Le Président de la République a multiplié, depuis le début de l'année, les déplacements en province en s'entourant de dispositifs de sécurité toujours plus imposants. Cette stratégie lui donnant une image à la fois peureuse et coupée du peuple, l'Élysée tente de corriger le tir ; l'équation à résoudre: réduire le dispositif de sécurité, rapprocher les français du Président, ne pas le faire chahuter. Pas facile...

Mais Nicolas Sarkozy à trouvé la parade: la visite surprise. Et c'est sans prévenir les grands médias ni l'inscrire à son agenda que Nicolas Sarkozy a rendu une visite "surprise", en compagnie du Ministre de l'Éducation Nationale Xavier Darcos, au Lycée Samuel de Champlain de Chennevières-sur-Marne. Tout s'est très bien passé, personne ne s'est fait chahuté... Alors quoi? Les français, notamment les lycéens, ne seraient donc pas si hostiles au Président ni à son Ministre? Non. Croire cela serait oublier que pour l'Élysée, bien souvent, la communication suffit. On annonce que le dispositif de sécurité sera réduit, inutile de le réduire vraiment. En effet, le quartier du lycée était totalement bouclé. Et pour minimiser encore les risques, la visite a eu lieu le mercredi après-midi, c'est à dire dans un lycée vidé de l'immense majorité de ses élèves. Ne baissons pas trop la garde tout de même...En ce qui concerne le débat auquel a participé Nicolas Sarkozy, plusieurs extraits ont été mis en ligne rapportant quelques propos du Président. Si quelques unes de ses interventions me semblent intéressantes, notamment sur la responsabilisation des lycéens (encore faut-il voir comment concrétiser cette bonne intention...), il en est une qui m'inquiète et m'amuse en même temps. La voici:
Faut-il faire un Bac S pour faire médecine? Pour répondre à cette question il est sans doute bon de rappeler en premier lieu que la médecine est une science, et que le S du Bac S signifie justement, sans doute par un hasard absolu, "scientifique". Par ailleurs les lycéens scientifiques doivent choisir une spécialité lorsqu'ils atteignent la Terminale, année du Bac. Le choix se fait entre les maths, la physique-chimie et les SVT (Sciences de la Vie et de la Terre). Cette dernière spécialisation, héritière de l'ancien Bac D, est la voie la plus naturelle vers des études de médecine puisqu'elle met l'accent sur la biologie. Pour ceux qui auront pris cette option, c'est logiquement cette spécialité qui aura le plus gros coefficient au Bac. Les mathématiques ne sont donc ni le seul critère de sélection des étudiants en médecine, ni même le plus important.
Donc pour répondre au Président: Oui, il faut faire S pour faire médecine. Et même S-SVT. C'est en tout cas fortement conseillé, comparativement à la filière économique ou littéraire. Les qualités intuitives que met en avant Nicolas Sarkozy dans son intervention devraient pourtant le mener à la même conclusion. D'ailleurs, on pourrait s'interroger sur les capacités logiques et intuitives d'un lycéen qui choisirait de faire un Bac littéraire dans le but de devenir, par exemple, pédiatre ou chirurgien. Tout le monde n'a pas la chance de jouir d'une polyvalence élyséenne...
Bien sûr, il n'est pas interdit de trouver sa véritable vocation pendant ou même après l'année du Bac, et de changer de voie. Cependant pourquoi ne pas simplement en accepter les conséquences et repartir un ou deux ans en arrière afin de parcourir le bon chemin dans son intégralité et mettre ainsi toutes les chances de son côté? La compétence passe qu'on le veuille ou non par des connaissances solides et une maîtrise des outils de base spécifiques au champ d'étude. Passer directement d'un Bac littéraire à une première année de médecine c'est d'abord, au moins en partie, gâcher sa formation littéraire et surtout partir avec un très lourd handicap par rapport aux autres étudiants qui eux auront suivi la voie scientifique. Quand on sait l'ampleur de l'écrémage qui a lieu lors des premières années de médecine, mieux vaut arriver bien armé pour relever le défi.
Plutôt que de mettre en danger d'échec les étudiants en ajoutant de la confusion et de l'improvisation à la résignation - très peu de lycéens et d'étudiants choisissent une voie par vocation réelle -, je pense que le gouvernement serait mieux avisé de réformer le système éducatif afin de faire émerger les vocations et de les aider à se réaliser. Il s'agirait de mettre fin à la compartimentation des savoirs, à la spécialisation bornée et aveugle aux autres disciplines, d'équilibrer les qualités requises, de les élargir aux qualités humaines, au savoir être. On touche là à la réforme de l'Éducation et de la Pensée Complexe proposée par Edgar Morin.
Ironiquement, sans vraiment le vouloir ni le comprendre, je pense que c'est, indirectement et malgré lui, ce pour quoi plaide Nicolas Sarkozy dans cette intervention. Comme quoi - pas que ce soit une surprise - il est possible de parler d'un sujet sans le connaître... Il est, en revanche, indispensable de le comprendre pour agir dessus efficacement.
