mardi 10 mars 2009

Don Qu-Hirsch-otte, l'anti-spleen?

J'ai droit, moi aussi, aux jeux de mots foireux...

Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont-ils enfin pris les enjeux de la jeunesse au sérieux? Martin Hirsch, Haut-Commissaire aux Solidarités actives et à la Jeunesse, a initié hier les travaux de sa commission sur la politique de la jeunesse. Une jeunesse qui broie du noir... Que peut-il vraiment y faire?


Martin Hirsch s’est donné quatre mois pour remplir 5 objectifs:

1 - Ne pas laisser de jeunes sans emploi, sans formation ou sans ressources ni, quand cela est nécessaire, sans accompagnement;
2 - Garantir aux jeunes des perspectives au moins aussi satisfaisantes que celles de la génération qui a précédé;
3 - Concevoir les dispositifs fiscaux et sociaux pour traiter les jeunes comme des adultes à part entière, c’est-à-dire ayant accès à l’autonomie, par rapport à leurs familles, comme vis-à-vis du système social;
4 - Permettre aux jeunes d’être les acteurs d’initiatives porteuses de sens;
5 - Redéfinir entre l’Etat, les collectivités territoriales et les partenaires sociaux, une nouvelle responsabilité partagée vis-à-vis des jeunes, de telle sorte qu’une partie des jeunes ne soient pas laissés dans les interstices des politiques publiques et sociales.

Fin mai, une série de propositions seront présentées dans un "livre vert". En juillet, après concertation et débat, des mesures pour améliorer le sort des jeunes seront annoncées. Cette nouvelle commission sur la politique de la jeunesse s'attaquera principalement aux problèmes de l'emploi, du logement et des revenus, trois éléments qui ensemble déterminent le degré d'autonomie. Composée de représentants des étudiants et des jeunes, des partenaires sociaux, des collectivités territoriales, des parlementaires, d'associations liées à l'enseignement ou à la famille, du monde universitaire et de personnes qualifiées (sociologue, économiste, magistrat, DRH, ...), l'équipe de travail semble pouvoir couvrir en cohérence tous les enjeux. La démarche est encourageante, l'état d'esprit prometteur.

Deux inquiétudes me préoccupent cependant...

La première, habituelle, c'est le budget. 150 millions d'euros pour expérimenter une petite dizaine de programmes auprès de 100 000 jeunes, soit 1500 euros par jeune. Certes, c'est un montant inédit pour de tels travaux et 5 fois plus que pour les expérimentations du RSA, mais en comparaison avec d'autres dépenses improductives ou incohérentes de l'État, ça reste léger et loin de l'ampleur des enjeux de la jeunesse.

Deuxième inquiétude, la définition même de cette jeunesse. Martin Hirsch semble se borner aux 16-25 ans. Si l'on considère les problèmes de l'orientation scolaire à l'insertion professionnelle en passant par le logement les études, la formation professionnelle etc..., cette tranche d'âge apparaît clairement trop fine. Je pense qu'il faudrait l'élargir du collège à 30 ans.

Mais au-delà des bonnes volontés, de la qualité des personnes et de la pertinence du cadre de travail, toutes nécessaires mais non suffisantes, je m'interroge sur la sincérité de la démarche du gouvernement. J'ai de sérieux doute, à priori, sur la possibilité d'inclure cette nouvelle politique de la jeunesse dans le projet de société aujourd'hui porté par Nicolas Sarkozy et ces plus fidèles lieutenants et commanditaires. Un projet où en amont on veut dépister les futurs délinquants dès 3 ans et les enfermer dès 12 ans ; en aval on précarise et on rogne chaque jour un peu plus sur les libertés civiles.

Par ailleurs, on dit que les 16-25 ans broient du noir. Mais qu'en est-il aujourd'hui des autres générations? Sont-elles d'un optimisme béat? Ont-elles plus confiance en elles et en l'avenir que leurs héritiers? Et puis les inquiétudes actuelles de la jeunesse ne trouvent-elles pas une source aussi bien dans les problèmes sociaux franco-français que dans la multiplication et la simultanéité de toutes les crises mondiales avec et dans lesquelles elle a grandit? Peut-être que c'est la simple conscience de l'état du monde qui est anxiogène.

À cette échelle, à moins de pouvoir jeter les bases d'un nouveau modèle de société pour toutes les générations au minimum au niveau européen, la commission de Martin Hirsch semble bien impuissante. Au mieux elle répondra à l'urgence matérielle immédiate au niveau national, c'est déjà ça mais je crains que cela ne revienne qu'à repousser l'échéance d'une nécessaire refonte du projet de société et d'une indispensable implication de la jeunesse dans les décisions portant sur le long terme.

La jeunesse d'aujourd'hui est sans doute, comme toujours, naïve et utopiste, orgueilleuse et rebelle. Elle aspire aussi plus que jamais, c'est ma conviction, à des valeurs universelles parce qu'elle est plus consciente que jamais des enjeux universels et du destin commun à toute l'humanité. Si seulement le monde politique pouvait être à la hauteur de ces aspirations...

Pour finir ce billet je vous laisse ce texte, présenté comme autobiographique, d'Alfred de Musset qui expose ce qu’il appelle le "Mal du siècle". Une génération, la sienne, a grandi dans le bouillonnement des batailles napoléoniennes. Arrivée à l’âge adulte, elle se trouve prise au piège de la Restauration, vécue comme une période de régression historique, et d’immobilisme politique. Tiens, tiens...

Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse. Tous ces enfants étaient des gouttes d’un sang qui avait inondé la terre : ils étaient nés au sein de la guerre, pour la guerre. Ils avaient rêvé pendant quinze ans des neiges de Moscou et du soleil des Pyramides. Ils n’étaient pas sortis de leurs villes ; mais on leur avait dit que, par chaque barrière de ces villes, on allait à une capitale de l’Europe. Ils avaient dans la tête tout un monde ; ils regardaient la terre, le ciel, les rues et les chemins ; tout cela était vide, et les cloches de leurs paroisses résonnaient seules dans le lointain.[…]

Dès lors, il se forma deux camps : d’une part, les esprits exaltés, souffrants, toutes les âmes expansives qui ont besoin de l’infini, plièrent la tête en pleurant ; ils s’enveloppèrent de rêves maladifs, et l’on ne vit plus que de frêles roseaux sur un océan d’amertume. D’autre part, les hommes de chair restèrent debout, inflexibles, au milieu des jouissances positives, et il ne leur prit d’autre souci que de compter l’argent qu’ils avaient. Ce ne fut qu’un sanglot et un éclat de rire, l’un venant de l’âme, l’autre venant du corps.



Auréien

1 commentaires:

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