mardi 29 avril 2008

Omniscient Martin Hirsch


Petite passe d'armes aujourd'hui sur les bancs de l'Assemblée Nationale au sujet du R.S.A.

Lors de sa dernière entrevue télévisée, le Président Sarkozy a annoncé vouloir financer cette mesure, à hauteur d'1,5 milliards d'euros, en redistribuant la P.P.E. (Prime Pour l' Emploi).

On comprend la difficulté pour l'opposition, au P.S. comme au Modem, d'accepter que l'aide "aux plus pauvres" soit financée exclusivement en réduisant l'aide aux "un peu moins pauvres". Comment peut-on juger une telle idée acceptable, juste ou même présentable?



Comble de l'absurdité du gouvernement en place, la déclaration de Martin Hirsch, Haut Commissaire aux Solidarités Actives, rapportée dans cet article du Nouvel Observateur:

"Le président de la République et le Premier ministre disent qu'on va mettre 1,5 milliard d'euros d'argent qui ne vient ni de la prime pour l'emploi, ni des minima actuels pour le faire". Pour le reste, "on verra comment on va recentrer un peu la prime pour l'emploi pour le faire" et "je n'ai aucun problème" avec cela, a-t-il assuré.

Sur les bénéficiaires de la PPE, ".il y en a un million (de personnes NDLR) qui touchent moins de 7 euros par mois", a assuré M. Hirsch. "Ils ne le savent même pas".

D'abord une belle contradiction: le financement ne vient pas de la P.P.E., mais celle-ci sera "recentrée" pour rendre le financement possible. "On ne le fera pas, mais on le fera". Splendide.

Ensuite pour rassurer l'opposition, pour détailler ce "re-centrage", il avance le chiffre de 7 Euros par mois pour un million de personnes, soit 84 millions d' euros par an. Quid des 1,416 milliards restant à financer? C'est forcément prévu puisque le Président l'a annoncé officiellement sur les deux principales chaînes télévisées du pays, non? Ah, non...

Enfin, cette petite phrase: "Ils ne le savent même pas". Le Haut Commissaire aux Solidarités Actives du gouvernement de la France sait, et annonce publiquement, avec aplomb, ce que les français sont inconscients de recevoir en aide de l'État. Surhumain, omniscient Martin Hirsch. Une supposée inconscience qui suffirait à chacun des bénéficiaires de la P.P.E. pour se voir retirer cette prime. S'il n'y a pas conscience, il n'y a pas nécessité. Du grand n'importe quoi.

Peut-être est-il temps de rapporter à Martin Hirsch, ancien président d' Emmaüs France, cette pensée de Georges Bataille: "Une conscience sans scandale est une conscience aliénée". Le garant officiel des solidarités a perdu le sens de sa mission. Qu'on lui retire son poste, cet honneur que la France lui a fait de lui confier les clés de sa cohésion sociale, puisqu'il ne sait même pas qu'il l'occupe.


Aurélien

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