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Ils sont quatre à avoir récemment créé un parti politique et à le présenter pour la première fois au suffrage d'une élection européenne. Pour ces quatre-là, ces prochaines échéances revêtent une importance particulière puisque le mode de scrutin - proportionnel plurinominal à un tour - permet aux "petits" partis de tirer leur épingle du jeu. C'est l'élection qui leur est non seulement la plus favorable mais aussi, sans aucun doute, celle qui se joue sur un terrain et des enjeux qui leur tiennent à cœur, au point souvent d'être à l'origine de leur volonté d'indépendance de l'UMP ou du PS.
Les candidats français se départageront 74 sièges en juin 2009, et nul doute que les luttes seront acharnées. Dans un contexte de crise quasi-générale qui ne prête pas à l'optimisme pour l'UMP au pouvoir, contre lequel se retourne souvent les électeurs dans ce type d'élections, ni pour le PS toujours pris dans ces divisions, toujours inaudible et qui retrouve ici le thème européen sur lequel il s'était déchiré en 2005, il est certain que les partis "marginaux", dont le message pro ou anti Union Européenne est connu, fort et porteur, peuvent faire un "coup".
Quelles sont leurs forces, leurs faiblesses, les risques qu'ils encourent?
1 - François Bayrou - Mouvement Démocrate
L'Europe est le terrain de prédilection de François Bayrou, et plus généralement des centristes. Sur la question le Mouvement Démocrate possède une crédibilité à la fois historique et porteuse de changement. La troisième force politique de France représente donc le danger numéro un pour les deux gros partis que sont l'UMP et le PS, qui ne devraient pas se gêner pour sortir l'artillerie lourde, d'autant que le mode de scrutin et la présence du MoDem au sein de l'ADLE permettront d'éviter la question des d'alliances. Un score identique aux élections de 2004 (autour de 11%) serait un bon résultat, mais je pense que le Mouvement Démocrate peut légitimement espérer mieux et pourquoi obtenir un des deux meilleurs scores au niveau national.
2 - Jean-Luc Mélenchon - Parti de Gauche
Le clivage entre son mouvement et le PS est né suite à sa campagne active pour le "non" lors du référendum de 2005. La question européenne n'ayant pas été réglée depuis au PS, le Parti de Gauche devrait être en mesure, pour sa toute première élection, de réaliser un score intéressant au détriment de ses amis socialistes. Il se pourrait même qu'il fédère aussi, par son discours à la fois anti-Lisbonne et anti-Sarkozy, quelques voix communistes et d'extrême gauche. Ce qui est certain, c'est que pour montrer que son existence est légitime, il ne fera de cadeau à personne.
3 - Nicolas Dupont-Aignan - Debout la République
Il semble acquis qu'il représentera les euro-sceptiques de droite, puisque le MPF de Philippe de Villiers se rallie chaque jour un peu plus à la majorité UMP. Il se pourrait qu'il rassemble une bonne partie des voix gaullistes qui ont dans cette élection une excellente occasion de freiner l'élan sarkoziste qui les essouffle quotidiennement. La principale difficulté de DLR, par rapport aux trois autres "mousquetaires", sera d'être audible. Il ne bénéficie pas d'un espace médiatique aussi étendu que Bayrou, Besancenot ou toute source de discorde au PS, ce que sera la candidature de Mélenchon, et l'UMP, comme lors des présidentielles, jouera l'indifférence. À moins d'un sursaut inattendu dans les sondages la mission paraît impossible.
4 - Olivier Besancenot - Nouveau Parti Anticapitaliste
Plus que son discours euro-sceptique, c'est son discours anti-Sarkozy qui devrait lui apporter le gros de ses voix, cristallisant toutes les frustrations actuelles dues à la crise économique ainsi qu'aux réformes menées au pas de charge sur tous les fronts. La clé pour le NPA sera de bien gérer l'émergence du Parti de Gauche, ne pas se faire syphoner comme le PS. Jean-Luc Mélenchon tente d'ailleurs un rapprochement, sans doute plus dans l'espoir d'attirer les nouveaux venus à la LCR que pour définir une véritable stratégie d'alliance. Médiatiquement, il y a de fortes chances qu'il cède du temps de parole à... Jean-Luc Mélenchon toujours. Cette élection est à haut risque pour le parti d'Olivier Besancenot, qui n'avait pas rassemblé 3% des voix en 2004. Une bonne performance du Parti de Gauche pourrait hypothéquer son avenir à long terme.
