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Une étude de l'Eurobaromètre donne une indication de l'opinion publique européenne quant aux prochaines élections au Parlement Européen. Un condensé des résultats spécifiques à la France est disponible ici (fichier pdf). Alors que la campagne pour cette échéance de juin 2009 se met en branle et que le Mouvement Démocrate a présenté ses têtes de listes, il me semble intéressant de faire un état des lieux. Quel intérêt pour l'Union Européenne et son Parlement? Quels enjeux doivent dominer les débats? Où en est la citoyenneté européenne? Autant de questions que je vous invite à discuter dès aujourd'hui pour mieux suivre la campagne européenne du MoDem.
Intérêt
La première estimation présentée est pour le moins inquiétante. À l'automne 2008, moins d'un français sur cinq (contre un sur quatre européen) était au courant que les prochaines élections européennes auraient lieu en 2009. On ne leur demandait pas la date exacte, pas même le mois, mais simplement l'année. On peut chercher différentes explication à cela, notamment l'hyper-médiatisation, au moment de l'étude, des présidentielles américaines qui rentraient dans leur dernière semaine de campagne et, bien sûr, les premières secousses politiques autour de la crise financière et économique. Toujours est-il qu'une telle ignorance du calendrier de cette institution politique majeure, la seule où les citoyens des 27 pays de l'Union ont véritablement leur mot à dire, démontre un désintérêt certain pour la politique européenne.
Une fois informés de l'année des élections, 53% des français assumaient encore leur désintérêt pour ces élections. C'est d'une ampleur comparable à la moyenne européenne ; à comparer aux 73% qui reconnaissent une importance significative du Parlement Européen dans la vie de l'Union. Autrement dit, on sait quand les élections auront lieu, on sait que c'est important, mais une majorité reste désintéressée. Pourquoi?
Il est reconnu dans tous les courants politiques que nous ne sommes pas assez informés, par les médias comme par nos élus nationaux et européens, non seulement sur le fonctionnement européen mais surtout sur l'impact réel du pouvoir législatif européen sur notre propre vie politique française. Un chiffre est mis en avant ces jours-ci, notamment chez les eurosceptiques: 80% des lois votées par le parlement français sont des lois européennes à valider sans aucune discussion ni amendement possible. Il n'y a qu'une conclusion possible: si l'on est démocrate et que l'on veut pleinement jouer son rôle de citoyen, en Europe comme en France, ces élections européennes sont incontournables ; le désintérêt devient aussi irresponsable qu'absurde, aussi bien pour les pro que pour les anti-européens.
Lutter contre ce désintérêt sera une clé essentielle de ces élections. Il faut garder à l'esprit que les désintéressés ne sont pas forcément contre la construction européenne. Simplement, ils ne la connaissent pas, ne la comprennent pas. Il faudra être particulièrement pédagogue sur les enjeux, sur les propositions et sur la méthode. Se montrer enthousiaste et optimiste sera un atout mais ce ne sera pas suffisant. Il faudra d'abord démontrer que l'Europe est incontournable, qu'elle est capable et qu'elle est lisible. Il faudra aussi avoir le courage de se défaire du prisme franco-français pour se positionner en européen, oser parler du programme non pas du Mouvement Démocrate mais de l'Alliance des Démocrates et Libéraux pour l'Europe (ADLE), s'afficher sereins dans la dimension européenne.
Enjeux
L'étude liste une série de thèmes que les citoyens européens considèrent prioritaires. L'économie, bien sûr, l'environnement, évidemment, la sécurité, l'immigration... Je suis déçu de ne pas y voir la démocratie ou la citoyenneté. Ce n'est pas une surprise. Je suis persuadé que la très grande majorité des européens considère, par méconnaissance, la démocratie européenne comme ils considèrent leurs démocraties nationales: acquise. Pourtant l'Union Européenne n'est pas un projet achevé mais en construction. Le développement d'une véritable démocratie européenne est un thème que le Mouvement Démocrate se doit d'imposer pendant la campagne.
Si au niveau de l'Union Européenne les enjeux de l'économie et du chômage sont primordiaux, il est une spécificité française: le pouvoir d'achat. Depuis les présidentielles de 2007 ce thème est la priorité des français, à fortiori en période de crise. 70% des français le placent en critère principal pour leur vote de juin 2009. Pourtant, l'Union Européenne ne peut pas aujourd'hui agir à ce niveau et rien ne dit qu'elle pourrait le faire rapidement. Il faudra clairement et fermement replacer ce débat du pouvoir d'achat, comme tous ceux qui ne concernent pas directement le champ d'action du Parlement européen, dans son cadre national.
