre-courant, lui aussi timide qui, en réaction aux déchaînements de la violence, nourrit des éthiques de la pacification des âmes et des esprits.



On peut également penser que toutes les aspirations qui ont nourri les grandes espérances révolutionnaires du XXe siècle, mais qui ont été trompées, pourront renaître sous la forme d'une nouvelle recherche de solidarité et de responsabilité.

On pourrait espérer également que les besoins de ressourcement, qui animent aujourd'hui les fragments dispersés de l'humanité et qui provoquent la volonté d'assumer les identités ethniques ou nationales, puissent s'approfondir et s'élargir, sans se nier eux-mêmes, dans le ressourcement au sein de l'identité humaine de citoyens de la Terre-Patrie.



On peut espérer en une politique au service de l'être humain, inséparable d'une politique de civilisation, qui ouvrirait la voie pour civiliser la Terre comme maison et jardin communs de l'humanité.



Tous ces courants sont voués à s’intensifier et à s’amplifier au cours du XXIe siècle et à constituer de multiples débuts de transformation ; mais la vraie transformation ne pourrait s'accomplir que lorsqu’ils s'entre-transformeraient les uns les autres, opérant ainsi une transformation globale, laquelle rétroagirait sur les transformations de chacun.




Que l'on parle de métamorphose, de révolution ou de réforme de nos société, le changement se fonde sur les contre-courants. Il est indispensable de les connaître, d'en avoir conscience, si ce n'est de les vivre pour les porter en avant. Il est tout aussi indispensable de les relier non seulement entre eux, mais aussi avec les courants auxquels ils s'opposent et qu'il n'est pas forcément souhaitable d'anéantir. Les antagonismes étant complémentaires et inter-stimulants.

Il faut aussi garder à l'esprit qu'à leur tour ils créeront de nouveaux contre-courants aujourd'hui inconcevables mais qui seront, n'en doutons pas, tout aussi forts et globaux. Comme ceux-ci, il faudra savoir les reconnaître, les relier et les accompagner. Sachons donc prendre le temps et le recul nécessaire à l'observation et la compréhension de nous-mêmes et des autres.

Une des forces du MoDem est qu'il a su le premier, entre les certitudes des uns et la désespérance des autres, se préparer à accompagner les contre-courants, décrits ci-haut par Edgar Morin, en les associant et les promouvant en enjeux politiques qui dépassent les clivages historiques. C'est en soi l'impulsion d'un contre-courant politique et citoyen.


Pour lire ou relire les épisodes précédents, c'est par ici:

Les Jeudis d'Edgar - 01 - Le problème d'une démocratie cognitive

Les Jeudis d'Edgar - 02 - Appel pour les biens communs

Les Jeudis d'Edgar - 03 - Travailler à "bien penser"

Les Jeudis d'Edgar - 04 - Retour aux sources

Les Jeudis d'Edgar - 05 - L'évadé du paradigme

Les Jeudis d'Edgar - 06 - Métamorphose


Aurélien
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Le MoDem est-il révolutionnaire?

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J'ai forcément sourcillé à la lecture d'un passage du surprenant livre de Jiddu Krishnamurti "Le sens du bonheur". Extrait:

Vous considérez l'état actuel de la société comme allant de soi. Pourquoi? Vous qui ne faites pas partie des classes pauvres, mais qui êtes relativement aisé, pourquoi ne vous révoltez-vous pas - pas en tant que communiste ou socialiste -, mais pourquoi ne vous révoltez-vous pas contre l'ensemble du système social? Vous pouvez vous le permettre, pourquoi donc ne vous servez-vous pas de votre intelligence pour trouver la vérité et créer une nouvelle société? Le pauvre, lui, ne va pas se révolter, parce qu'il n'en a pas l'énergie, il n'a pas le temps de réfléchir, il n'a pas une minute à lui, il a besoin de nourriture, de travail. Mais vous qui avez des loisirs, un peu de temps libre pour mettre à profit votre intelligence, pourquoi ne vous révoltez-vous pas? Pourquoi ne découvrez-vous pas ce qu'est une société juste, pourquoi ne bâtissez-vous pas une nouvelle civilisation? Si ce n'est pas avec vous que les choses commencent, ce ne sera évidemment pas avec les pauvres.

Nous ne parlons pas ici de ce que les riches devraient abandonner au profit des pauvres. Quoi qu'ils cèdent de ce qu'ils ont, les pauvres ne seront jamais satisfaits - mais là n'est pas la question. Vous qui êtes à l'aise, et qui avez donc l'opportunité de cultiver l'intelligence, ne pouvez-vous pas, en vous révoltant, créer une nouvelle société? Cela dépend de vous et de personne d'autre ; cela dépend de chacun d'entre vous - pas des riches ou des pauvres ou des communistes. Mais nous n'avons généralement pas en nous cet esprit de révolte, ce désir ardent de briser les chaînes et d'aller à la découverte. Et c'est cette attitude qui compte le plus.

Pourquoi ai-je "forcément sourcillé"?



