Un projet de loi du gouvernement prévoit de contraindre les chômeurs tardant trop à retrouver un emploi à revoir leurs exigences salariales et géographiques à la baisse. Les Échos présentaient hier un article sur le sujet ainsi qu'un document complet décrivant ce qui devra désormais être considéré comme une "offre raisonnable d'emploi" (pdf).
Pendant les trois premiers mois de recherche, le demandeur d'emploi sera tenu d'accepter tout emploi rémunéré à hauteur de son salaire antérieur. Entre trois et six mois, il devra accepter une baisse de salaire de 5 %, au maximum, sous réserve des lois et règlements applicables, un salarié ne pouvant évidemment pas être rémunéré en dessous du SMIC. L'emploi devra être également « compatible avec ses qualifications » et « rester dans la zone géographique définie pour sa recherche », selon le document révélé hier sur le site des « Echos ». Au bout de six mois, les chômeurs pourront être contraints d'accepter une baisse de salaire de 20 %, et un temps de transport en commun de deux heures par jour. Le temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail ne pourra pas, non plus, excéder 30 kilomètres pour les automobilistes.
Plusieurs interrogations et inquiétudes me viennent à la découverte de ce projet.
1 - Je ne comprends pas pourquoi le temps passé au chômage avant d'obtenir un emploi devrait influencer la rémunération de cet emploi. Ceci implique forcément que pour un même travail, effectué à compétences et expériences égales, deux employés embauchés en même temps par la même entreprise pourraient avoir un écart de salaire de 20% si l'un vient directement d'un autre emploi tandis que l'autre sort de 6 mois et 1 jour de chômage. L'injustice est flagrante.
2 - De nombreux emplois, souvent précaires et sans évolution rapide, peuvent supporter une rotation rythmée du personnel. Autrement dit ce personnel peut être remplacé pratiquement du jour au lendemain sans perte, pas même de savoir faire, pour l'entreprise. Comment ne pas voir l'effet d'aubaine pour de nombreux chefs d'entreprises de réduire considérablement leur masse salariale en remplaçant régulièrement leur "petit personnel" par des demandeurs d'emplois au chômage depuis plus de 3 ou 6 mois? Les petits salaires pourront être tirés rapidement et en toute légalité vers la limite basse que représente le S.M.I.C.. Sans parler de la baisse de l'allocation chômage en cas de nouveau licenciement. Le gouvernement nous propose ici une véritable course en avant vers la paupérisation. Dans un second temps, la juste redistribution des richesses produites n'étant pas une spécialité des entreprises françaises, on imagine facilement la baisse plus lente mais toute aussi importante de l'ensemble des salaires. Pour rappel.
3 - Il ne fait aucun doute que cette proposition d'"offre raisonnable d'emploi" ouvre la chasse aux chômeurs supposés paresseux. Il semble clair que si tout le monde est prêt à reconnaître qu'il y a des profiteurs, pour ne pas dire parasites, tout le monde s'entend aussi pour admettre qu'il s'agit d'une minorité. Encore que ce texte laisse entendre que les demandeurs d'emploi sont généralement maîtres de leur temps de chômage puisqu'il ambitionne un taux de chômage de 5% sur cette seule mesure. Mais passons... toujours est-il que pour forcer une minorité à ne pas pénaliser la totalité, on contraint la totalité - le chômage nous concerne tous en tant qu'actifs et contribuables. C'est encore une fois injuste et absurde. Accepterions-nous tous de porter des bracelets électroniques sous prétexte que certains délinquants ou criminels bénéficiant d'une remise de peine méritent effectivement une étroite surveillance?
4 - Concernant les exigences géographiques assouplies avec le temps, il me semble qu'on tente d'appliquer une formule qui ne changera strictement rien pour certains quand pour d'autres elle sera source de grosses galères. Si l'actif célibataire en région parisienne peut relativement facilement élargir son rayon de recherche, ce n'est pas forcément le cas de la mère qui élève seule ses enfants en Ardèche. Je vois dans cet aspect naïf de l'"offre raisonnable d'emploi" proposée un bref concentré de tous les travers que la droite reproche encore à la gauche au sujet des 35 heures.
5 - Les points précédant sont à mettre en perspective avec la facilitation du licenciement que ce gouvernement veut également offrir aux employeurs. Avec ceci à l'esprit on comprend rapidement la subite et puissante montée en pression que va subir l'ensemble des travailleurs français.
Ces cinq points m'amènent à cette conclusion:
Le Président de la République voulait réhabiliter le travail, il a clairement choisi de le faire en faisant du travail la principale inquiétude, le centre de toutes les préoccupations des français. On a beaucoup parlé récemment de l'alignement de la politique étrangère de la France sur les États-Unis. Désormais c'est aussi le cas de la politique sociale. Le travail ne sera plus qu'un moyen de survie pour certains, de plus en plus nombreux, ou un moyen d'enrichissement considérable pour les autres. L'inquiétude est d'autant plus forte que la France, contrairement aux États-Unis, ne peut compenser cette nouvelle surpression sociale par une grande liberté d'entreprendre.
Ce n'est que par les statistiques, les sondages, les résultats chiffrés, souvent financiers, que N. Sarkozy envisage son action et au-delà la vie ; la sienne et les nôtres. Au-delà des absurdités et injustices décrites plus haut, le travail ne se réduit pas seul au salaire versé en contrepartie d'un effort physique et/ou intellectuel. C'est aussi, et surtout, un immense vecteur d'intégration, d'épanouissement et d'enrichissement... humain. C'est un des moteurs principaux de nos sociétés ; que peut-on espérer de bon en le gérant par la peur, le stress et la répression?
