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Petite tentative de voir à travers la fumée...
En ce mardi soir, pratiquement tous les sites de la presse traditionnelle mettent en première ligne les mystérieuses lettres anonymes, accompagnées de balles de calibre 9 mm ou 38, menaçant de mort plusieurs personnalités politiques de l'UMP dont Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati, Christine Albanel ou encore Alain Juppé. Le Monde, le Nouvel Observateur et l'Express mettent ainsi cette actualité à la une. Pour le Point, à la même heure, ces menaces viennent juste derrière les gesticulations de Christine Boutin sur l'homoparentalité. Du côté du Figaro, les menaces sont au premier plan de l'actualité politique.
Certes, des menaces de mort à l'encontre des représentants du peuple, comme à l'encontre de quiconque d'ailleurs, sont inacceptables. Évidemment, le fait que ces menaces touchent plusieurs personnalités politiques simultanément est particulièrement intrigant. Cependant, à ce niveau de responsabilités, les menaces sont relativement fréquentes. Les faits sont donc mystérieux mais pas forcément exceptionnels au point de monopoliser ainsi toutes les rédactions. Alors pourquoi tant d'espace médiatique?
Cela fait quelques années que Nicolas Sarkozy fixe l'agenda médiatique. Il nous a habitué à des détournements d'attention. On se souvient, entre autres, de l'annonce de son divorce différée au jour même du premier mouvement social d'ampleur auquel il fut confronté en tant que Président de la République. Par conséquent une question se pose: de quelle autre actualité cherche-t-on, aujourd'hui, à détourner notre attention?
Pour répondre à cette question il convient de regarder ce qui, dans les jours et semaines passés, a largement occupé l'espace médiatique. Je vois trois sujets brûlants: l'affaire d'État Pérol, car s'en est une, la crise économique et les tensions aux Antilles. Sur l'affaire Pérol, rien de nouveau aujourd'hui. Sur la crise économique il y a bien eu une petite passe d'armes entre majorité et opposition sur les bancs de l'Assemblée Nationale, mais rien d'extraordinaire. Du côté des Antilles en revanche, et plus particulièrement de la Martinique, une nouvelle d'importance semble être anormalement en retrait: un accord cadre a été signé sur les salaires après un mois de conflit. Augmentation de 200 euros nets mensuels pour tous les salaires du privé jusqu'à 1,4 fois le SMIC.
Je suis surpris de voir, après tout le battage médiatique des dernières semaines sur les tensions dans les DOM-TOM, une issue imminente aussi peu médiatisée. Certes, tout n'est pas encore ficelé, les syndicats attendent notamment les conclusions de la commission des prix, mais tout de même: la revendication phare, ambitieuse, est satisfaite. C'est peut-être cela que l'on ne veut pas trop ébruiter en métropole où l'on espère que le train de mesures sociales annoncées le 5 et répétées le 18 février dernier suffiront. D'autant que, si l'on y regarde de plus près, l'État, qui avait juré qu'une telle augmentation serait totalement à la charge du patronat, finance finalement pour moitié de ces 200 euros d'augmentations.
On imagine aisément les métropolitains s'interroger: "Et pourquoi pas nous?" ; les responsables des différents syndicats jouer de ce levier lors de la prochaine journée d'action le 19 mars. Du côté du gouvernement, où les sacro-saintes cotes de popularité de l'exécutif ont du plomb dans l'aile, on doit déjà redouter de devoir justifier à nouveau un refus d'augmenter les salaires. Pas sûr que la différence de contexte économique et social entre les Antilles et la métropole ne suffise à calmer les ardeurs.
Du coup, pour le gouvernement, une petite pirouette médiatique ne mange pas de pain. Mieux vaut profiter de l'écran de fumée pour se précipiter de ministères en cabinets élyséens et s'organiser, gagner du temps avant que les consciences sociales ne s'éveillent à nouveau et que les revendications ne redoublent d'intensité.
Aurélien
En ce mardi soir, pratiquement tous les sites de la presse traditionnelle mettent en première ligne les mystérieuses lettres anonymes, accompagnées de balles de calibre 9 mm ou 38, menaçant de mort plusieurs personnalités politiques de l'UMP dont Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati, Christine Albanel ou encore Alain Juppé. Le Monde, le Nouvel Observateur et l'Express mettent ainsi cette actualité à la une. Pour le Point, à la même heure, ces menaces viennent juste derrière les gesticulations de Christine Boutin sur l'homoparentalité. Du côté du Figaro, les menaces sont au premier plan de l'actualité politique.