La confirmation Bayrou, la demi-surprise Mélenchon, l'échec Dupont-Aignan et la déception Besancenot. Les deux premiers pouvant se mêler à la lutte entre UMP et PS. Voici ma prédiction pour ces élections européennes de 2009. Quelle est la votre?
Une des clés de ce scrutin sera, comme toujours, la participation. Pour ces quatre "mousquetaires", ils trouveront dans un taux de participation élevé un intérêt commun. Et puisqu'ils partagent ce baptême du feu européen, une même inquiétude face aux dérives du pouvoir en place à Paris comme à Bruxelles ainsi qu'une même envie de redéfinir le paysage politique français, peut-être pourraient-ils se rassembler pour un appel à un sursaut démocratique.
Aurélien
Les candidats français se départageront 74 sièges en juin 2009, et nul doute que les luttes seront acharnées. Dans un contexte de crise quasi-générale qui ne prête pas à l'optimisme pour l'UMP au pouvoir, contre lequel se retourne souvent les électeurs dans ce type d'élections, ni pour le PS toujours pris dans ces divisions, toujours inaudible et qui retrouve ici le thème européen sur lequel il s'était déchiré en 2005, il est certain que les partis "marginaux", dont le message pro ou anti Union Européenne est connu, fort et porteur, peuvent faire un "coup".
Quelles sont leurs forces, leurs faiblesses, les risques qu'ils encourent?
1 - François Bayrou - Mouvement Démocrate
L'Europe est le terrain de prédilection de François Bayrou, et plus généralement des centristes. Sur la question le Mouvement Démocrate possède une crédibilité à la fois historique et porteuse de changement. La troisième force politique de France représente donc le danger numéro un pour les deux gros partis que sont l'UMP et le PS, qui ne devraient pas se gêner pour sortir l'artillerie lourde, d'autant que le mode de scrutin et la présence du MoDem au sein de l'ADLE permettront d'éviter la question des d'alliances. Un score identique aux élections de 2004 (autour de 11%) serait un bon résultat, mais je pense que le Mouvement Démocrate peut légitimement espérer mieux et pourquoi obtenir un des deux meilleurs scores au niveau national.
2 - Jean-Luc Mélenchon - Parti de Gauche
Le clivage entre son mouvement et le PS est né suite à sa campagne active pour le "non" lors du référendum de 2005. La question européenne n'ayant pas été réglée depuis au PS, le Parti de Gauche devrait être en mesure, pour sa toute première élection, de réaliser un score intéressant au détriment de ses amis socialistes. Il se pourrait même qu'il fédère aussi, par son discours à la fois anti-Lisbonne et anti-Sarkozy, quelques voix communistes et d'extrême gauche. Ce qui est certain, c'est que pour montrer que son existence est légitime, il ne fera de cadeau à personne.
3 - Nicolas Dupont-Aignan - Debout la République
Il semble acquis qu'il représentera les euro-sceptiques de droite, puisque le MPF de Philippe de Villiers se rallie chaque jour un peu plus à la majorité UMP. Il se pourrait qu'il rassemble une bonne partie des voix gaullistes qui ont dans cette élection une excellente occasion de freiner l'élan sarkoziste qui les essouffle quotidiennement. La principale difficulté de DLR, par rapport aux trois autres "mousquetaires", sera d'être audible. Il ne bénéficie pas d'un espace médiatique aussi étendu que Bayrou, Besancenot ou toute source de discorde au PS, ce que sera la candidature de Mélenchon, et l'UMP, comme lors des présidentielles, jouera l'indifférence. À moins d'un sursaut inattendu dans les sondages la mission paraît impossible.
