Oui, c'est énorme, mais... Pour diffuser son coup d'éclat et s'assurer une publicité mondiale, Wikileaks s'est tourné vers 5 des plus grands journaux du globe: le New-York Times, le Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El Paìs. Ceux-ci ont mis conjointement sur pied une cellule spéciale de plus d'une centaine de journalistes pour analyser, trier, hiérarchiser le quart de millions de mémos diplomatiques tous plus explosifs les uns que les autres. C'est qu'il y a tellement de matériel sensible que tout ne pourra pas être publié.
Oui, c'est du jamais vu, mais... Le club des 5, mené par le New-York Times, croulant sous le poids de la culpabilité et la peur de mal faire, est allé prendre une douche froide au Pentagone et demander à l'administration d'Obama si sa sélection était respectueuse des intérêts des pays concernés, notamment en ne mettant pas à risque la sécurité de leurs agents. Une fois rassurés - aucun ordinateur ne sera confisqué - ils publient en ce dernier lundi de novembre 2010 leurs comptes-rendu respectifs de l'épluchette de mémos du week-end.
Oui, c'est pas mal, mais... On y apprend plein de choses. Tenez-vous bien, par exemple, pour nous français: vous le saviez que notre Président était susceptible et autoritaire? Oui? Ah. Et non mais attendez, ce n'est pas tout, Berlusconi le chef de gouvernement italien, il aime faire la bringue avec des jeunes filles, figurez-vous. Vous le saviez aussi? Vous bossez dans une ambassade ou quoi? Et que Poutine est plutôt dominant et Merkel peu adepte de la prise de risque? Aussi? Décidément, les Affaires Étrangères devraient faire appel à vous... Pour peu que vous sachiez aussi que Kadhafi est bizarre et Kim Jong-Il un peu barré...
Pour résumer, quand on s'intéresse un peu à la politique et à la diplomatie sans en être un spécialiste, la seule chose qu'on apprend de cette fuite - en même temps que les journalistes de télévision trop heureux de marteler un nouveau mot, c'est que les mémos diplomatiques, on appelle ça des "câbles". Pas de quoi en péter un.
Oui, c'est mieux que rien, mais... en fait non, c'est pareil. Les médias ont beau nous vendre du sensationnel, multiplier les articles racoleurs et frimer sur l'énormité de paquet de données à traiter, ils ne font que révéler des évidences.
Tout ce raffut ne change absolument rien. La fuite, s'il devait y en avoir une, a été maîtrisée. Tout cela se tassera rapidement et sera vite oublié face aux urgences financières, écologiques ou bien sanitaires qui secouent notre monde et surtout intéressent vraiment les tout petits êtres humains que nous sommes. On fera bien ici ou là semblant de craindre de nouvelles tensions, mais les diplomates connaissant la diplomatie, nul doute qu'ils en rigolent déjà en tirant sur leurs cigares dans le confort des officines à la nécessaire confidentialité retrouvée.
Aurélien
Sur d'autres blogs on dénonce plutôt une exigence naïve, malsaine et dangereuse de transparence.