Les Irlandais sont aujourd'hui appelés à se prononcer sur le Traité de Lisbonne. C'est le seul peuple européen qui aura cette liberté, tous les autres ayant vu leurs parlements respectifs ratifier le texte. La responsabilité, à peine 3 millions de votants décideront du sort d'un demi-million d'européens, est énorme.
J'entends et je lis au MoDem, dans le discours des intervenants à la Convention sur l'Europe du week-end dernier et dans la blogosphère (par exemple ici), au fur et à mesure qu'approche l'échéance irlandaise, deux arguments pro-oui que je trouve déplacés ou contradictoires.
1 - L'Irlande devrait dire "oui" parce qu'elle doit son salut social et économique à l'Union Européenne:
Je ne vois pas le rapport. Il s'agit ici de s'engager pour l'avenir, non d'évaluer et sanctionner le passé. Oui, l'Irlande a grandement bénéficié de l'aide européenne, mais cela ne l'engage en rien sur les prochaines évolutions de l'Union. L'Irlande, comme tout autre pays membre, doit rester libre de définir si chaque nouvelle étape lui convient.
À moins que la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes soit devenu un concept dépassé...
2 - Le MoDem, étant naturellement pro-européen, encourage naturellement les Irlandais à voter "oui":
Ceci est selon moi une contradiction grave avec une idée force de ce parti, qui est de remettre le citoyen au cœur de l'action politique, de le remettre en situation de responsabilité. Ceci exige que le citoyen, lorsqu'il est consulté, sache de quoi il en retourne afin de comprendre et finalement choisir. Dans le discours de François Bayrou, dimanche dernier, tout ce qu'il annonce vouloir changer au sujet de l'Union Européenne devrait logiquement le conduire à souhaiter l'échec du Traité de Lisbonne, afin de repartir sur de meilleurs bases.
Qu'en est-il de ce Traité? Ce n'est ni plus ni moins qu'une version explosée du projet de Constitution Européenne. On en a retiré les symboles et repris intégralement le texte sous forme d'amendements aux traités précédents. Tout le monde s'entend pour dire que le texte de la Constitution Européenne était illisible, incompréhensible pour le citoyen européen.
Comment une version diluée dans d'autres textes tout aussi illisibles pourrait-elle en faciliter la lecture, la compréhension et permettre aux citoyens de donner un avis éclairé? C'est impossible et je dis que cette impossibilité là devrait primer sur cette étrange idée que l'Europe doit avancer coûte que coûte, quel que soit le chemin.
Je rappelle aussi que deux peuples européens, Français et Néerlandais, ont déjà, en conscience, rejeté cet incompréhensible texte, car c'est bien du même texte qu'il s'agit. Depuis quand est-ce acceptable de revenir ainsi, par la porte arrière de parlements déphasés, sur les décisions de peuples souverains?
Pour finir, François Bayrou a déclaré au lendemain de la présentation du Traité de Lisbonne: "Pour la mécanique, ça va à peu près, pour l'âme c'est zéro". C'est donc qu'on met la charrue avant les bœufs. Comment accepter alors d'aller de l'avant? Comment simplement croire que c'est possible?
La première étape quand on réunit des sensibilités différentes dans un même projet, c'est de définir l'âme du projet, ses principes fondamentaux. N'est-ce pas, d'ailleurs, ce que nous avons fait au MoDem? Aurait-il été logique, ou même seulement envisageable, de voter le règlement intérieur avant les chartes de valeurs et d'éthique? C'est un grand écart dangereux que d'exiger l'inverse des autres.
L'Union Européenne est un magnifique projet. Je veux qu'il se réalise mais pas à n'importe quel prix, pas dans la précipitation, pour ne pas dire urgence ou panique, et surtout pas sans ses citoyens. Je souhaite un "non" irlandais, c'est la seule voie qui peut entretenir l'espoir d'une remise en question majeure de ce que doit être l'Union Européenne, de son rapport aux peuples, de sa communication, de sa visibilité, de sa crédibilité, de sa démocratie, bref... de tout ce dont les citoyens doutent. Les citoyens européens ont ici une chance de reprendre ce destin commun un charge, c'est peut-être la dernière.
Pourvu que le tigre celtique ne devienne pas mouton...
Aurélien
J'entends et je lis au MoDem, dans le discours des intervenants à la Convention sur l'Europe du week-end dernier et dans la blogosphère (par exemple ici), au fur et à mesure qu'approche l'échéance irlandaise, deux arguments pro-oui que je trouve déplacés ou contradictoires.
1 - L'Irlande devrait dire "oui" parce qu'elle doit son salut social et économique à l'Union Européenne:
Je ne vois pas le rapport. Il s'agit ici de s'engager pour l'avenir, non d'évaluer et sanctionner le passé. Oui, l'Irlande a grandement bénéficié de l'aide européenne, mais cela ne l'engage en rien sur les prochaines évolutions de l'Union. L'Irlande, comme tout autre pays membre, doit rester libre de définir si chaque nouvelle étape lui convient.
