mardi 29 avril 2008

Omniscient Martin Hirsch


Petite passe d'armes aujourd'hui sur les bancs de l'Assemblée Nationale au sujet du R.S.A.

Lors de sa dernière entrevue télévisée, le Président Sarkozy a annoncé vouloir financer cette mesure, à hauteur d'1,5 milliards d'euros, en redistribuant la P.P.E. (Prime Pour l' Emploi).

On comprend la difficulté pour l'opposition, au P.S. comme au Modem, d'accepter que l'aide "aux plus pauvres" soit financée exclusivement en réduisant l'aide aux "un peu moins pauvres". Comment peut-on juger une telle idée acceptable, juste ou même présentable?



Comble de l'absurdité du gouvernement en place, la déclaration de Martin Hirsch, Haut Commissaire aux Solidarités Actives, rapportée dans cet article du Nouvel Observateur:

"Le président de la République et le Premier ministre disent qu'on va mettre 1,5 milliard d'euros d'argent qui ne vient ni de la prime pour l'emploi, ni des minima actuels pour le faire". Pour le reste, "on verra comment on va recentrer un peu la prime pour l'emploi pour le faire" et "je n'ai aucun problème" avec cela, a-t-il assuré.

Sur les bénéficiaires de la PPE, ".il y en a un million (de personnes NDLR) qui touchent moins de 7 euros par mois", a assuré M. Hirsch. "Ils ne le savent même pas".

D'abord une belle contradiction: le financement ne vient pas de la P.P.E., mais celle-ci sera "recentrée" pour rendre le financement possible. "On ne le fera pas, mais on le fera". Splendide.

Ensuite pour rassurer l'opposition, pour détailler ce "re-centrage", il avance le chiffre de 7 Euros par mois pour un million de personnes, soit 84 millions d' euros par an. Quid des 1,416 milliards restant à financer? C'est forcément prévu puisque le Président l'a annoncé officiellement sur les deux principales chaînes télévisées du pays, non? Ah, non...

Enfin, cette petite phrase: "Ils ne le savent même pas". Le Haut Commissaire aux Solidarités Actives du gouvernement de la France sait, et annonce publiquement, avec aplomb, ce que les français sont inconscients de recevoir en aide de l'État. Surhumain, omniscient Martin Hirsch. Une supposée inconscience qui suffirait à chacun des bénéficiaires de la P.P.E. pour se voir retirer cette prime. S'il n'y a pas conscience, il n'y a pas nécessité. Du grand n'importe quoi.

Peut-être est-il temps de rapporter à Martin Hirsch, ancien président d' Emmaüs France, cette pensée de Georges Bataille: "Une conscience sans scandale est une conscience aliénée". Le garant officiel des solidarités a perdu le sens de sa mission. Qu'on lui retire son poste, cet honneur que la France lui a fait de lui confier les clés de sa cohésion sociale, puisqu'il ne sait même pas qu'il l'occupe.


Aurélien
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vendredi 25 avril 2008

Possédé par l'oubli


Aujourd'hui, en traînant sur le merveilleux site d' Évène pour y dégoter quelque citation qui résonne, dans le but de résumer mon état d'esprit suite à l'intervention télévisée de notre Président le mieux habillé du monde, je suis tombé sur cette pensée d'un auteur que j'affectionne particulièrement: Milan Kundera.

"Être possédé par l'actualité, c'est être possédé par l'oubli."

C'est on ne peut plus justement ce que j'ai ressenti tout au long de l'émission "En direct de l'Élysée".

Malgré un effort considérable sur la forme - l'attitude, la voix, les gestes ou le ton - Nicolas Sarkozy s'est, tranquillement mais sûrement, enlisé pendant plus de 90 minutes dans un mélange tortueux d'humilité, de compassion et d'autorité pour tenter de se refaire une santé dans les enquêtes d'opinion. Car il s'agissait bien de séduire à nouveau, plutôt que d'expliquer enfin.



Cette intervention n'aura été qu'une réaction, probablement vaine, à une baisse de popularité inquiétante et source de remous pour l'Élysée comme pour Matignon. Une réaction à chaud sur des thèmes trop vagues, trop brûlants et mal abordés par des journalistes, sélectionnés, se contentant de survoler quelques points d'actualité. Une actualité trop riche, trop complexe, trop bouillonnante, en partie à cause de Nicolas Sarkozy lui-même puisqu'il a voulu tout réformer en même temps.

Il est donc apparu cerné par sa propre actualité, sur la défensive, forcé à la justification sur sa personne quand beaucoup de téléspectateurs espéraient une vision et de la pédagogie sur son action. Possédé par l'actualité, il en a oublié que sa popularité, l'amour que les français lui portent ou lui refusent, n'est qu'un autre simple fait d'actualité, mineur, un indice de l'instant sans impact concret, durable et salutaire, sur le quotidien de ceux qui ont eu la patience de l'écouter. Oublié l'essentiel, le lourd, le complexe... Oubliées l'éducation (en-dehors de critères économiques), la justice, la recherche...

Pour couronner le tout, Nicolas Sarkozy ne projette pas la France au-delà de son propre destin présidentiel, au-delà d'un deuxième quinquennat, à peine au-delà du premier. Pour retrouver le moral, l'espoir, un peuple a besoin de croire en l'avenir. Comment croire en un avenir qui n'est même pas envisagé par le garant ultime de la cohésion nationale?

Il en ressort une impression de légèreté inquiétante et qui ne frappera pas seulement la jeunesse. Le sentiment qu'il n'est à la hauteur ni de sa fonction, ni de sa mission prédomine. Cette impuissance tout juste dissimulée, cette insouciance à peine refoulée n'ont rien qui puisse ramener ne serait-ce qu'un semblant de sérénité.

Autre auteur, autre citation:

L'usage de la liberté devient dangereux entre des mains incompétentes. (Jean-Charles Harvey)


Aurélien
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jeudi 24 avril 2008

90 Minutes pour vendre


Ce soir, pour l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, l'Élysée veut frapper fort. En terme d'audience, bien sûr, cela fait toujours plaisir au Président, mais surtout en terme de séduction de l'opinion publique. Rien n'aura été laissé au hasard.



Le lieu? La salle des fêtes de l'Élysée ; autant jouer à domicile.

La production? Confiée à Renaud Le Van Kim, déjà responsable du show d'intronisation de Nicolas Sarkozy au Bourget à la candidature U.M.P. pour les présidentielles de 2007.

Le décor? Confié à Philippe Désert, scénographe du débat d'entre deux tours face à Ségolène Royal.

Les journalistes? Ils seront cinq, deux stars du 20 heures et trois spécialistes thématiques, de quoi assurer un entretien rythmé comme leur hôte les aime. Ont-ils été sélectionnés par l'Élysée ou imposés par les chaînes? Selon Franck Louvrier, conseiller du Président, ce dernier n'a pas choisi ses interlocuteurs, ce sont les chaînes qui les ont proposés. Je ne sais pas pour vous... mais en ce qui me concerne, quand on me propose quelque chose, c'est bien pour que je fasse un choix. Et puis l'éviction, pour apathie de lèse majesté, d' Arlette Chabot sur ordre présidentiel est un secret de polichinelle. S'il peut exclure sans crainte, il peut sans doute choisir sans contestation. Autant cesser toute hypocrisie, donc, oui les journalistes ont été choisis par l'Élysée.

Le Président? Étant donné que l'un des objectifs principaux est de ressituer son image par rapport à sa fonction, on peut s'attendre à un gros effort pour se défaire de cette attitude, affichée lors de précédentes interventions, du petit nerveux qui cherche à démontrer sa moderne décontraction. Voilà pour la forme.

Pour le fond, les thèmes ne manquent pas: pouvoir d'achat, O.G.M., politique familiale, envoi de soldats en Afghanistan, dette, couacs gouvernementaux, suppression de la publicité pour le service publique audiovisuel, réforme des institutions, présidence de l'union européenne, suppression de poste à l'Éducation Nationale, Carlita, le fiston Jean, bilan de la première année de mandat, etc... David Pujadas et P.P.D.A. ont été reçus à l'Élysée cette semaine pour préparer l'entretien, soyons sûrs que rien ne sera laissé ni au hasard, ni à la spontanéité.

Le bilan, personnel et présidentiel, de la première année de mandat sera probablement le thème d'ouverture de l'entretien et servira à présenter les autres sujets qui seront abordés. On saura alors immédiatement si Nicolas Sarkozy a enfin changé, réellement et pour le meilleur, et s'il assume enfin ses responsabilités de Président de tous les français, ou s'il se contente une nouvelle fois de faire sa propre propagande de campagne électorale permanente à coups de "Je vois pas au nom de quoi...", "Je vais vous dire David Pujadas, je n'ai pas été élu pour rester les bras croisés..." et autres "Vous voulez que je fasse quoi?...".