Certes, des menaces de mort à l'encontre des représentants du peuple, comme à l'encontre de quiconque d'ailleurs, sont inacceptables. Évidemment, le fait que ces menaces touchent plusieurs personnalités politiques simultanément est particulièrement intrigant. Cependant, à ce niveau de responsabilités, les menaces sont relativement fréquentes. Les faits sont donc mystérieux mais pas forcément exceptionnels au point de monopoliser ainsi toutes les rédactions. Alors pourquoi tant d'espace médiatique?
Cela fait quelques années que Nicolas Sarkozy fixe l'agenda médiatique. Il nous a habitué à des détournements d'attention. On se souvient, entre autres, de l'annonce de son divorce différée au jour même du premier mouvement social d'ampleur auquel il fut confronté en tant que Président de la République. Par conséquent une question se pose: de quelle autre actualité cherche-t-on, aujourd'hui, à détourner notre attention?
Pour répondre à cette question il convient de regarder ce qui, dans les jours et semaines passés, a largement occupé l'espace médiatique. Je vois trois sujets brûlants: l'affaire d'État Pérol, car s'en est une, la crise économique et les tensions aux Antilles. Sur l'affaire Pérol, rien de nouveau aujourd'hui. Sur la crise économique il y a bien eu une petite passe d'armes entre majorité et opposition sur les bancs de l'Assemblée Nationale, mais rien d'extraordinaire. Du côté des Antilles en revanche, et plus particulièrement de la Martinique, une nouvelle d'importance semble être anormalement en retrait: un accord cadre a été signé sur les salaires après un mois de conflit. Augmentation de 200 euros nets mensuels pour tous les salaires du privé jusqu'à 1,4 fois le SMIC.
Je suis surpris de voir, après tout le battage médiatique des dernières semaines sur les tensions dans les DOM-TOM, une issue imminente aussi peu médiatisée. Certes, tout n'est pas encore ficelé, les syndicats attendent notamment les conclusions de la commission des prix, mais tout de même: la revendication phare, ambitieuse, est satisfaite. C'est peut-être cela que l'on ne veut pas trop ébruiter en métropole où l'on espère que le train de mesures sociales annoncées le 5 et répétées le 18 février dernier suffiront. D'autant que, si l'on y regarde de plus près, l'État, qui avait juré qu'une telle augmentation serait totalement à la charge du patronat, finance finalement pour moitié de ces 200 euros d'augmentations.
On imagine aisément les métropolitains s'interroger: "Et pourquoi pas nous?" ; les responsables des différents syndicats jouer de ce levier lors de la prochaine journée d'action le 19 mars. Du côté du gouvernement, où les sacro-saintes cotes de popularité de l'exécutif ont du plomb dans l'aile, on doit déjà redouter de devoir justifier à nouveau un refus d'augmenter les salaires. Pas sûr que la différence de contexte économique et social entre les Antilles et la métropole ne suffise à calmer les ardeurs.
Du coup, pour le gouvernement, une petite pirouette médiatique ne mange pas de pain. Mieux vaut profiter de l'écran de fumée pour se précipiter de ministères en cabinets élyséens et s'organiser, gagner du temps avant que les consciences sociales ne s'éveillent à nouveau et que les revendications ne redoublent d'intensité.
Pour leurrer le monde, ressemble au monde ;
ressemble à l'innocente fleur, mais sois le serpent qu'elle cache.
[William Shakespeare]
ressemble à l'innocente fleur, mais sois le serpent qu'elle cache.
[William Shakespeare]
Aurélien
3 commentaires:
Pour le coup Aurélien, on peut dire que nous sommes totalement en phase!
1) menaces inacceptables
2) menaces non exceptionnelles mais exceptionnellement médiatisées
3) de nombreux précédents en matière d'écrans de fumée (maskirovka) nous appellent à chercher plus loin
4) Affaire Pérol et modalités de la résolution de la crise aux Antilles et...
5) Affaire Colonna! Ou comment les fanfaronnades d'un ancien ministre de l'intérieur détruisent la rigueur nécessaire de l'accusation.
Effectivement, le procès de Colonna est une autre piste crédible, d'autant que l'on reste pour ainsi dire dans le même thème.
Je trouve votre site très bien, avec le respect de la charte, très bien suivi.
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