À moins que la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes soit devenu un concept dépassé...
2 - Le MoDem, étant naturellement pro-européen, encourage naturellement les Irlandais à voter "oui":
Ceci est selon moi une contradiction grave avec une idée force de ce parti, qui est de remettre le citoyen au cœur de l'action politique, de le remettre en situation de responsabilité. Ceci exige que le citoyen, lorsqu'il est consulté, sache de quoi il en retourne afin de comprendre et finalement choisir. Dans le discours de François Bayrou, dimanche dernier, tout ce qu'il annonce vouloir changer au sujet de l'Union Européenne devrait logiquement le conduire à souhaiter l'échec du Traité de Lisbonne, afin de repartir sur de meilleurs bases.
Qu'en est-il de ce Traité? Ce n'est ni plus ni moins qu'une version explosée du projet de Constitution Européenne. On en a retiré les symboles et repris intégralement le texte sous forme d'amendements aux traités précédents. Tout le monde s'entend pour dire que le texte de la Constitution Européenne était illisible, incompréhensible pour le citoyen européen.
Comment une version diluée dans d'autres textes tout aussi illisibles pourrait-elle en faciliter la lecture, la compréhension et permettre aux citoyens de donner un avis éclairé? C'est impossible et je dis que cette impossibilité là devrait primer sur cette étrange idée que l'Europe doit avancer coûte que coûte, quel que soit le chemin.
Je rappelle aussi que deux peuples européens, Français et Néerlandais, ont déjà, en conscience, rejeté cet incompréhensible texte, car c'est bien du même texte qu'il s'agit. Depuis quand est-ce acceptable de revenir ainsi, par la porte arrière de parlements déphasés, sur les décisions de peuples souverains?
Pour finir, François Bayrou a déclaré au lendemain de la présentation du Traité de Lisbonne: "Pour la mécanique, ça va à peu près, pour l'âme c'est zéro". C'est donc qu'on met la charrue avant les bœufs. Comment accepter alors d'aller de l'avant? Comment simplement croire que c'est possible?
La première étape quand on réunit des sensibilités différentes dans un même projet, c'est de définir l'âme du projet, ses principes fondamentaux. N'est-ce pas, d'ailleurs, ce que nous avons fait au MoDem? Aurait-il été logique, ou même seulement envisageable, de voter le règlement intérieur avant les chartes de valeurs et d'éthique? C'est un grand écart dangereux que d'exiger l'inverse des autres.
L'Union Européenne est un magnifique projet. Je veux qu'il se réalise mais pas à n'importe quel prix, pas dans la précipitation, pour ne pas dire urgence ou panique, et surtout pas sans ses citoyens. Je souhaite un "non" irlandais, c'est la seule voie qui peut entretenir l'espoir d'une remise en question majeure de ce que doit être l'Union Européenne, de son rapport aux peuples, de sa communication, de sa visibilité, de sa crédibilité, de sa démocratie, bref... de tout ce dont les citoyens doutent. Les citoyens européens ont ici une chance de reprendre ce destin commun un charge, c'est peut-être la dernière.
Pourvu que le tigre celtique ne devienne pas mouton...
Aurélien
7 commentaires:
Bravo Aurélien pour votre article sur le vote de l'Irlande.
L'obstination de FB a vouloir ces Oui à tout prix au prétexte de faire repartir cette Europe (néolibéralisme pour l'heure) m'a amené à m'éloigner définitivement du MODEM.
Vous en êtes plutôt plutôt proche en visitant ce blog :)
Une chose que j'apprécie particulièrement au MoDem, c'est la liberté de vote. Quand Bayrou donne son avis, ce n'est que son avis et non une consigne de vote.
Oui j'étais au MODEM. J'ai beaucoup visité les BDF, Bayrou.fr, j'ai même distribué des tracts de campagne MODEM. La photo de FB au côté de NS sur le perron de l'ambassade française au Liban chantant la marseillaise m'a tué.
Je suis gaulliste. NDA me semble à l'heure actuelle plus en accord avec mes convictions gaulliennes que FB.
Si vous êtes gaulliste je comprends parfaitement votre préférence pour NDA.
Mais ce n'est pas mon cas...
et moi je suis / étais plutot socialo mais bon on verra tout ça aux prochains combats... Je suis tout a fait d'accord avec votre analyse, les socialos me saoulent un peu aussi avec leur angélisme du OUI..
PS il est con ce google avec son heure du pacifique, il est 0h14 pas 15h... ;-)
Je suis très contente de votre excellent site, il est très intéressant !!!
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