Personnellement, je parie sur la seconde possibilité. Je m'attends à de fausses questions dérangeantes et des réponses tout aussi fuyantes de la réalité. On l'interrogera sur ces mesures qui ressemblent à s'y méprendre à de la rigueur, mais qui seront présentées comme des économies nécessaires; sur la régularisation massive des sans papiers grévistes qui sera présentée comme un "cas par cas pour tous ceux concernés"; sur la confusion au sein du gouvernement qui sera présentée comme une preuve que chaque membre de l'exécutif est libre de s'exprimer dans l'application du programme pour lequel il a été élu, etc... Et pour masquer encore plus efficacement la médiocrité de cette première année de mandat, on lancera deux ou trois annonces imprévisibles capables de créer de la polémique, véritable matière première de la communication Sarkozienne.

Et dès la première minute suivant le générique de fin, les réactions de l'opposition et de la majorité. François Hollande nous redira que le Président n'entend pas les français et ne répond pas à leurs attentes. François Fillon nous fera part de sa satisfaction d'avoir entendu le Président redéfinir une feuille de route pour les réformes annoncées. François Bayrou s'offusquera à nouveau des dérives, de l'irresponsabilité et de cette rupture avec la France de De Gaulle. Comme quoi, qu'ils aient raison ou tort, les François sont prévisibles.

Ainsi malgré les annonces, malgré le teasing du au report de l'entretien initialement prévu lundi dernier et malgré l'urgence de nouveauté, ce soir T.F.1 et France 2 nous proposent, pour toute confiture aux cochons, une énième rediffusion.


Aurélien
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mardi 22 avril 2008

L'Homme Pressé


En cet anniversaire du premier tour des dernières élections présidentielles, je me contente de publier les paroles de la chanson l'Homme Pressé, de Noir Désir, parue en 1996 sur l'album 666 667 Club. Étonnant présage...



Appréciez:

L'Homme Pressé, Noir Désir:

J' suis un mannequin glacé
Avec un teint de soleil
Ravalé, homme pressé
Mes conneries proférées
Sont le destin du monde
Je n'ai pas le temps je file
Ma carrière est en jeu
Je suis l'homme médiatique
Je suis plus que politique
Je vais vite très vite
J' suis une comète humaine universelle

Je traverse le temps
Je suis une référence
Je suis omniprésent
Je deviens omniscient
J'ai envahi le monde
Que je ne connais pas
Peu importe j'en parle
Peu importe je sais
J'ai les hommes à mes pieds
Huit milliards potentiels
De crétins asservis
A part certains de mes amis
Du même monde que moi
Vous n'imaginez pas
Ce qu'ils sont gais

Qui veut de moi
Et des miettes de mon cerveau?
Qui veut entrer
Dans la toile de mon réseau?

Militant quotidien
De l'inhumanité
Des profits immédiats
Des faveurs des médias
Moi je suis riche très riche
J' fais dans l'immobilier
Je sais faire des affaires
Y' en a qui peuvent payer
J' connais le tout Paris
Et puis le reste aussi
Mes connaissances uniques
Et leurs femmes que je...
Fréquente évidemment

Les cordons de la bourse
Se relâchent pour moi
Il n'y a plus de secrets
Je suis le Roi des rois
Explosé l' audimat
Pulvérisée l'audience
Et qu'est-ce que vous croyez
C'est ma voie c'est ma chance
J'adore les émissions
A la télévision
Pas le temps d' regarder
Mais c'est moi qui les fais
On crache la nourriture
A ces yeux affamés
Vous voyez qu'ils demandent
Nous les savons avides
De notre pourriture
Mieux que d' la confiture
A des cochons

Qui veut de moi
Et des miettes de mon cerveau?
Qui veut entrer
Dans la toile de mon réseau?

Vous savez que je suis:
Un homme pressé
Un homme pressé
Un homme pressé
J' suis une victime en fait
Un homme pressé
Un homme pressé
Un homme pressé

Je suis un militant quotidien
De l'inhumanité
Et puis des profits immédiats
Et puis des faveurs des médias
Moi je suis riche très riche
Je fais dans l'immobilier
Je sais faire des affaires
Y' en a qui peuvent payer
Et puis je traverse le temps
Je suis devenu omniprésent
Je suis une super référence
Je peux toujours ram'ner ma science
Moi je vais vite très vite
Ma carrière est en jeu
Je suis l'homme médiatique
Moi je suis plus que politique
Car je suis un homme pressé
Un homme pressé
Un homme pressé
Un homme pressé
Un homme pressé
Un homme pressé

Love Love Love
Dit-on en Amérique
Lioubov
Russie ex-soviétique
Amour
Aux quatre coins de France


Troublant non?


Aurélien
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lundi 21 avril 2008

Mao = Salaud!

___
Ces derniers jours en Chine, dans plusieurs villes, des manifestations anti-françaises ont eu lieu. À cette occasion des slogans tels que "Jeanne d'Arc = prostituée", "Napoléon = pervers", "France = nazis" et encore "Libérez la Corse" étaient inscrits sur un drapeau français maquillé de deux croix gammées.

Voir ici les vidéos en ligne sur Youtube.

Personnellement, au mieux ça me fait rire, au pire ça me laisse indifférent. C'est certainement le cas de beaucoup de français, à part peut-être à l'extrême droite, dont la Pucelle d'Orléans est l'idole, et Dominique de Villepin, adorateur de Napoléon.

Ce que je retiens, en revanche, c'est d'abord l'aspect forcément hors sujet de ces manifestations et la violence recherchée, ensuite, de ces insultes. Au-delà de la connerie universelle, ces deux éléments révèlent clairement l'incompréhension mutuelle totale entre les peuples français et chinois, ainsi que l'ignorance de l'état d'esprit actuel de l'autre vis à vis de l'histoire de son pays.

Je me dis que si tous les messages envoyés par les manifestants, lors du parcours de la flamme olympique à Paris le 7 avril dernier, ont été perçus, avec ou sans l'aide des médias chinois, comme aussi violents, ignorants et ridicules alors le rapprochement entre nos peuples respectifs n'est pas pour demain.

Mauvaise nouvelle pour nos industriels et notre économie puisque "Sans langage commun les affaires ne peuvent être conclues" , disait Confucius. On comprend mieux l'urgence de l'envoi des trois émissaires Raffarin, Poncelet et Lévitte et la lettre d'excuses de l'Élysée à l'attention de l'athlète handicapée Jin Jing, malmenée à Paris lors de son relais. On s'applatit mollement, vidant notre héritage culturel et philosophique de toute substance, à l'image du badge ultra-subversif "Pour un monde meilleur", magnifiquement parodié par le Journal du Clébard:



Confucius toujours: "Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté."


Aurélien
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mercredi 16 avril 2008

Pourquoi Kaiser Saussez?

Suite aux derniers dérapages de divers membres du gouvernement en termes de communication (familles nombreuses, O.G.M., frais d'optométrie...), on pouvait attendre de la part du Président de la République, puisque c'est lui qui gouverne, une clarification, une annonce claire et précise de la position de l'exécutif sur les différents sujets qui fâchent jusque dans les rangs de l' U.M.P.. C'est mal connaître le pouvoir en place.


À l'Élysée comme à Matignon, on a préféré confier l'insurmontable problème de communication gouvernementale au plus spécialiste des spécialistes: Thierry Saussez. Celui-ci cumulera même deux fonctions: délégué interministériel à la communication et patron du Service d'Information Gouvernemental. Selon le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, l'objectif est de "progresser en matière d'information, de communication, de pédagogie, de coordination..." pour que les Français comprennent mieux. Très bien.



Au passage, est-il nécessaire de passer au travers des C.V. des membres du gouvernement, sans oublier de jeter un œil sur leurs salaires de ministres, pour être choqué de les voir incapables de coordination? N'ont-ils pas suffisamment d'expérience et de connaissances pour s'en sortir par eux-mêmes? Ne serait-ce que pour le bien de leur propre famille politique? N'est-ce pas le rôle du Premier Ministre que d'assurer cette coordination? Le contribuable doit-il assurer financièrement ce flagrant délit d'incompétence? Car qui paiera Thierry Saussez? Enfin... passons.

Plus de couacs grâce à Thierry Saussez, donc, c'est promis. Sauf que...

