vendredi 25 juillet 2008

La concurrence oui! Mais non...

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Voici une citation de Nicolas Sarkozy démontrant l'importance qu'il accorde à la concurrence:

L’économie libérale a besoin de régulation, de normes, de contraintes, comme le droit du travail, le salaire minimum, le droit syndical et les règles de représentation des salariés, le droit des consommateurs, le droit de la concurrence, pour être au service de l’homme et non pas l’inverse.

C'est une conception de l'économie qu'il confirme, par exemple, par son ambition d'obliger les enseignes d'hypermarchés à plus de concurrence. Fin juin il défendait une "vraie concurrence au service des consommateurs".


On s'étonnera donc de son hostilité concernant l'octroi d'une licence 3G à un quatrième opérateur de téléphonie mobile, à priori Free. Un quatrième acteur sur ce marché, qui plus est de la trempe de Free, permettrait de faire baisser radicalement les prix. Au lieu de cela les 3 opérateurs existants (Bouygues Telecom, SFR et Orange) risquent fort de poursuivre leur entente cordiale au détriment du portefeuille du consommateur.

En protestation
Free, par l'intermédiaire de son fondateur Xavier Niel, menace de mettre tout son poids dans la bataille contre la Loi anti-piratage (Hadopi). C'est là que l'affaire devient croustillante puisqu'à l'origine de cette loi se trouve Janelly Fourtou, euro-députée et épouse à la ville de Jean-René Fourtou, lui-même président du conseil d'administration de Vivendi, dont SFR est une filiale. J'en parlais déjà dans une note sur les cumulards du CAC40 révélant quelques conflits d'intérêts.

Quand on ajoute à cela les déclarations de Martin Bougues, meilleur ami du Président de la République et grand patron de Bouygues Telecom, au sujet de la quatrième licence 3G et rapportées par le Canard Enchaîné: "Je me suis acheté un château, ce n'est pas pour laisser les romanichels venir sur les pelouses", on mesure l'ampleur du combat dans lequel les "roms" de Free se sont engagés.

Quant à Orange, le Directeur Général Jean-Noël Tronc déclarait dès 2006 préférer partager cette 4e licence entre les opérateurs existant. C'est d'ailleurs l'option la plus vraisemblable. Ainsi Free récupérerait au mieux quelques miettes qu'il devrait négocier au prix fort avec les Orange, Bouygues ou SFR, ce qui entraînerait une incapacité à faire jouer une vraie concurrence pour baisser les prix.

Free se retrouve donc dans l'impossibilité d'apporter une concurrence qui ne pourrait que bénéficier aux consommateurs, ce qui semble effrayer terriblement les acteurs en place. Pour preuve l'instrumentalisation de cette concurrence par la majorité parlementaire et son chef de file Jean-François Copé, qui menaçait récemment d'ouvrir la 4e licence en cas d'augmentation des tarifs des opérateurs de téléphonie mobile pour répercuter la nouvelle "taxe télé".

Pourtant en plus d'une concurrence stimulée, l'entrée à part entière sur le marché d'un 4e opérateur rapporterait à l'État quelques 620 millions d'euros plus 1% du chiffre d'affaires annuel généré par les services 3G du nouveau venu.

En attendant le dénouement à la fin du mois septembre 2008, nous ne pouvons, impatients que nous sommes, qu'appeler le gouvernement à plus de cohérence et d'impartialité dans la lutte pour le pouvoir d'achat.


Aurélien

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