samedi 7 mars 2009

Comprenne qui voudra


Je relaie ici l'initiative de Lucia D'Apote et Pierre Schweitzer qui ont ouvert un blog pour lancer un appel en faveur d'une reconnaissance nationale de la barbarie dont ont été victimes celles que l'on surnomme les tondues de la libération. Pour avoir travaillé pour les allemands, vécu une amitié, un amour et parfois fondé une famille avec un soldat de l'ennemi, ces femmes jugées coupables de "collaboration horizontale" subissaient, a minima, l'humiliation publique de se faire raser le crâne.

Cet exutoire pour une population elle-même humiliée par l'occupation, pour des hommes anxieux de recouvrer leur virilité afin d'oublier leur incapacité à protéger la patrie, a laissé des séquelles physiques et psychologiques non seulement chez ses femmes mais aussi chez leurs enfants souvent victimes des pires insultes. En février dernier l'Allemagne a eu l'intelligence de reconnaître ces enfants au point de leur accorder la double nationalité franco-allemande, pour ceux qui la souhaite. La France serait bien inspirée de suivre cet exemple.

Ce dimanche 8 mars 2009, journée de la femme, le minimum que nous puissions faire est de leur dédier une pensée et de leur rendre hommage en signant cet appel. Parmi les premiers signataires: Edgar Morin et Jean-Jacques Delorme, président de Coeurs sans Frontières.

Pour finir je copie ici ce magnifique poème de Paul Éluard datant de 1944:

Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
À la robe déchirée
Au regard d’enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés

Une fille faite pour un bouquet
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante
Comme une aurore de premier mai
La plus aimable bête

Souillée et qui n’a pas compris
Qu’elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté
Et ma mère la femme
Voudrait bien dorloter
Cette image idéale
De son malheur sur terre.


Aurélien

PS: On en parle aussi chez Sylvain Canet.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour Eluard

Tahar, coeur de lyon a dit…

J'apprécie à sa juste valeur cet article. Ce qui s'est passé au lendemain de la libération est à marquer d'une croix. Les évènements qui s'étaient déroulés et qu'on retrouve souvent dans de nombreux conflits méritent d'être analysés avec un regard humaniste.

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