Sauf que Thierry Saussez est un spécialiste des campagnes électorales (plus de 500 à son actif) et de la stratégie d'image de ses nombreux et divers clients. Il était, soit dit en passant, le chef d'orchestre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Autrement dit, sous couvert de vouloir mieux expliquer au grand public l'action gouvernementale, l'Élysée et Matignon ont engagé (avec leurs grosses caisses vides) un spin-doctor, un vendeur. Qu'on ne s'y trompe pas, on sort ici l'artillerie lourde, c'est dire toute la gravité de la situation. Rappelons simplement qu'un tiers du budget du Service d'Information Gouvernemental, soit environ 2 millions d'euros, est consacré aux études d'opinion.

Il y a une différence majeure entre faire comprendre, ce à quoi répond la fonction de pédagogue, et convaincre et/ou séduire, ce à quoi répond la fonction de vendeur. De là à penser que Nicolas Sarkozy cherche à engager le gouvernement dans la même voie que lui, à savoir celle de la campagne électorale permanente, il n'y a qu'un pas que je franchis sans hésitation aucune.

Vous souvenez vous de la dernière étude d'opinion demandant aux sondés s'ils avaient compris une proposition de réforme? Non, parce qu'il n'y en a jamais eu. Les études d'opinion mesurent l'adhésion et le rejet afin de corriger la forme et non le fond.

Réjouissons-nous, donc, puisque dans les semaines à venir Thierry Saussez va s'appliquer à nous faire revivre un éternel mai 2007 ; un état de grâce perpétuel dans lequel la majorité des français croient à la farouche volonté de changement de leur président. Il tentera de nous revendre le Sarkozisme qui, il y a seulement un an, séduisait 53% des électeurs. Souhaitons lui bonne chance car ce n'est jamais facile de revendre un produit d'occasion (au Québec on dirait "usagé"...) dont tous les acheteurs potentiels ont pu, à leur immense déception, faire l'expérience.


Aurélien
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mardi 15 avril 2008

Pensée Complexe appliquée au Modem - Partie 2

Suite et fin...

L'application de la pensée complexe telle que conçue par Edgar Morin, à savoir une pensée organisatrice qui sépare et relie, requiert une réforme de la pensée. Il identifie deux conditions favorables à cette réforme:

"La réforme de pensée rencontre des conditions favorables et des conditions défavorables.

  • La révolution quantique

    Les conditions favorables, ce sont les deux grandes révolutions du siècle. La première, bien avancée mais encore loin d'être achevée, est celle qui a commencé au début du siècle avec la physique quantique, et qui a entièrement bouleversé notre notion du réel, abolissant totalement la conception purement mécaniste de l'univers.

  • La révolution systémique

    La deuxième révolution, qui en est à ses débuts, s'est manifestée dans certaines sciences que l'on peut appeler les sciences systémiques, où nous voyons effectivement se créer des approches complexes, polydisciplinaires, comme dans les sciences de la terre, de l'écologie ou de la cosmologie. En écologie, l'écologue est comme le chef d'orchestre qui prend en compte les déséquilibres, les régulations, les dérèglements des écosystèmes, et qui fait appel aux compétences spécifiques du zoologiste, du botaniste, du biologiste, du physicien, du géologue, etc. L'objet systémique n'est pas un objet découpé à la tronçonneuse de disciplines devenues schizoïdes. Dans l'ancienne conception, il n'y a aucun dialogue possible entre des sciences qui éliminent l'idée de nature, de cosmos, l'idée d'homme. A partir de la pensée complexe, nous retrouvons la possibilité de parler de l'être humain, de la nature et du cosmos, nous pouvons rétablir la reliance entre les deux cultures, dialoguer, nous situer dans l'univers où le local et le global sont reliés. Ces deux révolutions encore inachevées l'une et l'autre, mais en cours, représentent donc les conditions favorables de la réforme de pensée."




Ces conditions favorables doivent nous permettre de nous libérer des contraintes des structures mentales et institutionnelles existantes, de la disjonction et de la réduction.

La clé passe incontestablement par l'éducation. La réforme doit être pensée à tous les niveaux d'enseignements, du primaire à l'université en passant par l'éducation des éducateurs eux-mêmes.

"Je suis convaincu que c'est à l'école primaire que l'on peut essayer de mettre en place - en activité - la pensée reliante car elle est présente potentiellement chez tout enfant. Cela peut se faire à partir des grandes interrogations, notamment la grande interrogation anthropologique : " Qui sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous ? " Il est évident que si l'on pose cette question, on peut répondre à l'enfant, à travers une pédagogie adéquate et progressive, en quoi et comment nous sommes des êtres biologiques, en quoi ces êtres biologiques sont à la fois des êtres physico-chimiques, des êtres psychiques, des êtres sociaux, des êtres historiques, des êtres dans une société vivant en économie d'échanges, etc. De là, nous pouvons dériver, déboucher et ramifier vers les sciences séparées, tout en montrant leurs liens. A partir de ces bases, nous pouvons faire découvrir ce que peut être la pensée, les modes systémique, hologrammatique, dialogique, etc.

[...]

L'étape du secondaire devrait être celle de la fécondation de la culture générale, de la rencontre entre la culture traditionnelle et la culture scientifique; le temps de la réflexivité sur la science, sur sa situation dans le temps, dans l'histoire ; le temps de la fécondation réciproque de l'esprit scientifique et de l'esprit philosophique, de la jonction des connaissances. La littérature, elle, doit y tenir un rôle éminent car elle est une école de vie. C'est l'école où nous apprenons à nous connaître nous-mêmes, à nous reconnaître, à reconnaître nos passions. La Rochefoucault disait que sans roman d'amour, il n'y aurait pas d'amour; il exagérait peut-être, mais les romans d'amour nous font reconnaître notre façon d'aimer, nos besoins d'aimer, nos tendances, nos désirs. Il est fondamental de donner à la littérature son statut existentiel, psychologique et social, qu'on a tendance à réduire à l'étude des modes d'expression. Du même coup, à partir des grandes œuvres d'introspection comme les Essais de Montaigne, on inciterait à la nécessité d'auto-connaissance pour chacun ; on réfléchirait aux problèmes et difficultés qu'elle pose, à commencer par la présence en chacun d'une tendance permanente à l'auto-justification et à l'auto-mythifi-cation, à la self deception ou mensonge sur soi-même."


Selon moi ceci est parfaitement en phase avec les idées et valeurs du Modem. Celles qui appellent à une société composée d'individus citoyens, conscients, informés, responsables. Il ne s'agit pas ici de remplir la tête des élèves de moralité, de solidarité ni de responsabilité, mais de favoriser leur induction par le mode de pensée et l'expérience qui relient les phénomènes. Il s'agit de nous ressituer dans notre contexte cosmologique, naturel, social et individuel, de nous y intégrer plutôt que de nous en exclure.
Cette idée de reliance, d'inclusion et à la fois de recul est indispensable à un projet politique qui se veut juste, équilibré et porté sur le long terme.
On retrouve ici le concept de causalité circulaire: le Modem pourrait être l'initiateur d'une telle réforme qui conduirait à faire avancer, partager et progresser les valeurs qu'il défend depuis le début au-delà de ses propres intérêts. L'idéal absolu d'un mouvement politique n'est il pas, après tout, de solutionner les causes qu'il défend et donc de perdre sa pertinence?

Ce travail de fond est extrêmement difficile pour le monde politique où les spécialistes, techniciens, experts, mais aussi ceux qui sont compartimentés dans les administrations et les bureaucraties ont une influence considérable. Or ce sont, la plupart du temps, les mêmes qui compartimentent, parcellisent et font perdre à nos dirigeants, aux militants puis au citoyens le sens de la responsabilité sur l'ensemble.

Ce besoin de pensée transdisciplinaire nous oblige à une éthique de la compréhension:

"Un être humain est une galaxie; il est non seulement extraordinairement complexe, mais il possède sa multiplicité intérieure. Il n'est pas le même à tout moment de son existence; il n'est pas le même en colère, il n'est pas le même quand il aime, il n'est pas le même en famille, il n'est pas le même au bureau etc. Nous sommes des êtres de multiplicité en quête d'unité et les phénomènes de dédoublement et de triplement de personnalité, considérés comme cas pathologiques, sont en fait l'exaspération de ce qui est absolument normal.

Nous sommes multiples et susceptibles de dériver au cours des événements, des hasards, des circonstances. [...]

Si nous savons cette multiplicité humaine, si nous voyons tout ce qu'elle peut subir, nous entendrons ce que nous dit Hegel : Si vous nommez criminel quelqu'un qui a commis un crime, vous le réduisez et l'enfermez dans un comportement qui ne résume pas l'ensemble de ses traits de caractère. Réduire une personne à son passé, c'est le mutiler de ses évolutions possibles. [...]