Aurélien
Lire la suite...

Mais Nicolas Sarkozy à trouvé la parade: la visite surprise. Et c'est sans prévenir les grands médias ni l'inscrire à son agenda que Nicolas Sarkozy a rendu une visite "surprise", en compagnie du Ministre de l'Éducation Nationale Xavier Darcos, au Lycée Samuel de Champlain de Chennevières-sur-Marne. Tout s'est très bien passé, personne ne s'est fait chahuté... Alors quoi? Les français, notamment les lycéens, ne seraient donc pas si hostiles au Président ni à son Ministre? Non. Croire cela serait oublier que pour l'Élysée, bien souvent, la communication suffit. On annonce que le dispositif de sécurité sera réduit, inutile de le réduire vraiment. En effet, le quartier du lycée était totalement bouclé. Et pour minimiser encore les risques, la visite a eu lieu le mercredi après-midi, c'est à dire dans un lycée vidé de l'immense majorité de ses élèves. Ne baissons pas trop la garde tout de même...En ce qui concerne le débat auquel a participé Nicolas Sarkozy, plusieurs extraits ont été mis en ligne rapportant quelques propos du Président. Si quelques unes de ses interventions me semblent intéressantes, notamment sur la responsabilisation des lycéens (encore faut-il voir comment concrétiser cette bonne intention...), il en est une qui m'inquiète et m'amuse en même temps. La voici:
Faut-il faire un Bac S pour faire médecine? Pour répondre à cette question il est sans doute bon de rappeler en premier lieu que la médecine est une science, et que le S du Bac S signifie justement, sans doute par un hasard absolu, "scientifique". Par ailleurs les lycéens scientifiques doivent choisir une spécialité lorsqu'ils atteignent la Terminale, année du Bac. Le choix se fait entre les maths, la physique-chimie et les SVT (Sciences de la Vie et de la Terre). Cette dernière spécialisation, héritière de l'ancien Bac D, est la voie la plus naturelle vers des études de médecine puisqu'elle met l'accent sur la biologie. Pour ceux qui auront pris cette option, c'est logiquement cette spécialité qui aura le plus gros coefficient au Bac. Les mathématiques ne sont donc ni le seul critère de sélection des étudiants en médecine, ni même le plus important.
Donc pour répondre au Président: Oui, il faut faire S pour faire médecine. Et même S-SVT. C'est en tout cas fortement conseillé, comparativement à la filière économique ou littéraire. Les qualités intuitives que met en avant Nicolas Sarkozy dans son intervention devraient pourtant le mener à la même conclusion. D'ailleurs, on pourrait s'interroger sur les capacités logiques et intuitives d'un lycéen qui choisirait de faire un Bac littéraire dans le but de devenir, par exemple, pédiatre ou chirurgien. Tout le monde n'a pas la chance de jouir d'une polyvalence élyséenne...
Bien sûr, il n'est pas interdit de trouver sa véritable vocation pendant ou même après l'année du Bac, et de changer de voie. Cependant pourquoi ne pas simplement en accepter les conséquences et repartir un ou deux ans en arrière afin de parcourir le bon chemin dans son intégralité et mettre ainsi toutes les chances de son côté? La compétence passe qu'on le veuille ou non par des connaissances solides et une maîtrise des outils de base spécifiques au champ d'étude. Passer directement d'un Bac littéraire à une première année de médecine c'est d'abord, au moins en partie, gâcher sa formation littéraire et surtout partir avec un très lourd handicap par rapport aux autres étudiants qui eux auront suivi la voie scientifique. Quand on sait l'ampleur de l'écrémage qui a lieu lors des premières années de médecine, mieux vaut arriver bien armé pour relever le défi.
Plutôt que de mettre en danger d'échec les étudiants en ajoutant de la confusion et de l'improvisation à la résignation - très peu de lycéens et d'étudiants choisissent une voie par vocation réelle -, je pense que le gouvernement serait mieux avisé de réformer le système éducatif afin de faire émerger les vocations et de les aider à se réaliser. Il s'agirait de mettre fin à la compartimentation des savoirs, à la spécialisation bornée et aveugle aux autres disciplines, d'équilibrer les qualités requises, de les élargir aux qualités humaines, au savoir être. On touche là à la réforme de l'Éducation et de la Pensée Complexe proposée par Edgar Morin.
Ironiquement, sans vraiment le vouloir ni le comprendre, je pense que c'est, indirectement et malgré lui, ce pour quoi plaide Nicolas Sarkozy dans cette intervention. Comme quoi - pas que ce soit une surprise - il est possible de parler d'un sujet sans le connaître... Il est, en revanche, indispensable de le comprendre pour agir dessus efficacement.
Aurélien