mercredi 28 janvier 2009

La CNIL s'oublie...

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Depuis 2007 le 28 janvier est la Journée Européenne de la Protection des Données. Il s'agit d'éduquer les citoyens européens sur leur droit fondamental au respect de leur vie privée. Un droit aussi essentiel que la liberté de circulation, d'expression ou encore de culte. Au travers de nos actes quotidiens, de nombreuses informations personnelles sont enregistrées dans des fichiers, communiquées à des tiers, rapprochées avec d’autres données ou ont des utilisations diverses ; effet amplifié par l'apparition des technologies nouvelles et mobiles.

Ainsi, selon la loi du 6 janvier 1978, le non-respect de nos droits d'information, d'opposition, d'accès et de rectification est sanctionné pénalement. En France, la CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) a un rôle tout naturel à jouer lors de cette journée de sensibilisation. On s'étonnera donc de ne pas la voir figurer à son agenda... un oubli comme un aveu d'impuissance? d'indifférence? de capitulation? d'imposture? Les fleuristes ferment-ils à la Saint-Valentin?



Il faut dire que depuis sa création la CNIL a continuellement baissé sa garde de manière inquiétante, laissant proliférer les fichiers de police, le fichage ADN ou la biométrie. Diffusant en mode homéopathique quelques critiques timides ou vagues réserves, comme récemment contre le STIC et CRISTINA, respectivement frère aîné et demi-soeur d'EDVIGE, ses recommandations sont rarement suivies par le pouvoir et cèdent face à des intérêts "supérieurs".


Aujourd'hui les Français sont de plus en plus fichés et voient leurs libertés rognées au nom d'une sécurité collective sans que l'organisme sensé les protéger ne puisse intervenir efficacement. La sécurité... terme en vogue politiquement depuis la campagne présidentielle de 2002 sans qu'aucun danger ne soit clairement identifié ni mesurable. Un désir excessif de sécurité est adversaire d'une vraie liberté, disait Jean de la Fontaine dans la fable Le Loup et le Chien. Ou pour citer un autre connaisseur en droits fondamentaux, Thomas Jefferson: Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l'un ni l'autre.

En cette journée européenne souhaitons donc que l'Europe soit plus à même de protéger nos vies privées. Voilà un enjeu important dont le MoDem devrait s'emparer pour les prochaines élections de juin 2009. À l'heure où les contre-pouvoirs sont à la peine en France, l'Union Européenne peut représenter sur bien des sujets un rempart salvateur. À condition, face à la démission des institutions comme la CNIL, que les citoyens prennent leur sort en main...


Aurélien

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Les moyens de la CNIL sont dérisoires en comparaison de ses homologues allemande et britannique (110 postes contre plus de 300),alors même que son champ d'action ne cesse de s'étendre.Cette situation peut expliquer l'impression de "démission" que vous décrivez.Nous devons exiger une augmentation sensible de ses moyens et porter ses effectifs au niveau du Royaume-uni et de l'Allemagne.Peut-être faut-il également réfléchir à une réforme de son financement comme le suggère Alex Türk, son président.

Aurélien a dit…

@Vigilance:

Je veux bien croire à un manque d'effectif et de moyens. Cependant l'oubli de la journée de sensibilisation est un peu gros même à effectifs limités, non?

La réforme de financement concernerait l'ampleur du budget où l'indépendance de la CNIL?

voyance gratuite a dit…

Merci beaucoup pour cette article comme toujours très intéressant .

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