C'est la tendance à la réduction qui nous prive des potentialités de la compréhension : entre les peuples, entre les nations, entre les religions. C'est elle qui fait que l'incompréhension règne au sein de nous-mêmes, dans la cité, dans nos relations avec autrui, au sein des couples, entre parents et enfants.

Sans la compréhension, il n'y a pas de civilisation possible. Nous sommes encore barbares par rapport au processus et à l'éthique de la compréhension. Des phénomènes de barbarie surgissent dans divers points du globe, cela pourrait à nouveau apparaître chez nous. Dans nos pays dits civilisés, nous sentons ou pressentons tous que les conséquences éthiques d'une réforme de pensée seraient incalculables."


Cette conclusion d' Edgar Morin donne tout un écho, toute une profondeur au discours rassembleur de François Bayrou lors de la campagne présidentielle. En appelant à la fois au pluralisme et au rassemblement, aux majorités d'idée, il a peut-être initié, en tout cas dans la sphère politique française, cette réforme de pensée qui s'imposera un jour ou l'autre au monde, lorsque nous aurons le choix entre réformer ou disparaître.

Aujourd'hui le Modem se cherche, s'interroge sur sa propre identité. Il est indispensable qu'il n'oublie pas sa propre multiplicité, qu'il se donne tous les moyens pour se comprendre et se connaître lui-même, pour comprendre et connaître les autres. Accepter, entretenir et stimuler les antagonismes et complémentarités dans un esprit rassembleur et responsable.


Aurélien

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lundi 14 avril 2008

Pensée Complexe appliquée au Modem - Partie 1

Dans l’œuvre principale de sa bibliographie, La Méthode (6 volumes), Edgar Morin explique la complexité de la nature, de la vie, de la connaissance, des idées et de l’humanité. Le but est de définir une méthode pour concevoir cette complexité, pour relier, pour comprendre. Cette méthode est ébauchée dans le 6e volume : Éthique, prônant une éthique de la compréhension.


En tant qu’adhérent au Modem, parti politique naissant, à peine structuré et très diversifié, j’ai pu constater à quel point la pensée complexe proposée par Edgar Morin pourrait être appliquée au Mouvement Démocrate au travers de quatre notions essentielles.

  1. Le système

« C'est une approche qui a ré émergé récemment dans notre connaissance, alors que dominait dans l'histoire scientifique l'idée que la connaissance des parties ou des éléments de base suffit pour connaître les ensembles, ceux-ci n'étant finalement que des bricolages, des mécanos comportant des pièces que la science a pour fonction de distinguer. En effet, ré émerge une idée connue depuis longtemps, à savoir que le tout est quelque chose de plus que la somme des parties; ou, dit autrement, qu'un tout organisé, un système, produit ou favorise l'émergence d'un certain nombre de qualités nouvelles qui n'étaient pas présentes dans les parties séparées.

N'est-ce pas l'un des plus grands mystères de l'univers que la réunion d'éléments dispersés, comme le fut, par exemple, la réunion des macromolécules, s'assemblant, aient pu donner le premier être vivant ? Que de ce nouveau type d'organisation aient émergé des qualités nouvelles comme les qualités de connaissance, de mémoire, de mouvement, d'autoreproduction ?

On peut dire que la notion de système, ou encore d'organisation, terme que je préfère, permet de connecter et de relier les parties à un tout et de nous désemprisonner de connaissances fragmentaires. »

En l’état actuel des choses, le Modem reste un regroupement de diverses sensibilités qui ne savent pas encore comment se comprendre. Entre les anciens de l’U.D.F., les anciens du P.S., les anciens de Cap 21, les anciens Verts et les nouveaux adhérents politiquement néophytes, la mayonnaise tarde à prendre et chaque « section » semble encore prisonnière de son idéologie « fragmentaire. »

Il sera crucial de parvenir à bâtir un rassemblement de toutes ses sensibilités qui sera plus que leur somme. Je n'ai aucun mal à croire que quand une Corinne Lepage croise un Jean Peyrelevade de nouvelles idées aussi originales que porteuses, propres au Modem, peuvent naître.


  1. La causalité circulaire

« Quand Pascal disait "Je tiens pour impossible de connaître le tout si je ne connais les parties ni de connaître les parties si je ne connais le tout", il soulignait avec force que la vraie connaissance, c'est une connaissance qui fait le circuit de la connaissance des parties vers celle du tout et de celle du tout vers celle des parties. On peut en donner un exemple très simple : quand nous faisons une version à partir d'une langue étrangère, nous essayons de saisir un sens global provisoire de la phrase; nous connaissons quelques mots, nous regardons dans le dictionnaire; les mots nous aident à envisager le sens de la phrase, laquelle nous aide à fixer les mots, à les faire sortir de leur polysémie pour leur donner un sens univoque. Par ce circuit nous arrivons, si nous y réussissons, à avoir la bonne traduction. Norbert Wiener a explicité à un niveau déjà assez intéressant, cette idée de boucle : celle de la boucle régulatrice, où le retour de l'effet sur la cause annule la déviance, assurant ainsi une relative autonomie du système. C'est l'exemple du système de chauffage qui, constitué par une chaudière et un thermostat, maintient l'autonomie thermique d'une pièce.

La notion de boucle est d'autant plus intéressante et féconde qu'elle ne s'en tient pas à l'idée d'une boucle régulatrice, annulant les déviances et permettant de maintenir l'homéostasie d'un système ou d'un organisme ; la notion la plus forte est celle de boucle auto-génératrice ou récursive, c'est-à-dire où les effets et les produits deviennent nécessaires à la production et à la cause de ce qui les cause et de ce qui les produit. Exemple évident de ce type de boucle, nous-mêmes, qui sommes les produits d'un cycle de reproduction biologique dont nous devenons, pour que le cycle continue, les producteurs. Nous sommes des produits producteurs. Ainsi, la société est le produit des interactions entre individus, mais au niveau global, justement, émergent des qualités nouvelles qui, rétroagissant sur les individus - le langage, la culture - leur permet de s'accomplir comme individus. Les individus produisent la société qui produit les individus.

On peut en tirer de suite deux conséquences importantes. L'une, en quelque sorte logique, c'est que nous avons affaire à un produit producteur, ce qui, évidemment, est incompatible avec la logique classique. L'autre, c'est que nous voyons apparaître la notion d'autoproduction et d'auto-organisation. Je dirais plus : dans cette notion d'autoproduction et d'auto-organisation - une notion clé pour beaucoup de réalités physiques et surtout pour les réalités vivantes - non seulement nous pouvons fonder de façon encore plus forte l'idée d'autonomie, mais, plus encore, nous pouvons comprendre le processus ininterrompu qui est celui de la réorganisation ou de la régénération.»

Je vois ici deux enseignements essentiels pour le Modem.

Premier point : il est essentiel que toutes les différentes « anciennes » sensibilités nourrissent la « nouvelle » sensibilité, qui sera celle du Modem dans son ensemble, qui a son tour nourrira la diversité dans une boucle continuelle visant la cohérence et la stabilité du système. L’organisation interne du Modem doit veiller à entretenir cette boucle. En ce sens je suis plutôt opposé à l’idée de François Bayrou de « fusionner » tous les courants composant actuellement le Modem.

Deuxième point : on voit aujourd’hui un grand parti politique, le P.S. pour ne pas le nommer, au bord de l’implosion faute d’organisation et de régénération. Du côté de l’U.M.P., ce n’est guerre mieux, la désorganisation et la stagnation idéologique n’étant masquées que par le symbole envahissant qu’est devenu Nicolas Sarkozy. Pour tenir la distance, le Modem doit impérativement assurer sa régénération continuelle, aussi bien en hommes et femmes qu’en idées. Cette régénération doit pouvoir se faire aussi bien par des mouvements internes que pas l’intégration de nouveaux venus.


