vendredi 25 avril 2008

Possédé par l'oubli


Aujourd'hui, en traînant sur le merveilleux site d' Évène pour y dégoter quelque citation qui résonne, dans le but de résumer mon état d'esprit suite à l'intervention télévisée de notre Président le mieux habillé du monde, je suis tombé sur cette pensée d'un auteur que j'affectionne particulièrement: Milan Kundera.

"Être possédé par l'actualité, c'est être possédé par l'oubli."

C'est on ne peut plus justement ce que j'ai ressenti tout au long de l'émission "En direct de l'Élysée".

Malgré un effort considérable sur la forme - l'attitude, la voix, les gestes ou le ton - Nicolas Sarkozy s'est, tranquillement mais sûrement, enlisé pendant plus de 90 minutes dans un mélange tortueux d'humilité, de compassion et d'autorité pour tenter de se refaire une santé dans les enquêtes d'opinion. Car il s'agissait bien de séduire à nouveau, plutôt que d'expliquer enfin.



Cette intervention n'aura été qu'une réaction, probablement vaine, à une baisse de popularité inquiétante et source de remous pour l'Élysée comme pour Matignon. Une réaction à chaud sur des thèmes trop vagues, trop brûlants et mal abordés par des journalistes, sélectionnés, se contentant de survoler quelques points d'actualité. Une actualité trop riche, trop complexe, trop bouillonnante, en partie à cause de Nicolas Sarkozy lui-même puisqu'il a voulu tout réformer en même temps.

Il est donc apparu cerné par sa propre actualité, sur la défensive, forcé à la justification sur sa personne quand beaucoup de téléspectateurs espéraient une vision et de la pédagogie sur son action. Possédé par l'actualité, il en a oublié que sa popularité, l'amour que les français lui portent ou lui refusent, n'est qu'un autre simple fait d'actualité, mineur, un indice de l'instant sans impact concret, durable et salutaire, sur le quotidien de ceux qui ont eu la patience de l'écouter. Oublié l'essentiel, le lourd, le complexe... Oubliées l'éducation (en-dehors de critères économiques), la justice, la recherche...

Pour couronner le tout, Nicolas Sarkozy ne projette pas la France au-delà de son propre destin présidentiel, au-delà d'un deuxième quinquennat, à peine au-delà du premier. Pour retrouver le moral, l'espoir, un peuple a besoin de croire en l'avenir. Comment croire en un avenir qui n'est même pas envisagé par le garant ultime de la cohésion nationale?

Il en ressort une impression de légèreté inquiétante et qui ne frappera pas seulement la jeunesse. Le sentiment qu'il n'est à la hauteur ni de sa fonction, ni de sa mission prédomine. Cette impuissance tout juste dissimulée, cette insouciance à peine refoulée n'ont rien qui puisse ramener ne serait-ce qu'un semblant de sérénité.

Autre auteur, autre citation:

L'usage de la liberté devient dangereux entre des mains incompétentes. (Jean-Charles Harvey)


Aurélien

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Bien écrit. Il y a dans ce billet, beaucoup, beaucoup et beaucoup de choses précises.

A plus.

JD
gueulante.fr

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