mardi 6 janvier 2009

Sur la Palestine

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Une de mes régulières lectrices - dont je respecte volontairement l'anonymat ; s'elle me fait part d'un désir d'être citée je le ferai volontiers - m'a interpellé hier sur mon silence quant aux événements en Palestine. J'assume ce silence temporaire que je viens briser aujourd'hui. Je ne suis pas un spécialiste du sujet, même si j'en suis régulièrement l'évolution, et je n'ai que peu suivi l'escalade vers la récente attaque israélienne sur Gaza. Je me rattrape depuis quelques jours...

Le moins que je puisse dire, c'est que les médias - j'y inclus non seulement la télévision, la radio et la presse écrite mais aussi les Rue89 et autres Marianne - ne me donnent aucune satisfaction quant à la couverture des événements. Pour l'instant seuls Médiapart et certains blogueurs me semblent prendre une distance suffisante pour avoir une vue d'ensemble neutre et complète. Je ne dis pas que j'y trouve une vérité indiscutable, simplement que la plupart des arguments des uns et des autres dépassent les partis pris, le simple décompte des victimes d'un bord et de l'autre et le sensationnalisme ambiant.



Voici quelques liens pour ceux que cela intéresse:

Cinq questions pour comprendre un conflit qui dure. (Pour les abonnés Médiapart)

Pourquoi l'armée israélienne intervient-elle à Gaza?

Un débat chez l'Hérétique. (Je recommande particulièrement la discussion entre l'Hérétique, ArnaudH et FrédéricLN).


Du bord de ma fenêtre, je m'interroge...

- Pourquoi tant d'amalgames? La Palestine n'est pas le Hamas et le Hamas n'est pas la Palestine. De même que le gouvernement israélien n'est pas le judaïsme et que le judaïsme ne se résume par aux stratégies politico-militaires des dirigeants israéliens. Ces deux amalgames tendent, pour les pro-israéliens comme pour les pro-palestiniens, à imposer une vision binaire sur un conflit des plus complexes tant par ses origines que par ses conséquences. On associe ainsi systématiquement l'autre, voire ceux qui le défendent ou même se contentent simplement de nuancer, à son pire aspect. Toute démarche constructive devient alors impossible, et force est de constater qu'aujourd'hui aucune solution de paix durable ne semble concevable. Il y a d'ailleurs un certain fatalisme dans les discours du Hamas comme du gouvernement israélien, comme si l'on se faisait la guerre parce que l'on ne sait plus quoi faire d'autre. L'espoir, qui fait survivre, en prend un sacré coup.

- La seule sécurité des citoyens israéliens ne peut justifier une opération militaire de cette envergure. Il semble établi, voire assumé par le gouvernement en place, que l'attaque israélienne, et surtout son ampleur, trouve sa principale raison d'être dans la stratégie électorale des leaders de Kadima qui souhaite contenir le Likoud, plus crédible auprès de l'opinion en matière de sécurité. Il s'agit là non seulement d'une nouvelle instrumentalisation de la peur des citoyens à des fins politiques, mais aussi d'une négation pure et simple du peuple palestinien.

- Ironie du sort, Kadima, contrairement au Likoud, reconnaît le peuple palestinien et son droit à un état. Autrement dit en cas d'échec de cette stratégie, c'est à dire d'un retour au pouvoir du Likoud en Israël doublé d'un renforcement du Hamas dans l'opinion palestinienne, le contexte dans la région n'en serait que plus explosif. Quelles conséquences peut-on alors imaginer après avoir simplement constaté la situation actuelle?

- Un fait rarement rappelé dans les médias est la double "utilité" du conflit Israël-Palestine. D'abord le peuple israëlien, dans un contexte politique, social et religieux très remuant, n'est jamais aussi uni que lorsque son existence lui semble en péril. Ensuite les pays arabes voisins trouvent dans cet ennemi commun que représente Israël une condition de paix entre eux, sinon d'union. Le règlement du conflit aurait des conséquences politiques et géopolitiques que les dirigeants des pays du Proche-Orient ne sont sans doute pas pressés de voir se concrétiser. Encore une fois la souffrance du peuple palestinien semble être le prix à payer accepté par tous, peut-être même jusqu'en Europe et aux États-Unis.


Je m'arrête là sur le sujet. Pour en revenir à l'espoir, puisqu'il ne reste rien d'autre à certains, je vous laisse avec ce poème de Mahmoud Darwish, que ma fidèle lectrice m'a gentiment fait découvrir:


Mais nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir.

Espoir de libération et d'indépendance.

Espoir d'une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes.

Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l'école.

Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital,

et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire.

Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge

dans les roses plutôt que dans le sang.

Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d'amour et de paix.

Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir.



Aurélien

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bon billet avec des pistes intéressantes. Merci pour la référence sur le blog de l'Hérétique :-)

voyance par mail gratuit a dit…

A chaque nouvel article, toujours autant de choses intéressantes à découvrir et normalement à mettre en pratique.

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