  1. La dialogique

« C'est l'association complémentaire des antagonismes qui nous permet de relier des idées qui en nous se rejettent l'une l'autre, comme par exemple l'idée de vie et de mort. Car, qu'y a-t-il de plus antagonistes que vie et mort ? Bichat définissait la vie comme l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort. Il n'y a pas si longtemps que nous comprenons comment le processus de vie, le système de régénération dont j'ai parlé, utilise la mort des cellules pour les rajeunir. Autrement dit, la vie utilise la mort. De même, le cycle trophique de l'écologie qui permet aux êtres vivants de se nourrir les uns les autres fait qu'ils se nourrissent par la mort d'autrui. Quand meurent des animaux, ceux-ci non seulement font le festin d'insectes nécrophages et d'autres animalcules, sans compter les unicellulaires, mais leurs sels minéraux sont absorbés par les plantes. Autrement dit, la vie et la mort sont l'envers l'un de l'autre. Ce qui fait que la formule de Bichat peut être complexifiée : la vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort tout en utilisant les forces de mort pour elle-même. Ruse de la vie, qui ne doit pas escamoter le fait que vie et mort demeurent deux notions absolument antagonistes. Donc, là aussi, possibilité de relier des notions sans nier leur opposition. »


Relier les antagonismes et mettre en relief leurs complémentarités. Ce principe est essentiel chez Edgar Morin et le Modem se doit de l’appliquer. Le paysage politique français se meut progressivement en un champ de bataille où s’opposent de plus en plus violemment et frontalement des groupes de citoyens: patrons et salariés, services publique et privé, socialistes et libéraux, souverainistes et fédéralistes, etc… Or dans chacun des cas la tendance est de s’en tenir aux antagonismes quand il y a aussi, de manière toute aussi essentielle, complémentarité.

C’est en ce sens qu’un discours rassembleur et apaisant doit être tenu par le Modem. Ce fut déjà le cas lors de la campagne présidentielle, au point d’être selon moi une clé du très bon score de François Bayrou au premier tour. Il faut aller plus loin, en interne comme en externe, pour redonner conscience aux parties qu’elles doivent, et sont même faites pour, s’entendre pour faire fonctionner le tout.

Dans le rassemblement, il ne faut voir l’idée d’effacement, les antagonismes doivent subsister.


  1. Le principe hologrammatique:

« Il signifie que dans un système, dans un monde complexe, non seulement une partie se trouve dans le tout (par exemple, nous êtres humains, nous sommes dans le cosmos), mais le tout se trouve dans la partie. Non seulement l'individu est dans une société mais la société est à l'intérieur de lui puisque dès sa naissance, elle lui a inculqué le langage, la culture, ses prohibitions, ses normes; mais il a aussi en lui les particules qui se sont formées à l'origine de notre univers, les atomes de carbone qui se sont formés dans des soleils antérieurs au nôtre, les macromolécules qui se sont formées avant que naisse la vie. Nous avons en nous le règne minéral, végétal, animal, les vertébrés, les mammifères etc. Nous sommes, en quelque sorte, non pas, à la façon ancienne, microcosmes du macrocosme, miroirs du cosmos; c'est dans notre singularité que nous portons la totalité de l'univers en nous, nous situant dans la plus grande reliance qui puisse être établie. »


En ramenant ce principe au niveau d’un parti politique, on comprend qu’il est essentiel que chaque membre porte en lui les valeurs, les idées, l’histoire du mouvement. C’est un engagement important que d’avoir adhérer au Modem, et aujourd’hui de militer. Pour valoriser et optimiser cet engagement, il conviendra, chacun à sa mesure, d’assurer que l’on reste en phase, à jour et en harmonie avec le mouvement.

La suite, sur la réforme de pensée et l'éthique, au prochain épisode...


Aurélien
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Offensive démocrate


En réponse aux manipulations élyséennes récemment révélées par la presse -voir les notes Hold-Up et Modem: le mort à abattre - François Bayrou tenait cet après-midi une conférence de presse solennelle annonçant la riposte.

Le texte intégral de cette annonce est en ligne sur le site du Modem.

Il y dénonce les méthodes indignes et déplacées de Nicolas Sarkozy; il y rappelle quatre des principaux points de désaccord; il y démontre la nécessité de défendre le pluralisme en France, non seulement pour le Modem, mais pour tout autre mouvement politique souhaitant se développer indépendamment des structures majeures existantes.



Devant l'agitation des médias et de la blogosphère, François Bayrou actionne son principal levier au sein du Mouvement Démocrate: les adhérents. L'immense majorité d'entre nous sommes en accord avec lui sur l'idée que la survie et la concrétisation de nos aspirations politiques et éthiques ne seront possibles que dans une évolution indépendante de l' U.M.P. et du P.S.. Nous serons visiblement appelés à nous prononcer par vote sur ce sujet avant l'été.

Pour ma part, la ligne que je suivrai est claire, c'est celle de l'indépendance et du pluralisme. Je me souviens du mois de novembre 2006 quand j'annonçais à ma mère, éternelle sympathisante socialiste, que je voterai pour François Bayrou au premier tour, et si possible au second tour des présidentielles, même dans un éventuel face à face avec Ségolène Royal. Devant son incompréhension, j'avais répondu quelque chose qui ressemblait à ceci: "Je ne connais pas encore son programme, je ne sais pas encore si je serai d'accord avec lui sur les sujets majeurs. Mais ce que je sais déjà, c'est qu'il est démocrate et qu'il est plus que nécessaire, il est urgent, de faire naître une troisième force démocrate en France."
Le reste de la campagne présidentielle a achevé de faire de ma voix un vote d'adhésion, mais nous sommes finalement arrivé à ce point tournant, à cette question: Un troisième choix politique est-il souhaitable pour notre pays?

Évidemment oui. Et au-delà un quatrième, un cinquième... Ce sujet dépasse les seuls intérêts du Modem ou de François Bayrou. Le pluralisme est indispensable pour créer des majorités d'idées en faveur des citoyens et non plus des majorités d'étiquettes en faveur des partis.

Au nom de quoi l' U.M.P. sarkoziste, et moins ouvertement le P.S., s'opposent à cette ouverture démocratique si ce n'est pour conserver l'exclusivité du pouvoir qu'ils partagent et s'échangent entre eux, et l'on sait avec quel résultat, depuis 30 ans?

Parce que la France et le Monde ne sont pas binaires mais complexes et diverses, c'est à nous démocrates du Modem et d'ailleurs d'en tirer les conséquences et d'imposer le pluralisme à nos dirigeants.


Aurélien
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vendredi 11 avril 2008

Changez la face du monde


Un peu de soutien pour une noble cause.

Deux étudiants de l'Université de Sherbrooke, au Québec, ont investi bénévolement plus de 1 000 heures de leur temps dans un projet humanitaire.

Le but: changer la face du monde en soutenant les projets de développement durable d' Oxfam-Québec, principalement engagés dans la création d'accès aux services d'éducation, de santé, d'eau et d'assainissement dans les pays les plus pauvres de la planète.



Le moyen: toute personne désireuse de soutenir cette cause peut se "pixelliser". Pour 5 dollars (5 Euros pour les européens), vous pouvez occuper un pixel d'une carte mondiale noire et blanche, qui au fil du remplissage des 140 000 pixels disponibles deviendra colorée, nuancées, vivante. Vous pouvez choisir votre pixel, à condition qu'il ne soit pas déjà occupé, et donc vous situer où vous voulez sur la planète.


Les différences que nos dons peuvent faire:

5 dollars :

Acheter 4 seaux hygiéniques et sécuritaires pour transporter l’eau;

Offrir 40 repas à l’école;


25 dollars :

Irriguer une parcelle de terre agricole pendant 3 mois;

Planter 35 arbres;

Acheter 120 barres de savon;


50 dollars :

Fournir en médicaments un village pendant plus d'un mois;


75 dollars :

Acheter un pupitre et une chaise d’école;


100 à 150 dollars :

Former une sage femme;

Former 2 maîtres d’école;

Acheter une longueur de 50 mètres de tuyau de distribution d'eau;


250 à 300 dollars :

Créer un petit jardin maraîcher destiné à la vente;

Acheter un kit d'abri de secours contenant la couverture de protection en plastique, des supports, des piquets et des cordes qui serviront pour une famille de huit personnes;


750 dollars :

Appuyer le développement pédagogique de 11 professeurs;

Acheter 11 trousses de premiers soins;


1 000 à 1 500 dollars :

Acheter un kit pour creuser une latrine;

Former 7 agriculteurs;

Fournir de l’eau potable à 1 000 personnes pendant 1 journée;

Payer le salaire d’un maître d’école pendant 1 an;


2 850 dollars :

Acheter un réservoir d’eau;


3 500 dollars :

Construire une classe d’école.


En date d'aujourd'hui plus 4 100 dollars ont été collectés, soit environ 820 pixels occupés. Autrement dit il en reste plus de 139 000 à remplir. Nous pouvons y arriver. Merci de votre générosité et de votre temps pour participer et informer vos réseaux.

https://www.changezlafacedumonde.org/


Aurélien - Pixel [X :569 Y :296]

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jeudi 10 avril 2008

La République du Népal

Ces derniers jours nous ont apporté suffisamment d'inquiétudes quant à la démocratie en France et dans le monde qu'il est nécessaire et rafraîchissant de saluer l'avènement de la République du Népal.