4 - Olivier Besancenot - Nouveau Parti Anticapitaliste
Plus que son discours euro-sceptique, c'est son discours anti-Sarkozy qui devrait lui apporter le gros de ses voix, cristallisant toutes les frustrations actuelles dues à la crise économique ainsi qu'aux réformes menées au pas de charge sur tous les fronts. La clé pour le NPA sera de bien gérer l'émergence du Parti de Gauche, ne pas se faire syphoner comme le PS. Jean-Luc Mélenchon tente d'ailleurs un rapprochement, sans doute plus dans l'espoir d'attirer les nouveaux venus à la LCR que pour définir une véritable stratégie d'alliance. Médiatiquement, il y a de fortes chances qu'il cède du temps de parole à... Jean-Luc Mélenchon toujours. Cette élection est à haut risque pour le parti d'Olivier Besancenot, qui n'avait pas rassemblé 3% des voix en 2004. Une bonne performance du Parti de Gauche pourrait hypothéquer son avenir à long terme.
La confirmation Bayrou, la demi-surprise Mélenchon, l'échec Dupont-Aignan et la déception Besancenot. Les deux premiers pouvant se mêler à la lutte entre UMP et PS. Voici ma prédiction pour ces élections européennes de 2009. Quelle est la votre?
Une des clés de ce scrutin sera, comme toujours, la participation. Pour ces quatre "mousquetaires", ils trouveront dans un taux de participation élevé un intérêt commun. Et puisqu'ils partagent ce baptême du feu européen, une même inquiétude face aux dérives du pouvoir en place à Paris comme à Bruxelles ainsi qu'une même envie de redéfinir le paysage politique français, peut-être pourraient-ils se rassembler pour un appel à un sursaut démocratique.
Aurélien
6 commentaires:
"à Paris comme à Bruxelles"... et Strasbourg! De nombreuses associations militent ici pour faire de Strasbourg la vraie capitale européenne des droits de l'homme et de la démocratie, et pour le maintien des sessions parlementaires dans notre belle ville frontalière et symbolique, et même pour le rapatriement de toutes les sessions...
ex : http://www.relatio-europe.eu/strasbourg-europe/eurocite/5330-un-qlieu-deuropeq-a-strasbourg-creation-dun-comite-de-soutien
ou
http://www.democratieeuropeenne.eu/
Sinon plutôt d'accord avec cette analyse... sauf pour Besancenot qui selon moi devrait vraiment bien tirer son épingle du jeu...
Allez le MoDem, vite, du projet! L'Europe est notre force, alors évitons d'être des techniciens, parlons politique... RDV dès le 8 février.
Amitiés!
@Nelly: Je n'oublie pas Strasbourg :).
Pour Besancenot je pense qu'il doit marcher sur un fil bien plus fin qu'il ne paraissait il y a seulement quelques semaines.
L'émergence de Mélenchon est à double tranchant pour lui, aussi bien médiatiquement que politiquement, de même qu'une éventuelle agitation sociale au printemps.
Pour ces deux-là il va falloir trouver la bonne carburation entre euro-scepticisme et anti-sarkozisme. Soit ils s'arrangent pour être complémentaire et siphonner le PS, soit ils sont redondants et s'étouffent mutuellement, à l'image des 4/5 candidats d'extrême gauche aux dernières présidentielles.
Précision :) je souhaiterais connaître d'ailleurs les positions des candidats du MoDem et du parti en général sur la question de Strasbourg. Voilà pourquoi j'insiste ;-).
Concernant la gauche : je crois effectivement qu'il vaut peut-être mieux attendre les positions qui vont s'affirmer, en effet... Positions de circonstances, électoralistes... alors que la force du MoDem, c'est la constance à ce sujet...
Je sais que Nathalie Griesbeck est pour le maintien du PE à Strasbourg.
Je ne sais pas si c'est aussi la position officielle du MoDem ou de nos autres députés européens.
Salut Aurélien,
C’est tout à fait par hasard, au gré de mes explorations des blogs, que j’ai atterri ici.
Moi je suis du Québec, alors la politique française... mais je suis content de te connaître.
NOTE. Mon blog parle de la connaissance de soi. Si le coeur t'en dit, tu es bienvenu.
Génial ! Merci pour cet article, comme d’habitude très complet et vraiment pertinent !
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