Le contre-courant de résistance au primat de la consommation standardisée qui se manifeste de deux façons opposées : l'une par la recherche d'une intensité vécue ("consumation"), l'autre par la recherche d'une frugalité et d'une tempérance ;
Le contre-courant, encore timide, d'émancipation à l'égard de la tyrannie omniprésente de l'argent, que l'on cherche à contrebalancer par des relations humaines et solidaires faisant reculer le règne du profit ;
Le contre-courant, lui aussi timide qui, en réaction aux déchaînements de la violence, nourrit des éthiques de la pacification des âmes et des esprits.
On peut également penser que toutes les aspirations qui ont nourri les grandes espérances révolutionnaires du XXe siècle, mais qui ont été trompées, pourront renaître sous la forme d'une nouvelle recherche de solidarité et de responsabilité.
On pourrait espérer également que les besoins de ressourcement, qui animent aujourd'hui les fragments dispersés de l'humanité et qui provoquent la volonté d'assumer les identités ethniques ou nationales, puissent s'approfondir et s'élargir, sans se nier eux-mêmes, dans le ressourcement au sein de l'identité humaine de citoyens de la Terre-Patrie.
On peut espérer en une politique au service de l'être humain, inséparable d'une politique de civilisation, qui ouvrirait la voie pour civiliser la Terre comme maison et jardin communs de l'humanité.
Tous ces courants sont voués à s’intensifier et à s’amplifier au cours du XXIe siècle et à constituer de multiples débuts de transformation ; mais la vraie transformation ne pourrait s'accomplir que lorsqu’ils s'entre-transformeraient les uns les autres, opérant ainsi une transformation globale, laquelle rétroagirait sur les transformations de chacun.
Que l'on parle de métamorphose, de révolution ou de réforme de nos société, le changement se fonde sur les contre-courants. Il est indispensable de les connaître, d'en avoir conscience, si ce n'est de les vivre pour les porter en avant. Il est tout aussi indispensable de les relier non seulement entre eux, mais aussi avec les courants auxquels ils s'opposent et qu'il n'est pas forcément souhaitable d'anéantir. Les antagonismes étant complémentaires et inter-stimulants.
Il faut aussi garder à l'esprit qu'à leur tour ils créeront de nouveaux contre-courants aujourd'hui inconcevables mais qui seront, n'en doutons pas, tout aussi forts et globaux. Comme ceux-ci, il faudra savoir les reconnaître, les relier et les accompagner. Sachons donc prendre le temps et le recul nécessaire à l'observation et la compréhension de nous-mêmes et des autres.
Une des forces du MoDem est qu'il a su le premier, entre les certitudes des uns et la désespérance des autres, se préparer à accompagner les contre-courants, décrits ci-haut par Edgar Morin, en les associant et les promouvant en enjeux politiques qui dépassent les clivages historiques. C'est en soi l'impulsion d'un contre-courant politique et citoyen.
Pour lire ou relire les épisodes précédents, c'est par ici:
Les Jeudis d'Edgar - 01 - Le problème d'une démocratie cognitiveLes Jeudis d'Edgar - 02 - Appel pour les biens communsLes Jeudis d'Edgar - 03 - Travailler à "bien penser"Les Jeudis d'Edgar - 04 - Retour aux sourcesLes Jeudis d'Edgar - 05 - L'évadé du paradigmeLes Jeudis d'Edgar - 06 - MétamorphoseAurélien