Alors certes ce n'est pas encore officiel, mais ce jeudi 10 avril 2008 rentre dans l'histoire de l'humanité comme le jour où l'on aura voté pour former la première assemblée constituante au Népal, mettant fin au système de monarchie féodale. C'est la première fois que les Népalais sont appelés aux urnes en 16 ans.

Plus qu'un long discours, je vous laisse apprécier l'enthousiasme de Dinesh Wagle, journaliste népalais, qui raconte son vote historique sur son blog personnel. Le lien vous emmène sur la version originale, le Courrier International en donne la version française.

À relayer auprès des trop nombreux abstentionnistes français.

Vive la Démocratie.

Aurélien
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Hold-up

Voici un article du Monde qui vient appuyer la note précédente.

Extrait choisi:

M. Paillé évoque enfin ce qui constitue un enjeu essentiel pour l'avenir politique du MoDem, et donc de son président : le partage des subventions publiques aux différentes formations politiques. "Il est clair qu'à quelques semaines du versement aux partis politiques de la dotation publique de l'Etat, les sénateurs centristes et de nombreux élus locaux ne veulent plus en faire bénéficier François Bayrou et Marielle de Sarnez", assure M. Paillé.



Autrement dit l'Élysée veut priver le Modem de moyens financiers qu'il a obtenu démocratiquement par le vote des citoyens français, et l'on sait avec quels obstacles sur son chemin. Ce n'est ni F. Bayrou ni M. De Sarnez que l'on vole, ce sont tous les citoyens qui ont apporté leurs voix au Modem.

Aucun démocrate digne de ce nom, du Modem ou d'ailleurs, ne peut accepter cela. Encore moins quand l'ordre vient directement du Président de la République, fonction qui oblige à l'impartialité.



Aurélien
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mercredi 9 avril 2008

Modem : le mort à abattre


Suite l'échec de l' U.M.P. aux dernières élections municipales, Nicolas Sarkozy décide de se donner les moyens d'organiser la majorité en vue des prochaines échéances régionales et européennes. L' outil salvateur sera un "comité de liaison" entre l' U.M.P. et ses satellites (Nouveau Centre, Parti radical, Forum des Républicains Sociaux, Gauche Moderne, Progressistes).

Un article paru hier sur le site de l'hebdomadaire Marianne, et relayé depuis par d'autres rédactions, décrit ce projet. Deux groupes de travaux sont prévus, le premier pour les élections européennes et le second pour les régionales.

Après la fameuse "branlée" des municipales, on aurait pu penser que le but premier de ce comité de liaison serait de rassembler les forces du camp Sarkoziste, en ratissant le plus largement possible, pour faire face au regain de forme socialiste ; le P.S. est aujourd'hui majoritaire dans les régions et villes de France.

Et bien non, le premier intérêt de ce comité de liaison, notamment du second groupe, est de torpillé le Modem et François Bayrou.



"Le second groupe étudiera les régionales pour lesquelles le Premier ministre a proposé de modifier le mode de scrutin, en passant à la proportionnelle à un tour. Une telle réforme, obligeant au rassemblement dès le premier tour, aurait, aux yeux de la majorité, l'avantage d'être défavorable à François Bayrou, le président du MoDem. "La force de M. Bayrou, c'est les scrutins à deux tours parce qu'il peut monnayer très cher, à gauche comme à droite, l'appoint qu'il peut apporter pour gagner au second tour", a noté une source UMP."

Alors que les médias ont unanimement présenté les résultats des municipales comme un défaite majeure, voire fatale, pour le Modem, celui-ci reste manifestement la force politique à étouffer. Il serait bon de s'interroger sur les raisons de cet acharnement.

J'y vois la preuve que le Modem est encore en vie ; que tous ceux qui ont affiché haut et fort les 16% de moyenne réalisés, au premier tour des municipales, dans les villes de plus de 10 000 habitants avaient raison d'être fiers.

J'y vois la peur non plus seulement d'un homme, mais d'un mouvement dans son ensemble, large, déterminé, lucide.

J'y vois l'aveu d'un parti qui, lui, a effectivement connu une défaite fatale aux municipales: le Nouveau Centre. Ce comité de liaison est en réalité une nouvelle étape de la digestion du centre droit par l' U.M.P..


Par ailleurs, il est de notre intérêt à tous, français, que le Président de la République reste en recul du débat politique entre tous les partis. Il ne doit pas prendre partie s'il est (s'il veut être) le président de tous les français. Or ce "comité de liaison" sera piloté par Nicolas Sarkozy lui-même. Autant dire que le Président de la République s'implique directement dans l'exclusion organisée d'une partie de peuple dans le débat publique, assumant ainsi une dérive anti-démocratique affichée. Le slogan 2008 de l'Élysée: "Ensemble, sauf la moitié, tout devient possible."


Face à cela, le Modem, plus que jamais attaché à démocratie, à la justice, à la vérité, est en vie. Il fait peur du haut de ses un an. Vivement qu'il en ait cinq.


Aurélien
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mardi 8 avril 2008

Conflit de tristesses


Après avoir lu beaucoup, peut-être trop, d'articles relatant le fiasco humain, politique et éthique de la traversée de Paris par la flamme olympique, j'ai longtemps cherché comment résumer de manière claire et simple ma pensée.

Mais je dois me résoudre au fait que se sont mélangés dans cet événement plusieurs des sujets les plus lourds de l'actualité récente en France, en Chine et ailleurs dans le monde. Le Tibet, la liberté de la presse, le droit d'ingérence, la répression, les J.O. dénaturés, etc... Une vidéo de la Télé Libre résume parfaitement l'ambiance émanant de ce curieux cocktail. Triste bordel.



Au final, il y a l'enthousiasme des manifestants, notamment R.S.F., que j'ai du mal à partager parce que je ne peux m'empêcher de croire qu'ils auront, au final, fait le jeu de l'autoritarisme chinois. Il n'y a qu'à lire la presse chinoise pour constater que les mêmes stratégies de désinformations que pour la répression au Tibet sont appliquées pratiquement mot pour mot. Les troubles ont été causés par des indépendantistes tibétains. Fin de l'histoire.

Il y a aussi la capitulation de la France qui par l'intermédiaire des forces de l'ordre a suivi à la lettre les instructions de son occupant liberticide d'un jour. On confisque les drapeaux tibétains, on détourne des caméras, on déploie un dispositif de sécurité digne d'un sommet du G8. Il y aura eu vacance de la démocratie en France le 7 avril 2008. La honte.

Et puis finalement, il y a les athlètes, les relayeurs, coincés entre leur plus profond, leur plus sincère esprit sportif, collectif, fair-play d'un côté et leurs convictions personnelles d'occidentaux moyens, que la société leur renvoie parfois crument par médias interposés, de l'autre. Ils tiennent aux valeurs olympiques, mais n'ont pas pu les porter plus haut, plus loin, plus fort. Tout juste un petit badge au message douillet - "Pour un monde meilleur" - épinglé sur leurs torses pour tenter de revenir à leur essentiel.

Et c'est ce que j'ai décidé de faire également, dans cette espèce de tristesse confuse. J'ai voulu revenir à l'essentiel, au fondamental point de départ, qu'il ne faudra jamais oublier, en publiant ci-haut l'un des dessins les plus récents de Michael Ramirez, du journal Investors Business Daily, lauréat du prix Pulitzer 2008 du meilleur dessin éditorial.

Il paraît qu'une image vaut mille mots.

J'ajouterai simplement cette citation d'Einstein: "La perfection des moyens et la confusion des buts semblent caractériser notre époque."

Aurélien
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lundi 7 avril 2008

Trop d'Ingrid tue Bétancourt


Avant de rentrer dans le vif de ce billet, je précise que je ne m'exclus aucunement des dérives que je décris. J'ai moi aussi mes convictions, mes émotions, mes idéaux et ma grande gueule. J'essaie simplement de prendre ici, du bord de ma fenêtre, un peu de recul.


Depuis quelques jours, au fil de l'expansion de la bulle médiatique autour de la situation d'Ingrid Bétancourt, je sens poindre dans l'opinion publique et médiatique française ce qui ressemble à une mauvaise habitude. Celle de la surenchère émotionnelle, de la compétition du pathos. C'est à qui aura la plus belle, la plus forte, la plus juste de toutes les indignations afin de pouvoir revendiquer le trône de la morale absolue.

Pourquoi?