Parmi les grands enjeux: l'environnement. Avec la crise économique le thème perd un peu de son urgence dans l'esprit des citoyens, alors qu'il pourrait au contraire en gagner par le réservoir de croissance économique qu'il représente, mais la réalité n'attend pas. Le Mouvement Démocrate présente une liste particulièrement puissante en ce qui concerne l'écologie et l'ADLE, associant sa vision libérale à une politique environnementale solide, joue un rôle essentiel de médiateur au Parlement Européen. Il faudra mettre en avant la crédibilité de nos candidats - je pense à Corinne Lepage et Anne Laperrouze notamment - et le sérieux du groupe parlementaire.
Citoyenneté
La dernière partie de l'étude tente de mesurer l'identité européenne. Sur ce point la France ne dépareille pas trop de ses voisins. Ainsi la monnaie unique, les valeurs démocratiques et l'histoire commune constituent les principaux fondamentaux de l'identité européenne.
Quant à ce qui pourrait la renforcer, les européens semblent converger vers une politique sociale plus affirmée, énonçant le souhait d'un véritable système européen de protection sociale et médicale. Une proposition qui me paraît particulièrement intéressante est l'idée d'une force d'intervention européenne en cas de catastrophe naturelle n'importe où dans le monde. Personnellement je verrais bien cette idée se concrétiser avec celle d'un service civique européen basé sur le volontariat, pour aller vers une anthropolitique.
Je note également que les français se montrent particulièrement attirés par la possibilité d'élire un Président de l'Union Européenne au suffrage universel. L'idée me plaît aussi, mais il faudrait évidemment définir clairement ses pouvoirs et la séparation de ces derniers par rapport, entre autres, au Parlement et la Cour Européenne des Droits de l'Homme, ses conditions d'éligibilité et le cadre de son mandat. Imaginez qu'un omni-président concentrant tous les pouvoirs se retrouve à la tête du continent...
Une chose qui ressort de cette étude, c'est l'aspect secondaire accordé à une défense et une diplomatie européennes. Comme si les citoyens européens tenaient d'abord à consolider l'Union avant de la projeter sur la scène internationale, ce qui me semble tout à fait sage. Avant de parler de l'UE dans le Monde il faudra débattre de l'UE en Europe.
Le Mouvement Démocrate joue gros sur ces élections. Il est le seul parti français fondamentalement et totalement pro-européen, et le type de scrutin lui est favorable. L'Union Européenne elle-même joue gros sur ces élections. À l'heure de l'accumulation de toutes les crises génératrices d'angoisses, de protectionnisme et de nationalisme l'indispensable projet Européen doit plus que jamais être soutenu, clarifié, amélioré. Entre des extrêmes qui se trompent de terrain, une UMP aux têtes de listes forcées, sans enthousiasme, et un PS qui se retrouve face au révélateur de toutes ses divisions, le MoDem et l'ADLE devront rester sereins, pédagogues, rassembleurs et ambitieux.
Aurélien
La première estimation présentée est pour le moins inquiétante. À l'automne 2008, moins d'un français sur cinq (contre un sur quatre européen) était au courant que les prochaines élections européennes auraient lieu en 2009. On ne leur demandait pas la date exacte, pas même le mois, mais simplement l'année. On peut chercher différentes explication à cela, notamment l'hyper-médiatisation, au moment de l'étude, des présidentielles américaines qui rentraient dans leur dernière semaine de campagne et, bien sûr, les premières secousses politiques autour de la crise financière et économique. Toujours est-il qu'une telle ignorance du calendrier de cette institution politique majeure, la seule où les citoyens des 27 pays de l'Union ont véritablement leur mot à dire, démontre un désintérêt certain pour la politique européenne.
Une fois informés de l'année des élections, 53% des français assumaient encore leur désintérêt pour ces élections. C'est d'une ampleur comparable à la moyenne européenne ; à comparer aux 73% qui reconnaissent une importance significative du Parlement Européen dans la vie de l'Union. Autrement dit, on sait quand les élections auront lieu, on sait que c'est important, mais une majorité reste désintéressée. Pourquoi?
Il est reconnu dans tous les courants politiques que nous ne sommes pas assez informés, par les médias comme par nos élus nationaux et européens, non seulement sur le fonctionnement européen mais surtout sur l'impact réel du pouvoir législatif européen sur notre propre vie politique française. Un chiffre est mis en avant ces jours-ci, notamment chez les eurosceptiques: 80% des lois votées par le parlement français sont des lois européennes à valider sans aucune discussion ni amendement possible. Il n'y a qu'une conclusion possible: si l'on est démocrate et que l'on veut pleinement jouer son rôle de citoyen, en Europe comme en France, ces élections européennes sont incontournables ; le désintérêt devient aussi irresponsable qu'absurde, aussi bien pour les pro que pour les anti-européens.