Je me souviens de divers sondages parus lors des élections de 2007 qui indiquaient que l'adhérent ou sympathisant moyen du Mouvement Démocrate étaient plus aisé et plus éduqué que l'adhérent ou sympathisant politique moyen. Je n'arrive plus à mettre la main dessus donc si l'un de vous peut me donner un lien quelconque vers de tels documents, je suis preneur.

Je me souviens aussi des nombreux discours de François Bayrou depuis 2 ans dans lesquels le mot "révolution" revenait régulièrement. Révolution citoyenne, politique, sociale...


Seulement je doute de ce caractère révolutionnaire... Le MoDem tel qu'il se construit prépare-t-il une révolution? Le peut-il, seulement, que ce soit par volonté ou par nature? Se donne-t-il les moyens d'être révolutionnaire?

Je suis pour ma part convaincu que l'aspiration, sinon la volonté, à véritablement révolutionner notre société, nos pratiques politiques et citoyennes est sincère et engagée. Je redoute cependant que cette aspiration ne soit prise de vitesse par le système en place et que, dans une précipitation forcée, notre révolte ne perde en intensité, en radicalité, en profondeur surtout.

Je me réjouis de voir les nombreuses commissions au travail et ne doute pas qu'il en sortira d'excellentes idées, ni que le projet du MoDem sera le plus intéressant, le plus complet et le plus réaliste de ceux qui seront proposés aux français d'ici 2012. Je regrette cependant qu'il n'y ait pas de commission, ou sous-commission "Brainstorm cosmogonique" ou "Architecture politique". En effet, pour que la révolution soit totale il faut litéralement tout retourner, tout réinventer. Pour nos instutions, cela passe donc aussi par une reconception complète du monde politique.

Pourquoi nécessairement rester, par exemple, sur une ligne unidimensionnel allant de l'extrême gauche à l'extrême droite? Pourquoi se définir politiquement uniquement par son rapport à l'idée qu'on se fait de l'économie et/ou de la souveraineté de la Nation? Il me semble que non seulement la représentation populaire mais aussi, et surtout, l'efficacité de l'appareil politique s'en trouve mutilées.

Quid des nouveaux enjeux sociaux, environnementaux ou énergétiques? Ne représentent-ils pas une urgence assez forte, au niveau mondial qui plus est, pour qu'un nouveau paysage politique se dessine autour d'eux? N'est-ce pas d'abord là (et seulement là?) qu'une véritable révolution pourrait se concrétiser?

Je sais que des modèles alternatifs ont déjà été proposés et étudiés, comme par exemple celui-ci. J'appelais aussi de mes vœux une telle réflexion dès le premier billet des Jeudis d'Edgar. Je souhaiterais en ce sens, pour résumer ma pensée, que le MoDem se montre créatif et audacieux aussi sur ce qu'il y a de plus fondamental.

Brisons les chaînes, allons à la découverte.


Aurélien
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mardi 25 novembre 2008

3 Citations...

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En cette journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, quelque peu éclipsée sur la scène médiatique - tribulations franco-françaises socialo-socialistes oblige... - voici 3 simples citations:



Appeler les femmes le "sexe faible" est une diffamation ; c'est l'injustice de l'homme envers la femme. Si la non violence est la loi de l'humanité, l'avenir appartient aux femmes. Qui peut faire appel au cœur des hommes avec plus d'efficacité que la femme?

Gandhi

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Les hommes rêvent, se fabriquent des mondes idéaux et des dieux. les femmes assurent la solidité et la continuité du réel.

René Barjavel - Une rose au paradis

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Éduquer un homme, c'est éduquer un individu. Éduquer une femme, c'est éduquer un peuple.

Soeur Emmanuelle

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Pour en savoir plus sur cette cause internationale majeure, sa situation et la réponse internationale, c'est le site de l' O.N.U. qu'il faut visiter, ou encore cette page du Ministère des Affaires Étrangères.


Aurélien
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lundi 24 novembre 2008

Vol au-dessus d'un nid de coucou...

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Petit survol de mes impressions d'un Parti Socialiste qui n'en finit plus de s'automutiler:



Les règles du jeu

Le vainqueur d'une élection opposant deux candidats est celui qui rassemble au minimum 50% des suffrages exprimés plus une voix. Martine Aubry en a officiellement rassemblé 41 supplémentaires. Que demande le peuple? Depuis quand le caractère serré d'un résultat justifie un nouveau vote?


Éthique

Il y aurait eu des irrégularités dans un sens comme dans l'autre dans une quarantaine de sections. Seulement tout le monde sait que si l'écart final avait été plus important, ces irrégularités seraient restées sous silence. Alors qui la commission de recollement va-t-elle déclarer nouveau Secrétaire Général du Parti Socialiste... la candidate qui aura rassemblé le plus de voix ou la moins mauvaise tricheuse?


Si ce n'était qu'un début?

Quelle que soit celle qui le dirigera, le P.S. est fracturé. La fracture est multiple, aussi bien au niveau des idées que des personnes. Et après-demain il faudra panser les plaies à la veille d'un combat dont la dernière occurrence avait révélé toutes les rivalités en veille depuis le 21 avril 2002 : l'Europe. Le P.S. devra se reconstruire dans un contexte similaire à celui qui a déclencher son auto-destruction. Ça promet.


