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Je viens de regarder l'interview "Face à la crise" du Président de la République. Un grand oral pour rassurer les Français, se montrer pédagogue, maître de la situation et surtout, surtout, honnête. Levez la main droit et dites: "Je le jure".
Je viens de regarder l'interview "Face à la crise" du Président de la République. Un grand oral pour rassurer les Français, se montrer pédagogue, maître de la situation et surtout, surtout, honnête. Levez la main droit et dites: "Je le jure".
Voici ce que j'en retiens:
L'annonce concrète:
La taxe professionnelle sera supprimée en 2010. Le but: encourager les entreprises à ne pas délocaliser leurs usines. Le manque à gagner: 8 milliards d'euros selon Nicolas Sarkozy, plus de 26 milliards d'euros - équivalent du plus beau plan de relance du monde - dans la France réelle de 2008 (aucune objection des intervieweurs...). La compensation: à discuter avec les collectivités locales qui la perçoivent, une piste avancée est la taxe carbone.
Les pistes pour le pouvoir d'achat:
- Suppression de la première tranche d'impôt sur le revenu pour aider les classes moyennes qui, selon l'observatoire des inégalités, ne la paient pas... aucune objection des intervieweurs.
- Effort pour protéger les jeunes qui ne retrouvent pas d'emploi et n'ont pas ou peu de protection sociale. Très bien... dommage qu'il faille la crise du siècle pour simplement l'envisager.
- Discussion entre partenaires sociaux pour une redéfinition du partage des richesses. Tout d'un coup le dialogue social avant la décision ultime est privilégié. Espérons que l'éventuel accord entre le patronat et les syndicats qui en sortira sera respecté par le gouvernement... pas comme la dernière fois sur la représentativité syndicale.
- Souhait d'une réforme du système de rémunération des traders. Ça ne pouvait pas être une condition de l'aide accordée aux banques? Aucun interviewer ne posera la question...
- Pas de dépenses publiques supplémentaires. Ça donne une idée des marges de négociation pour les pistes sociales évoquées plus haut...
- Lutte contre les paradis fiscaux. Andorre, Monaco et le Luxembourg n'ont qu'à bien se tenir. Aucun interviewer ne rappelle à Nicolas Sarkozy qu'il est de fait co-Chef d'État d'Andorre...
- Volonté de baisser la TVA à 5,5% sur tous les produits culturels et pour la restauration. Le fantôme du Roi Fainéant plane...
La concentration des pouvoirs:
J'attendais une telle question avec impatience. Réponse: "Mais enfin M'sieur Pujadas, vous voyez bien que j'fais tout comme De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac qui nommaient leurs Premiers Ministres!"... Aucun interviewer ne juge pertinent de relever que la nomination du Premier Ministre EST un pouvoir présidentiel, ni que c'est de la confiscation des pouvoirs judiciaire, législatif et médiatique qu'il était question, ni qu'il n'est pas Président de la République UMPiste, mais bien Française.
La dette filera:
Le gouvernement a engagé 25 milliards d'euros sur les 320 milliards mobilisés pour sauver les banques françaises. Les premiers intérêts rentrent: 1,4 milliards d'euros seront perçus par l'État qui reversera le tout dans des mesures sociales... et ne remboursera donc pas les intérêts de son emprunt à lui. Le spécialiste économique Guy Lagache ne sourcille même pas...
L'action internationale coordonnée face à la crise:
Je dois avouer que c'est la partie que j'ai le plus apprécié. Certes il est difficile d'avancer quoi que ce soit de concret aujourd'hui, et même si ce ne sont que des annonces les quelques points défendus par Nicolas Sarkozy m'ont semblé cohérents et pertinents. Il a une belle carte à jouer en avril prochain. Après son relatif succès à la présidence du Conseil Européen, c'est à se demander si tout en faisant n'importe quoi sur la scène nationale il ne serait pas en train de se tailler un bilan positif sur le plan international. Tiens... ça me rappelle un autre Président ça... À suivre.
2012:
Il a des doutes sur son éventuelle candidature. Il ne veut pas se présenter pour simplement finir un premier quinquennat incomplet, mais pour défendre un vrai nouveau projet. Les journalistes présents ne le relance pas sur la récente réorganisation de l'UMP qui ressemble furieusement à une machine de campagne qui se met en branle. Dans mon esprit il sera candidat, ça ne fait aucun doute, ne serait-ce que parce qu'il n'y a aucune alternative à droite. Saura-t-il nous vendre la rupture avec lui-même?
Mensonge:
Le Président explique la future procédure de nomination du président de France Télévision. Proposition du Président de la République au Conseil des Ministres, validation par le CSA puis, selon lui, accord nécessaire des 3/5 des parlementaires en commissions spécifiques. Dire le contraire serait un mensonge. Je vais donc "mentir" en rappelant que les 3/5 des parlementaires sont requis pour refuser la proposition, non pour l'accepter, ce qui change tout. Et non, M. Sarkozy, ce n'est parce que c'est transparent que c'est démocratique.
Les oublis:
On ne peut pas tout aborder en 90 minutes, mais quand même... dans le désordre: la Guadeloupe, la justice, les victimes de la tempête dans le Sud-Ouest, l'agriculture, la culture, les élections européennes, Julien Coupat, le Proche-Orient, les retraités, le second EPR... Parce que franchement, le buzz sur Kouchner et les états d'âmes de Rama Yade et Rachida Dati: on s'en fout.
Conclusion:
Le but était de rassurer. En ce qui me concerne c'est un échec. Sur la crise elle-même, mis à part de bonnes intentions affichées au niveau international, la seule annonce concrète en période de grande tension sociale est un cadeau aux entreprises, le reste n'est qu'une vague évocation de pistes constituant une patate bouillante jetée à la figure des partenaires sociaux. Par ailleurs rien, surtout pas ceux qui l'interrogent, ne semble remettre en question sa pratique politique, la concentration des pouvoirs et les menaces que ce Président de la République fait peser sur notre démocratie. D'où le mot le plus à propos de la soirée, et qui n'est pas prêt de cesser de raisonner: inquiétude.
Aurélien
4 commentaires:
Pour rassurer, il faut être calme. J'ai un peu l'impression que le style Sarkozy c'est de détourner l'attention. Une fois de plus, c'est ce qu'il a chercher à faire en proposant des mesures "inédites", inattendues. Ca détourne le regard, mais pas l'inquiétude.
Il a eu tout le temps depuisl a manif du 29 janvier de répéter ses arguments et de chercher des réponses adéquates. Au lieu de cela, il arrive avec une vague promesse de rendez-vous du 18 où seront négociés les éventuels changements !
Bref, il n'avait rien à dire et l'émission aurait pu durer 4 minutes !!!
Pour faire de l'audience, il serait de bn ton que les chaînes populistes diffusent les manifs en direct, c'est plus chatoyant !
:-))
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