Lutter contre ce désintérêt sera une clé essentielle de ces élections. Il faut garder à l'esprit que les désintéressés ne sont pas forcément contre la construction européenne. Simplement, ils ne la connaissent pas, ne la comprennent pas. Il faudra être particulièrement pédagogue sur les enjeux, sur les propositions et sur la méthode. Se montrer enthousiaste et optimiste sera un atout mais ce ne sera pas suffisant. Il faudra d'abord démontrer que l'Europe est incontournable, qu'elle est capable et qu'elle est lisible. Il faudra aussi avoir le courage de se défaire du prisme franco-français pour se positionner en européen, oser parler du programme non pas du Mouvement Démocrate mais de l'Alliance des Démocrates et Libéraux pour l'Europe (ADLE), s'afficher sereins dans la dimension européenne.
Enjeux
L'étude liste une série de thèmes que les citoyens européens considèrent prioritaires. L'économie, bien sûr, l'environnement, évidemment, la sécurité, l'immigration... Je suis déçu de ne pas y voir la démocratie ou la citoyenneté. Ce n'est pas une surprise. Je suis persuadé que la très grande majorité des européens considère, par méconnaissance, la démocratie européenne comme ils considèrent leurs démocraties nationales: acquise. Pourtant l'Union Européenne n'est pas un projet achevé mais en construction. Le développement d'une véritable démocratie européenne est un thème que le Mouvement Démocrate se doit d'imposer pendant la campagne.
Si au niveau de l'Union Européenne les enjeux de l'économie et du chômage sont primordiaux, il est une spécificité française: le pouvoir d'achat. Depuis les présidentielles de 2007 ce thème est la priorité des français, à fortiori en période de crise. 70% des français le placent en critère principal pour leur vote de juin 2009. Pourtant, l'Union Européenne ne peut pas aujourd'hui agir à ce niveau et rien ne dit qu'elle pourrait le faire rapidement. Il faudra clairement et fermement replacer ce débat du pouvoir d'achat, comme tous ceux qui ne concernent pas directement le champ d'action du Parlement européen, dans son cadre national.
Parmi les grands enjeux: l'environnement. Avec la crise économique le thème perd un peu de son urgence dans l'esprit des citoyens, alors qu'il pourrait au contraire en gagner par le réservoir de croissance économique qu'il représente, mais la réalité n'attend pas. Le Mouvement Démocrate présente une liste particulièrement puissante en ce qui concerne l'écologie et l'ADLE, associant sa vision libérale à une politique environnementale solide, joue un rôle essentiel de médiateur au Parlement Européen. Il faudra mettre en avant la crédibilité de nos candidats - je pense à Corinne Lepage et Anne Laperrouze notamment - et le sérieux du groupe parlementaire.
Citoyenneté
La dernière partie de l'étude tente de mesurer l'identité européenne. Sur ce point la France ne dépareille pas trop de ses voisins. Ainsi la monnaie unique, les valeurs démocratiques et l'histoire commune constituent les principaux fondamentaux de l'identité européenne.
Quant à ce qui pourrait la renforcer, les européens semblent converger vers une politique sociale plus affirmée, énonçant le souhait d'un véritable système européen de protection sociale et médicale. Une proposition qui me paraît particulièrement intéressante est l'idée d'une force d'intervention européenne en cas de catastrophe naturelle n'importe où dans le monde. Personnellement je verrais bien cette idée se concrétiser avec celle d'un service civique européen basé sur le volontariat, pour aller vers une anthropolitique.
Je note également que les français se montrent particulièrement attirés par la possibilité d'élire un Président de l'Union Européenne au suffrage universel. L'idée me plaît aussi, mais il faudrait évidemment définir clairement ses pouvoirs et la séparation de ces derniers par rapport, entre autres, au Parlement et la Cour Européenne des Droits de l'Homme, ses conditions d'éligibilité et le cadre de son mandat. Imaginez qu'un omni-président concentrant tous les pouvoirs se retrouve à la tête du continent...
Une chose qui ressort de cette étude, c'est l'aspect secondaire accordé à une défense et une diplomatie européennes. Comme si les citoyens européens tenaient d'abord à consolider l'Union avant de la projeter sur la scène internationale, ce qui me semble tout à fait sage. Avant de parler de l'UE dans le Monde il faudra débattre de l'UE en Europe.
Le Mouvement Démocrate joue gros sur ces élections. Il est le seul parti français fondamentalement et totalement pro-européen, et le type de scrutin lui est favorable. L'Union Européenne elle-même joue gros sur ces élections. À l'heure de l'accumulation de toutes les crises génératrices d'angoisses, de protectionnisme et de nationalisme l'indispensable projet Européen doit plus que jamais être soutenu, clarifié, amélioré. Entre des extrêmes qui se trompent de terrain, une UMP aux têtes de listes forcées, sans enthousiasme, et un PS qui se retrouve face au révélateur de toutes ses divisions, le MoDem et l'ADLE devront rester sereins, pédagogues, rassembleurs et ambitieux.
Aurélien
1 commentaires:
Ton blog est vraiment génial, je tenais à te remercier pour l’aide que tu apporte.
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