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Lors de son discours présentant son analyse du rapport de la Commission Copé sur la réforme du service public audiovisuel et annonçant ses décisions sur la mise en oeuvre de la suppression de la publicité sur France Télévision, Nicolas Sarkozy aura prononcé deux phrases inacceptables à ce niveau de l'État.
1 - La preuve qu'il ne connaît pas ce qu'il réforme:
« Il n’y a aucune raison que le président de France Télévisions soit nommé différemment que celui de la S.N.C.F., d’E.D.F. ou de la R.A.T.P..»
Évidemment qu'il y a des raisons. Deux me viennent immédiatement à l'esprit:
Premièrement, à l'heure où la question de l'indépendance des médias est posée chaque jour avec plus de légitimité, c'est un signe contraire aux aspirations des citoyens que d'annoncer que le président de France Télévisions devra son poste au pouvoir en place, à l'exécutif comme à la majorité parlementaire. Cette dernière étant chargée de valider son budget d'année en année (quand produire une fiction peut prendre deux ou trois ans...), il est certain que le futur chef de la télévision publique n'aura plus aucun droit à l'"erreur".
Deuxièmement, les autres entreprises citées par le Président de la République ne subissent pas de plein fouet la concurrence du secteur privé comme c'est le cas de France Télévisions, d'autant plus depuis l'arrivée de la T.N.T.. Quand on connaît les liens existants d'une chaîne comme T.F.1. avec le pouvoir actuel, la dépendance vis à vis du pouvoir des chaînes publiques serait la mort annoncée de toute liberté de fond et de forme à la télévision. Déjà qu'aujourd'hui ce n'est pas brillant...
De cette indépendance et de cette liberté dépend notre droit à une information de qualité nous permettant de tenir notre rôle de citoyen de manière juste et responsable.
2 - La preuve qu'il nous prend pour des moutons:
"Si on attend septembre 2009, c'est encore un an où le téléspectateur aura entendu dire qu'il allait se passer des choses et que ça allait changer et où il ne se passera rien"
Des moutons impatients. Selon Nicolas Sarkozy le téléspectateur est incapable d'intégrer une information aussi basique qu'une simple date. Si on lui annonce une réforme pour le mois de septembre, il ne comprendra pas pourquoi rien n'aura changé dès le mois de janvier. Vous êtes impatients, souvenez-vous. Visiblement Bouygues et Bolloré aussi. À moins qu'il faille y voir la trouille de futurs couacs, comme un aveu d'incompétence en matière de communication, pour l'ensemble du gouvernement, avec ou sans Kaiser Saussez...
Je ne reviendrai pas sur l'absurdité du financement proposé ni sur l'absence totale de vision pour la radio, l'outre mer ou la francophonie. Tout ceci ressemble trop à de l'improvisation - puisque les solutions sont les mêmes qu'il y a 6 mois, à quoi a servi la Commission Copé? - et quand on improvise sur de telles réformes, qui ne relèvent d'aucune urgence, qu'en est-il des enjeux majeurs et des attentes pesant sur le quotidien des Français?
Aurélien
1 - La preuve qu'il ne connaît pas ce qu'il réforme:
« Il n’y a aucune raison que le président de France Télévisions soit nommé différemment que celui de la S.N.C.F., d’E.D.F. ou de la R.A.T.P..»
Évidemment qu'il y a des raisons. Deux me viennent immédiatement à l'esprit:
Premièrement, à l'heure où la question de l'indépendance des médias est posée chaque jour avec plus de légitimité, c'est un signe contraire aux aspirations des citoyens que d'annoncer que le président de France Télévisions devra son poste au pouvoir en place, à l'exécutif comme à la majorité parlementaire. Cette dernière étant chargée de valider son budget d'année en année (quand produire une fiction peut prendre deux ou trois ans...), il est certain que le futur chef de la télévision publique n'aura plus aucun droit à l'"erreur".
Deuxièmement, les autres entreprises citées par le Président de la République ne subissent pas de plein fouet la concurrence du secteur privé comme c'est le cas de France Télévisions, d'autant plus depuis l'arrivée de la T.N.T.. Quand on connaît les liens existants d'une chaîne comme T.F.1. avec le pouvoir actuel, la dépendance vis à vis du pouvoir des chaînes publiques serait la mort annoncée de toute liberté de fond et de forme à la télévision. Déjà qu'aujourd'hui ce n'est pas brillant...