Aurélien
Pendant les trois premiers mois de recherche, le demandeur d'emploi sera tenu d'accepter tout emploi rémunéré à hauteur de son salaire antérieur. Entre trois et six mois, il devra accepter une baisse de salaire de 5 %, au maximum, sous réserve des lois et règlements applicables, un salarié ne pouvant évidemment pas être rémunéré en dessous du SMIC. L'emploi devra être également « compatible avec ses qualifications » et « rester dans la zone géographique définie pour sa recherche », selon le document révélé hier sur le site des « Echos ». Au bout de six mois, les chômeurs pourront être contraints d'accepter une baisse de salaire de 20 %, et un temps de transport en commun de deux heures par jour. Le temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail ne pourra pas, non plus, excéder 30 kilomètres pour les automobilistes.
Plusieurs interrogations et inquiétudes me viennent à la découverte de ce projet.
1 - Je ne comprends pas pourquoi le temps passé au chômage avant d'obtenir un emploi devrait influencer la rémunération de cet emploi. Ceci implique forcément que pour un même travail, effectué à compétences et expériences égales, deux employés embauchés en même temps par la même entreprise pourraient avoir un écart de salaire de 20% si l'un vient directement d'un autre emploi tandis que l'autre sort de 6 mois et 1 jour de chômage. L'injustice est flagrante.
2 - De nombreux emplois, souvent précaires et sans évolution rapide, peuvent supporter une rotation rythmée du personnel. Autrement dit ce personnel peut être remplacé pratiquement du jour au lendemain sans perte, pas même de savoir faire, pour l'entreprise. Comment ne pas voir l'effet d'aubaine pour de nombreux chefs d'entreprises de réduire considérablement leur masse salariale en remplaçant régulièrement leur "petit personnel" par des demandeurs d'emplois au chômage depuis plus de 3 ou 6 mois? Les petits salaires pourront être tirés rapidement et en toute légalité vers la limite basse que représente le S.M.I.C.. Sans parler de la baisse de l'allocation chômage en cas de nouveau licenciement. Le gouvernement nous propose ici une véritable course en avant vers la paupérisation. Dans un second temps, la juste redistribution des richesses produites n'étant pas une spécialité des entreprises françaises, on imagine facilement la baisse plus lente mais toute aussi importante de l'ensemble des salaires. Pour rappel.
3 - Il ne fait aucun doute que cette proposition d'"offre raisonnable d'emploi" ouvre la chasse aux chômeurs supposés paresseux. Il semble clair que si tout le monde est prêt à reconnaître qu'il y a des profiteurs, pour ne pas dire parasites, tout le monde s'entend aussi pour admettre qu'il s'agit d'une minorité. Encore que ce texte laisse entendre que les demandeurs d'emploi sont généralement maîtres de leur temps de chômage puisqu'il ambitionne un taux de chômage de 5% sur cette seule mesure. Mais passons... toujours est-il que pour forcer une minorité à ne pas pénaliser la totalité, on contraint la totalité - le chômage nous concerne tous en tant qu'actifs et contribuables. C'est encore une fois injuste et absurde. Accepterions-nous tous de porter des bracelets électroniques sous prétexte que certains délinquants ou criminels bénéficiant d'une remise de peine méritent effectivement une étroite surveillance?
4 - Concernant les exigences géographiques assouplies avec le temps, il me semble qu'on tente d'appliquer une formule qui ne changera strictement rien pour certains quand pour d'autres elle sera source de grosses galères. Si l'actif célibataire en région parisienne peut relativement facilement élargir son rayon de recherche, ce n'est pas forcément le cas de la mère qui élève seule ses enfants en Ardèche. Je vois dans cet aspect naïf de l'"offre raisonnable d'emploi" proposée un bref concentré de tous les travers que la droite reproche encore à la gauche au sujet des 35 heures.
5 - Les points précédant sont à mettre en perspective avec la facilitation du licenciement que ce gouvernement veut également offrir aux employeurs. Avec ceci à l'esprit on comprend rapidement la subite et puissante montée en pression que va subir l'ensemble des travailleurs français.
Ces cinq points m'amènent à cette conclusion:
Le Président de la République voulait réhabiliter le travail, il a clairement choisi de le faire en faisant du travail la principale inquiétude, le centre de toutes les préoccupations des français. On a beaucoup parlé récemment de l'alignement de la politique étrangère de la France sur les États-Unis. Désormais c'est aussi le cas de la politique sociale. Le travail ne sera plus qu'un moyen de survie pour certains, de plus en plus nombreux, ou un moyen d'enrichissement considérable pour les autres. L'inquiétude est d'autant plus forte que la France, contrairement aux États-Unis, ne peut compenser cette nouvelle surpression sociale par une grande liberté d'entreprendre.
Ce n'est que par les statistiques, les sondages, les résultats chiffrés, souvent financiers, que N. Sarkozy envisage son action et au-delà la vie ; la sienne et les nôtres. Au-delà des absurdités et injustices décrites plus haut, le travail ne se réduit pas seul au salaire versé en contrepartie d'un effort physique et/ou intellectuel. C'est aussi, et surtout, un immense vecteur d'intégration, d'épanouissement et d'enrichissement... humain. C'est un des moteurs principaux de nos sociétés ; que peut-on espérer de bon en le gérant par la peur, le stress et la répression?
Aurélien
1 commentaires:
Félicitation à tous ceux qui veillent pour le bon déroulement de ce magnifique blog !!
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