L'indignation n'est possible qu'avec l'identification d'un coupable. Ingrid Bétancourt a été faite otage par les F.A.R.C. il y a plus de 6 ans. Depuis nos coupables préférés se succèdent dans une ronde toujours plus rapide. D'abord les F.A.R.C. eux-mêmes, évidemment, puis les autorités françaises trop passives, puis le gouvernement Colombien trop rigide, puis, le comble, l'ensemble des acteurs les plus engagés pour une libération ; sans oublier Ingrid Bétancourt elle-même, qui après tout aurait du faire preuve de plus de prudence en ce 23 février 2002...

En effet ces derniers jours, doucement mais sûrement, on entend ici et là des questions qui, pour la première fois, semblent placer ceux qui les posent en adversaires d'un dénouement rapide et heureux pour l'otage franco-colombienne:

Pourquoi une telle médiatisation pour une seule otage?
Pourquoi les autres otages ne reçoivent-ils pas autant d'attention?
Bénéficieront-ils d'une mobilisation comparable après l'éventuelle libération de l'otage "vedette"?
Pourquoi cet otage en particulier et non l'un des (trop) nombreux autres sur un autre continent?


Des questions et des spéculations:

La (sur)médiatisation serait due à l'origine bourgeoise d'Ingrid Bétancourt.
Cette (sur)exposition nuirait à ses intérêts, permettant aux F.A.R.C. de faire monter les enchères.
Cette omniprésence médiatique nuirait aux intérêts des autres otages rendus anonymes, sans valeur marchande.

Ce que l'on peut constater, c'est que l'évolution de l'opinion, et son retournement naissant, suit fidèlement celle de la bulle médiatique. En France, depuis longtemps, une médiatisation importante devient vite suspecte et l'objet d'une telle médiatisation aussi vite réduit à un simple jouet coupable dans toutes les plus folles rumeurs. C'est le cas quel que soit le sujet, que la culpabilité soit justifiée ou non, de la Bruelmania à l'omniprésence médiatique de Nicolas Sarkozy; de Sheila à Zidane. Nous français aimons éteindre tout ce qui éblouit.

Pour Ingrid Bétancourt et ses proches le pire, en ce qui concerne l'opinion publique et la rumeur, ne fait que commencer. Depuis quelques jours, on ne dit plus "Ingrid Bétancourt", mais "Ingrid" tout court. Je guette impatiemment la première personnalité qui lâchera "Nous sommes tous Ingrid". Je ne serais d'ailleurs pas surpris que ce soit déjà fait. On ne se mobilise plus pour une personne mais pour un symbole. La réalité, le concret, la lutte que mène sa famille depuis 6 ans est en train d'échapper à tout contrôle. Le quatrième pouvoir a créé un nouveau monstre, une énième illusion. Il faut bien vendre...

La dernière carte maîtresse, celle de la réalité, est dans les mains des F.A.R.C.. Eux-seuls savent ce qu'il en est de la santé d'Ingrid Bétancourt et de sa valeur marchande. Quelle que soit l'issue, ils ont déjà gagné cette bataille. Si "Ingrid" décède (certaines rumeurs prétendent que c'est déjà le cas...) la faute ne leur incombera pas. Elle sera rejetée sur les autorités françaises passives, inefficaces & incompétentes. Si "Ingrid" survie, les F.A.R.C. pourront jouir d'une image plus humaine, plus souple, plus sympathique. Ils n'ont que faire du symbole "Ingrid" qui mobilise toutes les rédactions de France et ne peut plus les atteindre.

Ingrid Bétancourt elle, dans toute sa tragédie humaine, quotidienne, est aussi oubliée et finalement aussi anonyme que ses compagnons d'infortune.


Aurélien
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vendredi 4 avril 2008

Orientation Globale Misanthrope


Pour se forger un avis solide sur une question, il convient d'en connaître les tenants et les aboutissants.

En ce qui concerne les O.G.M., le débat étant plus que jamais d'actualité, une petite séance de surf, ou plutôt de skate (merci Versac...), m'a mené, entre autres, sur ce site de l'ONU pesant le pour et le contre.

Ce que je retiens de tous ces arguments "pro" ou "anti", essentiellement, c'est l'incertitude, le conditionnel. Il semble que rien ne soit totalement sous contrôle, que tout pourrait basculer vers le meilleur comme vers le pire.



L'ampleur de cette incertitude sur des thèmes aussi vitaux qu' universels rend d'autant plus choquant le fait que dans bien des endroits du monde, par exemple au Brésil, agriculteurs, consommateurs et gouvernements sont mis devant le fait accompli de la culture effective et la commercialisation d' O.G.M..

La passivité, pour ne pas dire nonchalance, de nos gouvernements sur ce sujet fondamental est révoltante. Mais ce n'est pas une première et j'offre aux plus sarcastiques des anti-O.G.M. cet argument en béton: la preuve qu'il faut s'inquiéter des O.G.M., c'est que nos gouvernements commencent à nous en parler et à vouloir légiférer.

En ce qui me concerne, en plus des incertitudes et des spéculations des arguments pour ou contre, un élément additionnel fait pencher ma balance pour un refus non seulement de la culture et de la commercialisation d' O.G.M., mais aussi de la recherche dans ce domaine. Cet élément, c'est ce qui est appelé le brevetage du vivant.

Aujourd'hui, aux États-Unis, au Canada mais aussi au Japon, des entreprises de biotechnologies ont la possibilité de breveter un gène (ou une molécule) isolé, et parfois modifié, provenant d'un être vivant. Ce brevet leur permet de revendiquer le monopole sur tout produit dérivé (vivant ou non) incluant ce gêne.

On a ainsi vu l’entreprise américaine Myriad Genetics obtenir des brevets exclusifs pour le gène BRCA1, un gène qui, lorsque défectueux, augmente la susceptibilité au cancer du sein. Le champ d'application est considérable: le gène normal et ses mutations éventuelles, les tests qui permettant le diagnostique des mutations sur ce gène et ceux sur des échantillons de tumeurs. Myriad Genetics exige évidemment que tous les tests soient réalisés dans ses laboratoires aux États-Unis. Ce monopole réduit également l’accès de la population aux soins médicaux, contraint la recherche sur d'autres tests diagnostiques et risque la protection de la vie privée, puisqu'il permet à Myriad Genetics de constituer une banque de données A.D.N. de tous les individus testés.

Heureusement pour l'instant l'Europe fait plus ou moins barrage à ce genre de pratiques. Mais c'est bien là où nous en sommes en tant qu'espèce humaine.

Est-ce cela que nous voulons vraiment?

Pouvons-nous négliger à ce point toute éthique?


Je prône, derrière Edgar Morin, l'"anthropo-éthique". Une éthique de compréhension, de lucidité, de patience, d'acceptation de l'incertitude ambiante de notre aventure commune.

Sans m'étaler sur le rôle citoyen que chacun de nous doit tenir, puisqu'après tout il s'agit de santé publique et d'environnement, qu'une fameuse charte associée à la Constitution Française nous oblige à protéger, je tiens à écrire ceci:

La vie est encore porteuse de tant de mystères pour l'être humain. La vie, ce n'est pas seulement ce que l'on comprend d'un code génétique, c'est aussi tout ce qui s'en échappe, tout ce qui nous échappe. Il me semble qu'en endossant encore un peu plus le costume divin pour lequel il n'est pas taillé, l'Homme se retranche un peu plus de l'Univers alors qu'il doit, au contraire, s'y situer, s'y recentrer, sous peine de s'ignorer lui-même de manière totale et définitive.



Aurélien
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jeudi 3 avril 2008

Besoin de rien, envie d’un toit…


En sociologie plusieurs modèles existent pour classifier, hiérarchiser les besoins humains; ceux que nous ressentons tous, consciemment ou non.

Par exemple, la Pyramide de Maslow hiérarchise les besoins sur cinq niveaux, du plus matériel, physique, animal au plus intellectuel, spirituel, humain :

Besoins physiologiques (respirer, boire, manger, dormir, …)

Besoins de sécurité (logement, ressources, stabilité familiale, …)

Besoins d'appartenance sociale (amour, amitié, intégration sociale, …)

Besoins d'estime (respect, succès professionnel, loisirs, …)

Besoins d'auto-réalisation (apprentissage, amélioration, …)


Autre exemple, plus simple :

Besoins primaires (vitalité et physiologie)

Besoins secondaires (vie en société, habitation, alphabétisation, …)

Besoins tertiaires (vie personnelle, santé mentale, loisirs, travail, …)


Ce que l’on peut remarquer dans ces deux cas, et d’autres modèles pourraient le confirmer, c’est que la satisfaction des besoins les plus primaires (niveaux 1 et 2 dans le modèle de Maslow) doit être assurée avant d’aborder les niveaux supérieurs entre lesquels, en revanche, la hiérarchie s’assouplit.

