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La "crise éponge"... Voici la nouvelle trouvaille de l'Élysée. Le terme est le mien mais le concept est tout à fait digne des meilleures stratégies de communication sarkozistes. À en croire nombre de ministres, de conseillers et de médias, nous avons assisté hier à un grand cri primaire purement social pour se défouler de toute notre angoisse due à la crise économique. Beaucoup de monde, les syndicats sont contents, le gouvernement ne peut pas réduire le tout à l'extrême gauche irresponsable. Un service minimum efficace, les syndicats sont contents, le gouvernement ne peut pas parler de prise d'otages. La soupape a levé, le message est passé: les citoyens sont inquiets. Il faudra être patients et courageux, la crise est sérieuse mais le gouvernement tiendra le cap. Nicolas Sarkozy rencontrera les partenaires sociaux début février. Tout est bien qui finit bien. On repart pour quelques mois.
Une minute...
Les frustrations sociales, si je me souviens bien, datent d'avant la crise. Il me semble que le pouvoir d'achat était au cœur des débats dans la course à l'Élysée en 2007, que le logement social est sur la table depuis quelques années déjà, que le chômage et la précarisation du travail inquiétaient déjà sous le gouvernement Villepin. Et toutes ces frustrations ne trouveraient leurs fondements que dans la crise actuelle? Il faudrait laisser du temps à ce gouvernement qui aurait été pris par surprise?
Parmi les motifs qui ont poussé tant de français dans la rue à Paris comme en province il y avait aussi, si je me souviens bien, une très forte inquiétude en ce qui concerne les libertés individuelles et la pratique politique du Président de la République. Qui en parle encore le lendemain? Quelle réponse le gouvernement apporte-t-il à cette interrogation là?
Ah oui, j'oubliais... c'est la crise... il faut se serrer les coudes et laisser de côté la prise de contrôle de l'audiovisuel public, de la justice et du parlement par l'Élysée.
Il faut oublier l'augmentation exponentielle des gardes à vue, le débarquement d'un préfet et d'un directeur départemental de la sécurité publique pour cause de mécontentement populaire au passage de l'Élu, le fichage systématique des citoyens et la détention honteuse du "terroriste" Julien Coupat.
Il faut oublier la courbe du chômage, de la dette publique et du déficit commercial depuis 2002.
Il faut oublier les émeutes de 2005 restées sans réponses.
Il faut oublier la franchise médicale, le milieu carcéral et le paquet fiscal.
Il faut oublier nos enfants, ces futurs délinquants, qu'on veut dépister, ficher puis incarcérer.
Il faut oublier les heures supplémentaires non payées des infirmières.
Il faut oublier que les malades mentaux sont d'abord des malades et bien plus souvent victimes qu'agresseurs.
Il faut oublier qu'on aime la France ou qu'on la quitte et que ce n'est pas à Neuilly que la racaille habite.
Il faut oublier Kadhafi, Poutine, Bush et El-Assad.
Il faut oublier que ce que ce gouvernement refuse au titre de "relance par la consommation" permettrait à beaucoup de ne plus avoir à choisir entre logement, santé et alimentation.
Il faut oublier les "casse-toi pauv' con", les "Toi si tu as quelque chose à dire, tu as qu'à venir ici!", les "T'es resté combien de temps au placard?" et autre "J'écoute, mais je ne tiens pas compte".
Il faut oublier le G7 ministériel, les invitations répétées des parlementaires UMP à l'Élysée, la monopolisation du temps de parole et de l'espace médiatique.
Il faut oublier Guy Mocquet, Jean-Charles Marchiani, David Martinon et surtout Cécilia mais n'exagérez pas en oubliant Carla.
Il faut oublier l'augmentation de salaire "méritée", les vacances Bolloré, les joggings discrets et Eurodisney.
Il faut oublier que le grenelle de l'environnement n'est toujours pas voté.
Il faut oublier l'ouverture, la censure et la rupture.
Je fais de mon mieux mais j'oublie certainement d'autres oublis importants... mais oublions. Puisqu'on nous dit que c'est la crise... On a défilé, on a gueulé, on est calmé. Le reste c'est du passé. J'oublie donc je suis.
Aurélien
Une minute...
Les frustrations sociales, si je me souviens bien, datent d'avant la crise. Il me semble que le pouvoir d'achat était au cœur des débats dans la course à l'Élysée en 2007, que le logement social est sur la table depuis quelques années déjà, que le chômage et la précarisation du travail inquiétaient déjà sous le gouvernement Villepin. Et toutes ces frustrations ne trouveraient leurs fondements que dans la crise actuelle? Il faudrait laisser du temps à ce gouvernement qui aurait été pris par surprise?
Parmi les motifs qui ont poussé tant de français dans la rue à Paris comme en province il y avait aussi, si je me souviens bien, une très forte inquiétude en ce qui concerne les libertés individuelles et la pratique politique du Président de la République. Qui en parle encore le lendemain? Quelle réponse le gouvernement apporte-t-il à cette interrogation là?
Ah oui, j'oubliais... c'est la crise... il faut se serrer les coudes et laisser de côté la prise de contrôle de l'audiovisuel public, de la justice et du parlement par l'Élysée.
Il faut oublier l'augmentation exponentielle des gardes à vue, le débarquement d'un préfet et d'un directeur départemental de la sécurité publique pour cause de mécontentement populaire au passage de l'Élu, le fichage systématique des citoyens et la détention honteuse du "terroriste" Julien Coupat.
Il faut oublier la courbe du chômage, de la dette publique et du déficit commercial depuis 2002.
Il faut oublier les émeutes de 2005 restées sans réponses.
Il faut oublier la franchise médicale, le milieu carcéral et le paquet fiscal.
Il faut oublier nos enfants, ces futurs délinquants, qu'on veut dépister, ficher puis incarcérer.
Il faut oublier les heures supplémentaires non payées des infirmières.
Il faut oublier que les malades mentaux sont d'abord des malades et bien plus souvent victimes qu'agresseurs.
Il faut oublier qu'on aime la France ou qu'on la quitte et que ce n'est pas à Neuilly que la racaille habite.
Il faut oublier Kadhafi, Poutine, Bush et El-Assad.
Il faut oublier que ce que ce gouvernement refuse au titre de "relance par la consommation" permettrait à beaucoup de ne plus avoir à choisir entre logement, santé et alimentation.
Il faut oublier les "casse-toi pauv' con", les "Toi si tu as quelque chose à dire, tu as qu'à venir ici!", les "T'es resté combien de temps au placard?" et autre "J'écoute, mais je ne tiens pas compte".
Il faut oublier le G7 ministériel, les invitations répétées des parlementaires UMP à l'Élysée, la monopolisation du temps de parole et de l'espace médiatique.
Il faut oublier Guy Mocquet, Jean-Charles Marchiani, David Martinon et surtout Cécilia mais n'exagérez pas en oubliant Carla.
Il faut oublier l'augmentation de salaire "méritée", les vacances Bolloré, les joggings discrets et Eurodisney.
Il faut oublier que le grenelle de l'environnement n'est toujours pas voté.
Il faut oublier l'ouverture, la censure et la rupture.
Je fais de mon mieux mais j'oublie certainement d'autres oublis importants... mais oublions. Puisqu'on nous dit que c'est la crise... On a défilé, on a gueulé, on est calmé. Le reste c'est du passé. J'oublie donc je suis.
Aurélien
1 commentaires:
Tu touches un point sensible là en effet je pense aussi que c’est un manque de confiance en moi.
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