vendredi 4 avril 2008

Orientation Globale Misanthrope


Pour se forger un avis solide sur une question, il convient d'en connaître les tenants et les aboutissants.

En ce qui concerne les O.G.M., le débat étant plus que jamais d'actualité, une petite séance de surf, ou plutôt de skate (merci Versac...), m'a mené, entre autres, sur ce site de l'ONU pesant le pour et le contre.

Ce que je retiens de tous ces arguments "pro" ou "anti", essentiellement, c'est l'incertitude, le conditionnel. Il semble que rien ne soit totalement sous contrôle, que tout pourrait basculer vers le meilleur comme vers le pire.



L'ampleur de cette incertitude sur des thèmes aussi vitaux qu' universels rend d'autant plus choquant le fait que dans bien des endroits du monde, par exemple au Brésil, agriculteurs, consommateurs et gouvernements sont mis devant le fait accompli de la culture effective et la commercialisation d' O.G.M..

La passivité, pour ne pas dire nonchalance, de nos gouvernements sur ce sujet fondamental est révoltante. Mais ce n'est pas une première et j'offre aux plus sarcastiques des anti-O.G.M. cet argument en béton: la preuve qu'il faut s'inquiéter des O.G.M., c'est que nos gouvernements commencent à nous en parler et à vouloir légiférer.

En ce qui me concerne, en plus des incertitudes et des spéculations des arguments pour ou contre, un élément additionnel fait pencher ma balance pour un refus non seulement de la culture et de la commercialisation d' O.G.M., mais aussi de la recherche dans ce domaine. Cet élément, c'est ce qui est appelé le brevetage du vivant.

Aujourd'hui, aux États-Unis, au Canada mais aussi au Japon, des entreprises de biotechnologies ont la possibilité de breveter un gène (ou une molécule) isolé, et parfois modifié, provenant d'un être vivant. Ce brevet leur permet de revendiquer le monopole sur tout produit dérivé (vivant ou non) incluant ce gêne.

On a ainsi vu l’entreprise américaine Myriad Genetics obtenir des brevets exclusifs pour le gène BRCA1, un gène qui, lorsque défectueux, augmente la susceptibilité au cancer du sein. Le champ d'application est considérable: le gène normal et ses mutations éventuelles, les tests qui permettant le diagnostique des mutations sur ce gène et ceux sur des échantillons de tumeurs. Myriad Genetics exige évidemment que tous les tests soient réalisés dans ses laboratoires aux États-Unis. Ce monopole réduit également l’accès de la population aux soins médicaux, contraint la recherche sur d'autres tests diagnostiques et risque la protection de la vie privée, puisqu'il permet à Myriad Genetics de constituer une banque de données A.D.N. de tous les individus testés.

Heureusement pour l'instant l'Europe fait plus ou moins barrage à ce genre de pratiques. Mais c'est bien là où nous en sommes en tant qu'espèce humaine.

Est-ce cela que nous voulons vraiment?

Pouvons-nous négliger à ce point toute éthique?


Je prône, derrière Edgar Morin, l'"anthropo-éthique". Une éthique de compréhension, de lucidité, de patience, d'acceptation de l'incertitude ambiante de notre aventure commune.

Sans m'étaler sur le rôle citoyen que chacun de nous doit tenir, puisqu'après tout il s'agit de santé publique et d'environnement, qu'une fameuse charte associée à la Constitution Française nous oblige à protéger, je tiens à écrire ceci:

La vie est encore porteuse de tant de mystères pour l'être humain. La vie, ce n'est pas seulement ce que l'on comprend d'un code génétique, c'est aussi tout ce qui s'en échappe, tout ce qui nous échappe. Il me semble qu'en endossant encore un peu plus le costume divin pour lequel il n'est pas taillé, l'Homme se retranche un peu plus de l'Univers alors qu'il doit, au contraire, s'y situer, s'y recentrer, sous peine de s'ignorer lui-même de manière totale et définitive.



Aurélien

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