De cette indépendance et de cette liberté dépend notre droit à une information de qualité nous permettant de tenir notre rôle de citoyen de manière juste et responsable.
2 - La preuve qu'il nous prend pour des moutons:
"Si on attend septembre 2009, c'est encore un an où le téléspectateur aura entendu dire qu'il allait se passer des choses et que ça allait changer et où il ne se passera rien"
Des moutons impatients. Selon Nicolas Sarkozy le téléspectateur est incapable d'intégrer une information aussi basique qu'une simple date. Si on lui annonce une réforme pour le mois de septembre, il ne comprendra pas pourquoi rien n'aura changé dès le mois de janvier. Vous êtes impatients, souvenez-vous. Visiblement Bouygues et Bolloré aussi. À moins qu'il faille y voir la trouille de futurs couacs, comme un aveu d'incompétence en matière de communication, pour l'ensemble du gouvernement, avec ou sans Kaiser Saussez...
Je ne reviendrai pas sur l'absurdité du financement proposé ni sur l'absence totale de vision pour la radio, l'outre mer ou la francophonie. Tout ceci ressemble trop à de l'improvisation - puisque les solutions sont les mêmes qu'il y a 6 mois, à quoi a servi la Commission Copé? - et quand on improvise sur de telles réformes, qui ne relèvent d'aucune urgence, qu'en est-il des enjeux majeurs et des attentes pesant sur le quotidien des Français?
Aurélien
7 commentaires:
Bonjour,
Billet bien sévère, mais honnête bien sûr de votre part.
Pour ce qui est de l'information, la pluralité est de mise non ?
Il ne suffit pas de regarder France 2 ou 3 ou autre du groupe pour être informer non ?
On revient toujours sur les relations du Président avec ses amis. Mais, au temps de François MITTERRAND, il n'y avait pas des patrons, très proches de lui ?
Laissons faire les choses, l'essentiel est que cela bouge pour la télévision en France.
A plus
JD
gueulante.fr
@JD
"Pour ce qui est de l'information, la pluralité est de mise non ?"
Justement, où est la pluralité quand la plupart des grands médias publics ou privés dépendent officiellement ou officieusement du pouvoir?
"Il ne suffit pas de regarder France 2 ou 3 ou autre du groupe pour être informer non ?"
Non, mais ce devrait être l'ambition première des médias publics. Être aussi complets et objectifs que possible. (Voir ma note "Pour en finir avec la désinformation")
"Mais, au temps de François MITTERRAND, il n'y avait pas des patrons, très proches de lui ?"
Trois points là-dessus:
1- Ce n'est pas parce qu'un prédécesseur abusait de son pouvoir que ce type d'abus est justifiable.
2- Mitterrand n'avait pas le patron de la première chaîne comme parrain de son fils, ni le patron d'une chaîne câblée comme agent de vacances...
3- Mitterrand a beaucoup fait pour le pluralisme et l'indépendance des médias, c'est une chose que l'ensemble de la classe politique lui reconnaît.
On partage la même vision !
Homo4s
Bonsoir,
On revient, bille en tête !
Non sérieusement, il faut regarder la vidéo de elysee.fr envers ce sujet. Cela donne ben des pistes, très sérieuses, en dehors des commentaires de la presse.
Faire, l'efffort de visionner cette vidéo, permet de comprendre pourquoi les changements seront efficaces pour la télévision Française.
Bien sûr, pour certains c'est se faire violence d'écouter le président de la France mais au moins, on démarre sur des bases solides et réelles.
A plus
JD
gueulante.fr
@JD:
Mais évidemment que j'ai visionné ce discours. Il est effrayant de suffisance et de légèreté. Son ton paternaliste qui engueule à moitié un tas de gens sans jamais les cités, c'est insupportable.
Je ne reviendrai pas sur l'absurdité du financement (déjà dit sur votre blog...), mais par exemple quand il annonce qu'il y aura toujours de la pub d'intérêt général alors que celle-ci n'est pas encore définie, je fais des bons. L'idée est-elle de nous passer la propagande gouvernementale?
Au final il impose sa vision. Mais au nom de quoi la vision du Président de la République devrait prévaloir? Cette réforme n'était pas dans son programme, il n'a donc pas été élu pour et n'a aucune légitimité pour définir la télévision que nous finançons.
Qu'il lance une commission pourquoi pas, mais ce n'est pas à lui de décider ce qui est prendre ou à laisser. Encore une fois les parlementaires, notamment de l'UMP, sont pris pour des machines à voter.
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