vendredi 20 mars 2009

Les dangers de la ruée vers l'ORE

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Avec moins de grévistes mais plus de monde dans les rues que le 29 janvier dernier, la colère populaire ne faiblit pas, au contraire. Feignant d'entendre et de comprendre la rue, l'UMP s'invente une polémique interne sur un éventuel aménagement symbolique du bouclier fiscal qui , comme chacun sait déjà, n'aura jamais lieu. De leur côté les partenaires sociaux, dans leurs revendications sur l'emploi et le pouvoir d'achat notamment, restent concentrés et se montrent déterminés à faire reculer Nicolas Sarkozy. Un grand mouvement social a eu lieu hier.


Les critiques pleuvent sur la politique économique et sociale du Président de la République, avec pour cible principale la loi TEPA qui englobe le bouclier fiscal et la réforme sur les heures supplémentaires. Il me semble que dans toute cette agitation une mesure, votée par le parlement en juillet 2008, est oubliée. Elle risque pourtant de causer d'énormes dégâts en terme de pouvoir d'achat et de relance économique dans les mois à venir ; il s'agit de l'offre raisonnable d'emploi, ou ORE.

Répondant à une promesse de campagne, lancée dans un contexte de croissance, de baisse du chômage et d'une ambition illusoire de plein emploi, cette mesure qui me paraissait déjà injuste il y a 10 mois s'avère socialement dangereuse aujourd'hui, alors que les prévisions de l'INSEE en matière d'emploi et de récession sont, c'est un euphémisme, pessimistes.

Selon ces chiffres de l'INSEE, on pourrait comptabiliser 2,6 millions de chômeurs en juin prochain. À ce rythme le seuil symbolique et inquiétant des 3 millions de chômeurs pourrait être atteint avant la fin de l'année. Personne ne voyant un début de fin crise à l'horizon, on peut tabler sans trop de risques sur le fait que bon nombre de ces chômeurs ne retrouveront pas d'emploi pendant de longs mois. D'ailleurs, avant la crise déjà, l'OCDE estimait la durée moyenne du chômage en France autour de 14 mois.

Que dit le texte sur l'offre raisonnable d'emploi? Qu'au fil des mois de chômage le demandeur d'emploi est obligé d'accepter des offres selon des critères de moins en moins exigeants, notamment en ce qui concerne la rémunération:

Le salaire de l’emploi proposé doit représenter au moins 95% du salaire antérieur après trois mois de chômage, au moins 85% après 6 mois, au moins le montant de l’allocation perçue après un an. Il ne peut être inférieur au salaire normalement pratiqué dans la région et dans le domaine d’activité et ne peut contrevenir aux règles législatives et réglementaires relatives au salaire minimum ; après un an sans emploi, le chômeur sera obligé d’accepter tout emploi rémunéré "à hauteur du revenu de remplacement " versé par les Assedic, ou par l’Etat (Allocation spécifique de solidarité) s’il est en fin de droits.

Autrement dit, à l'heure de la reprise des millions de personnes seront dans l'obligation d'accepter des salaires inférieurs de 15% à 25% - dans le meilleur des cas! - à ceux qu'ils percevaient avant de perdre leur emploi précédent.

Pour les grands patrons comme Serge Dassault, je me doute que c'est plutôt une bonne nouvelle de voir le coût de la main d'œuvre ainsi diminuer. C'est d'ailleurs à se demander si les grands dirigeants qui siègent simultanément aux conseils d'administration des grand groupes (Total, Renault, Veolia, L'Oréal...) et des grandes banques (BNP, Société Générale...) qui rechignent à accorder des prêts aux PME/PMI, ne profitent pas de la crise pour dégraisser allègrement, et pousser leurs sous-traitants et fournisseurs à faire de même, afin de maximiser cet effet négatif de l'ORE sur les salaires... J'aimerais poser la question à Laurence Parisot, elle qui dirige le MEDEF tout en siégeant au gouvernement d'entreprise de la BNP et de Michelin...

Quelles pourraient être les conséquences après la crise?

Le pouvoir d'achat en aura pris un sérieux coup, et ce à tous les niveaux de salaires du smicard au cadre. L'activité, déjà au point mort, ne pourra pas vivre une relance par la consommation. L'endettement des ménages ne pourra qu'augmenter, de même pour l'endettement national puisque les recettes fiscales diminueront tandis que les prestations sociales, elles, ne feront que s'accroître. Autant d'éléments qui feront que la sortie de crise économique sera illusoire et aggravera encore la crise sociale.

Ainsi, alors que tout le monde braque les projecteurs sur le bouclier fiscal en espérant un geste aussi symbolique qu'improbable du Chef de l'État, c'est peut-être une mesure moins symbolique mais qui s'annonce catastrophique qu'il faudrait remettre en question. Il y a urgence.


Aurélien

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je partage vos inquiétudes vis-à-vis de l'ORE (je ne commente qu'ici, même si j'ai bien aimé l'article de 2008)... toutefois je pense qu'il ne faut pas rejeter le principe trop vite.

Ceci dit, je n'arrive pas bien à comprendre un point : si je conçois la possible baisse de coût de la main d'oeuvre en général par son redéploiement éventuel vers des postes moins rémunérés (encore que ce point puisse être sujet à discussion : ce sont des emplois qui sont de plus en plus délocalisés...), je ne vois pas comment cela pourrait introduire une baisse de rémunération pour un niveau/emploi donné... mais à vrai dire j'ignore s'il y a des règles pour garantir les salaires pour un niveau d'études ou ce genre de choses. Je remarque tout de même que le texte dit explicitement que le nouveau salaire "ne peut être inférieur au salaire normalement pratiqué dans la région et dans le domaine d’activité".

Aurélien a dit…

@Florent:
Je trouve aussi que l'idée de l'ORE n'est pas en soi mauvaise. Mais laisser la porte ouverte à un tel "tirage vers le bas" des salaires comme des conditions de vie est dangereux, à mon avis, et certainement pas à même de ramener un peu de sérénité sociale dans ce pays.

Il existe des grilles de salaires selon les professions mais à ma connaissance elles ne sont pas impératives.

Le principe par rapport au salaire normalement pratiqué dans la région reste très flou, à mon sens c'est une fausse garantie. L'emploi proposé par une ORE doit être simplement compatible (c'est le terme officiel) avec la formation et les compétences professionnelles. Or nous sommes tous "compatibles" avec un emploi aux exigences moindres - et donc au salaire moindre - que celui que nous occupons ou occupions... L'ascenseur social - déjà réputé en panne - risque d'en prendre un sacré coup.

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