Et le MoDem dans tout ça?

En tant que jeune mouvement politique, la première chose à faire est de comprendre ce que nos voisins de gauche traversent pour ne jamais avoir à vivre le même cauchemar. Ensuite, toute idée d'alliance au niveau national me semble aujourd'hui aussi infondée que suicidaire tant l'allié potentiel est indéfinissable. Enfin il est certain qu'une partie des militants socialistes, dépités, iront chercher des réponses ailleurs. Certains vers la gauche aux côtés des Besancenot, Buffet et Mélenchon, d'autres vers le centre auprès des radicaux et du MoDem. Je souhaite que nous nous montrions respectueux, ouverts, unis, humbles... En un mot: différents.


Aurélien
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jeudi 20 novembre 2008

Les Jeudis d'Edgar - 06 - Métamorphose

Chaque jeudi (ou presque...) je viens vous présenter un échantillon de l'œuvre et de la pensée d'Edgar Morin. Je souhaite ainsi, en rapprochant à ma modeste mesure ses idées de la politique en général et du MoDem en particulier, nourrir les débats qui prendront place pour définir, et éventuellement mettre en application, ce nouveau modèle de société que des millions de français ont appelé de leurs vœux en mai 2007.

En écho au plus récent billet de Quitterie Delmas relayant une lettre d'Edgar Morin adressée aux trois candidats au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste, voici un simple extrait d'une entrevue que le sociologue avait accordée à l'hebdomadaire Le Point au début du mois:

Alors que le pessimisme est de mise sur l’avenir de notre civilisation, vous annoncez une « nouvelle espérance ». Vœu pieux ?


Le probable est que le vaisseau spatial Terre court à la catastrophe. Mais l’improbable peut advenir. Plus une crise s’aggrave, plus elle renforce, paradoxalement, la conscience de la gravité du problème. D’où la formule de Hölderlin : « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve . » Aujourd’hui, on doit lier conservation et révolution. Je préfère parler de métamorphose. Les sociétés recèlent l’équivalent des cellules souches, à l’image de celles qui, dans un être humain, sont capables de régénérer l’organisme. Quand une chenille entre dans sa chrysalide, elle suit un processus d’autodestruction autant que d’autocréation. Je pense que nous sommes entrés dans un processus de métamorphose historique, sans qu’il soit possible d’en prévoir les formes ni l’accomplissement. Les forces multiples qui vont dans ce sens sont encore dispersées. Peut-être un jour se rejoindront-elles. Un jour, s’il n’est pas trop tard, s’affermira la conscience qu’il faut changer de voie. Ainsi, il y a une possibilité d’espérance qui ne soit ni illusoire ni trompeuse.

J'aime cette idée de métamorphose. Quel rôle pour la sphère politique dans ce processus? Si Edgar Morin voit juste cette métamorphose a déjà commencé. Il s'agit donc de l'accompagner, de s'y adapter, peut-être de l'optimiser. Encore faut-il, dans un premier temps, la comprendre.

En ce sens, dans sa lettre adressée à Ségolène Royal, Martine Aubry et Benoît Hamon, Edgar Morin esquisse la première réforme à accomplir: celle de la pensée.

Il nous faut une pensée apte à saisir la multidimensionnalité des réalités, à reconnaître le jeu des interactions et rétroactions, à affronter les complexités plutôt que de céder aux manichéismes idéologiques ou aux mutilations technocratiques (qui ne reconnaissent que des réalités arbitrairement compartimentées, sont aveugles à ce qui n'est pas quantifiable, et ignorent les complexités humaines). Il nous faut abandonner la fausse rationalité. Les besoins humains ne sont pas seulement économiques et techniques, mais aussi affectifs et mythologiques.

Une urgence, pour que l'outil politique soit aussi efficace que possible pour accompagner cette métamorphose, me saute aux yeux. Il faut impérativement refuser que la sphère politique soit exclusivement réservée aux mains des experts, des technocrates, des statisticiens, etc... Sans rejeter ces derniers, il faut à tout prix leur associer intellectuels, artistes, chercheurs... Plutôt éveiller les consciences et vocations qu'empiler des rapports ; plutôt diversifier que réduire, relier que compartimenter, assouplir que rigidifier.

En d'autres termes, nous entrons dans une phase où le monde politique ne peut plus ignorer la société civile mais doit au contraire pleinement s'y associer, une idée primordiale au MoDem.

Pour lire ou relire les épisodes précédents, c'est par ici:

Les Jeudis d'Edgar - 01 - Le problème d'une démocratie cognitive

Les Jeudis d'Edgar - 02 - Appel pour les biens communs

Les Jeudis d'Edgar - 03 - Travailler à "bien penser"

Les Jeudis d'Edgar - 04 - Retour aux sources

Les Jeudis d'Edgar - 05 - L'évadé du paradigme


Aurélien
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