mardi 20 janvier 2009

Le Président qui brouille l'écoute

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Pendant qu'aux États-Unis un nouveau président, rassembleur de son peuple autour d'immenses espoirs pour son pays comme pour le monde, est investi, le chef de l'État français rassemble lui aussi... mais autour de frustrations et d'humiliations.


Lors de sa première visite de suivi de la réforme de la carte militaire, à Provins, l'omniprésident est passé aux aveux:

Dès que je veux changer quelque chose, toutes les formes du conservatisme se mobilisent. J'étais préparé à ça. J'écoute, mais je ne tiens pas compte.



Ça a le mérite d'être clair... Que tous parlementaires de l'opposition, et même de la majorité, les syndicats ou les associations qui doivent le rencontrer dans les prochains jours annulent tout. À quoi bon se déplacer, mobiliser du personnel et des moyens pour aller parler à un mur? Votre avis, quel qu'il soit, ne sera pas pris en compte. Même si vous êtes en accord, inutile de le lui faire savoir, puisque c'est justement son avis il le connaît déjà et soyez certain qu'il sera pris en compte.

Ce n'est pas comme si en temps de crise, en pleine tempête réformatrice, un quelconque consensus pourrait être utile...

Pourtant, au soir du 6 mai 2007, lors de son discours victorieux prononcé salle Gaveau, Nicolas Sarkozy lançait:

J’appelle chacun à ne pas se laisser enfermer dans l’intolérance et dans le sectarisme, mais à s’ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions.

Un sérieux volte-face donc, qui laisse penser qu'il se juge lui-même conservateur, qu' il s'écoute mais ne tient pas compte... Ou alors simplement qu'il navigue à vue, sans autre projet que de tout bouleverser selon une idéologie de bric et de broc non identifiable. Un Frankenstein politique qui finira par générer ce qu'il cherche à abolir. Plus personne ne le comprend - il ne se comprend plus lui-même -, tout ce qu'il dit et fait pousse au pessimisme tant le pire semble inévitable tandis qu'apparaît de plus en plus clairement ce qu'il faudrait faire pour se donner une chance de l'éviter.

Ironiquement, le jour même de cette déclaration autistique, les États-Unis, pays que Nicolas Sarkozy adule, émettent un signal tout à fait inverse...


Aurélien

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