En effet, il difficile, voire impossible, de nos jours et dans nos sociétés occidentales, d’envisager une intégration sociale sans aucune ressource financière. En revanche, avoir un logement et jouir d’une stabilité familiale peut suffire pour entreprendre l’approfondissement de ses connaissances où encore s’impliquer dans une association.

Ceci nous amène à constater, pour rejoindre l’actualité récente, que les besoins en ressources (pouvoir d’achat) et en habitation (logement) sont essentiels au bien-être non seulement des individus, mais aussi de la société dans son ensemble.

Il devrait donc être fondamental pour un pays démocratique, au pouvoir théoriquement exercé par le peuple et pour le peuple, de garantir le contentement de ces besoins. J’irai même plus loin : cette garantie devrait inclure une qualité, un niveau de satisfaction supérieur au minimum requis pour une simple survie, sans quoi les niveaux supérieurs du développement personnel et social, décris plus haut, resteraient inaccessibles.

Or, il est une période de la vie, pour la majorité d’entre nous, où l’accès aux niveaux supérieurs est indispensable au bien-être sur l'ensemble de notre vie. Cette période, c’est l’enfance. L’enfance dans son sens le plus large, de 0 à 25 ans, du stade du nourrisson à celui de jeune diplômé prêt à devenir officiellement adulte en rentrant dans ce qu’on appelle la vie active ; comme si tout ce qui précède ne relevait exclusivement de la passivité…

Si l’on se concentre sur l’âge « pivot » auquel correspond la vie étudiante, où l’on est ni enfant ni adulte, cette période où l’individu goûte à l’autonomie, se tresse un tissu de connaissances, de relations, d’aspirations et se dessine un avenir, alors la satisfaction des besoins de reconnaissance et d’appartenance sociale, d’estime et d’auto-réalisation doivent impérativement être satisfaits.

Il ne saurait en être autrement pour une société qui aspire au progrès de ses individus, d'elle-même et même au-delà, de l’ Humanité. « Le véritable progrès démocratique n'est pas d'abaisser l'élite au niveau des foules, mais d'élever la foule vers l'élite. », disait Gustave Le Bon.

C'est avec ces deux idées à l’esprit, le besoin essentiel du logement pour n’importe quel individu et le caractère « charnière » que porte la période étudiante dans une vie, que j’ai signé des deux mains la pétition lancée par le collectif Jeudi Noir.

Pour de trop nombreux étudiants de France, le logement est aujourd’hui devenu une contrainte, une angoisse, un péril. Ils font face à un problème qui ne devrait pas exister et surtout, ne devrait avoir d’impact ni sur les chances de réussite, ni sur la liberté avec laquelle chacun d’entre nous souhaite faire ses choix de vie.

Avec autour de lui une foule d’associations et de mouvements politisés de (presque) tous bords, le collectif Jeudi Noir avance onze propositions pour « sortir les jeunes de la galère du logement » :

- Application de la loi SRU, inéligibilité pour les maires qui ne font- aucun effort pour respecter la loi et mise sous tutelle par la préfecture de leur politique du logement;

- Doublement, et application aux bureaux, de la taxe sur les logements vacants;

- Application de la loi de réquisition de 1945;

- Construction massive de Cités U';

- Vérifier régulièrement la situation des locataires du parc social, quadrupler les surloyers de solidarité, donner congé aux locataires du parc social qui ont une résidence secondaire;

- Gel des loyers;

- Le cautionnement solidaire (GRL) doit s'appliquer à tous;

- Limitation simple et claire des pièces justificatives qu'un bailleur peut demander;

- Moduler la taxe d'habitation en fonction des ressources;

- Élargissement des critères sociaux donnant accès aux bourses d'études;

- Re-fiscalisation des intérêts d'emprunts et plus-values immobiliers.


Si vous pensez comme moi qu'il est de notre intérêt à tous que pour tout étudiant la précarité soit une impossibilité, rejoignez les signataires.


Aurélien

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mercredi 2 avril 2008

L'Homme de l'Atlantisme



Pour ceux qui en doutaient encore...

Dans la tourmente du débat sur l’envoi d’un millier de soldats français en Afghanistan, et au-delà sur l’éventuel atlantisme du Président Sarkozy, je tiens à apporter une autre approche. Voici un article paru aujourd’hui dans la presse canadienne :






Par Joël-Denis Bellavance

Bucarest, Roumanie


Le premier ministre Stephen Harper refuse de confirmer que le président américain George W. Bush lui a formellement promis que les États-Unis déploieront 1000 soldats de plus dans le sud de l’Afghanistan afin de prêter-main forte aux quelque 2300 soldats canadiens en mission dans cette région dangereuse.

M. Harper a participé ce matin à un forum organisé par le « German Marshall Fund of the United States » où l’avenir de la mission de l’OTAN en Afghanistan a été au cœur des discussions.

Le président de l’Afghanistan, Hamid Karzaï, et le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, ont également pris la parole durant ce forum qui avait lieu quelques heures avant le début officiel du sommet de deux jours des 26 pays membres de l’Alliance.

Durant ce forum, M. Harper a indiqué qu’il avait confiance que le Canada obtiendra les renforts de 1000 soldats qu’il réclame d’ici février 2009 afin de maintenir des troupes en Afghanistan. Mais il a refusé de confirmer les informations de CTV News selon lesquelles le président Bush lui a donné la ferme garantie que les Américains enverront des troupes supplémentaires afin d’épauler les soldats canadiens.

Tout indique que la France enverra des troupes, vraisemblablement un contingent de 1000 soldats, dans l’est de l’Afghanistan, aux côtés des soldats américains, permettant ainsi aux États-Unis de redéployer des soldats dans le sud du pays.

M. Harper a indiqué n’avoir obtenu aucun engagement formel du président français Nicolas Sarkozy. Il a précisé qu’il importe peu d’où viendront les renforts. L’important, c’est que des soldats supplémentaires soient à pied d’œuvre dans le sud de l’Afghanistan.

Par ailleurs, le premier ministre a annoncé ce matin que le Canada appuie la demande de l’Ukraine de devenir membre de l’OTAN. M. Harper a aussi exhorté les autres membres de l’Alliance à accueillir ce pays qui faisait autrefois partie de l’URSS.


Selon M. Harper, la participation de l’Ukraine accélérerait la réforme démocratique et le développement économique dans ce pays.

«L’Ukraine a fait d’immenses progrès en matière de démocratisation et d’ouverture de son économie ces dernières années, a dit le premier ministre. Le pays est sur la voie d’un avenir meilleur pour sa population, et je presse nos partenaires de l’OTAN de reconnaître que nous devrions soutenir l’adhésion complète de l’Ukraine à l’Alliance.»

Le président Bush appuie aussi la demande de l’Ukraine alors que l’Allemagne et la France s’y opposent. La Russie, qui n’est pas membre de l’OTAN, s’y oppose aussi farouchement.



Cet article, comme d’autres précédemment, défini clairement le cadre dans lequel Nicolas Sarkozy a décidé de l’annonce de l’envoi de soldats français devant les parlementaires britanniques.

Le Canada est l'une des principales forces de l’OTAN en Afghanistan, au point de prendre le commandement des opérations dans ce pays durant neuf mois en 2006… Après la perte de 78 soldats, et devant une situation qui ne semble pas s'améliorer, le ras-le-bol commence à se faire sentir dans l’opinion publique comme dans les différents partis d’opposition canadiens. À tel point que M. Harper, contraint par le fait que son gouvernement soit minoritaire, a menacé de ne pas prolonger la mission canadienne au-delà de 2009 si un renfort en hommes et en matériel n’était pas concrétisé. Ce renfort exigé soulagerait les forces canadiennes responsables de la sécurité dans la région de Kandahar.

M. Harper est un néo-conservateur. Ses discours de campagne électorale et sa politique à la tête du gouvernement canadien ressemblent à s’y méprendre à ceux de l’administration Bush. Il supporte l'intervention américaine en Irak, il a renié la signature par le Canada du protocole de Kyoto, etc...

Le fait que le Président de la République Française annonce, devant les parlementaires du principal allié des USA dans le bourbier irakien, que la France assurera ce renfort auprès du Canada, politiquement parlant la principale succursale du néo-conservatisme américain, aligne définitivement notre pays sur l’ « Axe du Bien ». Bush, Harper, Sarkozy... Ensemble, tout devient possible.

EDIT: En complément, voici une excellente entrevue avec Emmanuel Todd.

Aurélien
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